Tabalbala (Bechar) : une commune qui souffre de l'isolement

Cette petite agglomération est sans doute la plus enclavée et la plus isolée des 21 communes que compte la wilaya.
La commune de Tabalbala, située à 400 km au sud de Bechar et éloignée de 85 km à partir d'une bretelle goudronnée reliée à la RN 50 Bechar-Tindouf, est sans doute la localité la plus enclavée et la plus isolée des 21 communes de la wilaya de Bechar. Ancien camp disciplinaire du temps de la France coloniale, la petite agglomération essaie tant bien que mal de cicatriser les stigmates de ces terribles souvenirs jugés «infamants» par sa population et de sortir peu à peu de son terrible isolement dans lequel l'a confinée son éloignement.
Tindouf, la commune la plus proche, se trouve à 400 km au sud. Mais les handicaps de la commune de Tabalbala sont nombreux, car la nature l'a dotée de moins d'atouts en matière de ressources, et le visiteur est tout de suite frappé par son décor environnant rébarbatif et rude, caractérisé par la grisaille qui contraste cependant par la gentillesse et l'hospitalité de ses habitants au nombre de 6000. A Tabalbala, la souffrance quotidienne des jeunes que nous avons pu approcher mercredi dernier est indicible, tant les préoccupations socioéconomiques exprimées sont légitimes : emploi, moyens de loisirs inexistants, la pénurie des moyens de transports, etc.
Les multiples frustrations poussent ces jeunes à penser qu'ils vivent, disent-ils, dans une «véritable prison à ciel ouvert». A titre d'exemple, ils ont souligné la nécessité pour les autorités locales de leur construire une piscine, revendication légitime puisque que la période estivale débute ici au mois d'avril, et la chaleur y est déjà accablante. Au mois de mai, le soleil est déjà à son apogée. Un stade de football de 500 places impraticable, en constante dégradation, nécessite une entière rénovation. En matière d'éducation, le seul CEM dans la commune connaît une surcharge d'élèves et le personnel d'encadrement est insuffisant, et plusieurs d'entre eux ne sont pas intégrés dans la Fonction publique.
Gisements inexploités
Un jeune ingénieur diplômé en agronomie exhibe son diplôme mais affirme n'avoir trouvé aucun emploi. Selon une source recueillie sur place, il y aurait 800 emplois offerts entre les formules DAIP et filet social répartis sur les institutions communale, sanitaire et éducative. La carence la plus visible est l'absence des aménagements urbains et on assure que les crédits limités affectés au programme PCD ne peuvent supporter les importantes dépenses y afférentes. En matière de santé publique, il existe une polyclinique mais dépourvue d'une banque de sang et aussi d'appareils générateurs pour les insuffisants rénaux qui sont transportés à Abadla (300 km)' et cela, quand il y a un moyen de transport. On parle ici d'un récent décès d'une personne qui n'a pas été transférée à temps. Un chirurgien-dentiste fait cas, lui aussi, de l'absence totale d'un fauteuil dentaire, des accessoires de travail, etc.
Le sous-sol de Tabalbala renferme quelques gisements non encore exploités comme la baryte, le caolin et le cuivre (plateau dit Ramanania) dont on ignore la quantité. L'unique secteur dont la commune peut tirer toutefois une fierté est le secteur agricole malgré la non-électrification d'une parcelle de 600 ha sur une superficie totale de 950. L'agglomération s'est lancée dans la culture extensive de la pomme de terre qui a donné des résultats satisfaisants. En 2012, la production est estimée à 1 800 quintaux dont une partie est écoulée dans les marchés de Tindouf et Béchar. La production du tubercule dans la région gagne, souligne-t-on, à être encouragée et la subdivision agricole songe déjà à une production extensive de la culture de la pomme de terre, selon les propos recueillis sur place. Les autorités locales se pencheront-elles sur le développement local de la petite localité éloignée pour atténuer les souffrances de cette population qui vit presque en marge des autres communes de la wilaya '