Algérie

Système rentier et violence



Système rentier et violence
"Un geste malheureux a coûté la vie à un jeune joueur qui, en l'espace d'une saison, a conquis le c?ur de milliers d'Algériens à travers tous les stades du territoire national." C'est ainsi que Mahfoud Kerbadj, président de la Ligue de football professionnel, a réagi à l'assassinat d'Ebossé.Mais non, ce n'est pas "un geste malheureux", un geste inopiné, un triste écart qui a causé la mort du jeune joueur. Son assassin est entré dans le stade avec des pierres ou autres "objets contondants" et a eu quatre-vingt-dix minutes pour méditer sur le sort de ses "munitions". Le pire, c'est qu'ils étaient nombreux dans ce cas ! C'est donc une gestion plus coupable que "malheureuse" qui est en cause. Et la navrante qualité de la gestion institutionnelle se révèle dans ses effets, parfois trop monstrueux, pour que l'irresponsabilité des "responsables" reste dissimulée.Puisque Kerbadj était au stade, et qu'apparemment le jet de projectiles avait débuté bien avant la fin du match, qu'a-t-il donc fait ? et, avec, les autres "responsables" présents ? pour prévenir l'irréparable ' Rien ! Et pourquoi ' Est-ce parce qu'il est des présidents de club que l'on ne peut pas contrarier ' Ou, parce que ceux-là ont l'argent et les relations pour tenir en respect n'importe quel "élu" ou fonctionnaire.Cette question sur l'origine de l'impuissance institutionnelle à défendre l'objet de sa mission se pose partout, dans tous les domaines de la vie nationale. Et s'impose dans un pays où l'on peut si facilement tuer un joueur dans un stade, arnaquer une Sonatrach, détourner l'argent d'une autoroute ou d'un programme agricole... Un pays où l'on n'arrive pas à endiguer la criminalité routière, à freiner l'expansion accélérée du trafic de drogue, à réduire la criminalité urbaine...Il est de la responsabilité de l'Etat d'assurer l'intégrité physique des citoyens et de ses hôtes et de préserver un tant soit peu son patrimoine. Mais, au lieu de cela, ils passent leur temps à montrer du doigt "la main de l'étranger" et "les complots" à déjouer pour justifier le huis clos qui entoure la gestion prédatrice. Le zèle avec lequel ils gèrent le système de privilèges contraste étonnamment avec le détachement avec lequel ils traitent les maux qui consument la société.Ainsi, la violence, loin d'être considérée pour ce qu'elle est ? le symptôme d'une décadence du système de valeurs ?, a été intégrée par le régime politique comme variable d'environnement de son pouvoir. Une variable avec laquelle le pouvoir, n'ayant pas la volonté ou le courage de l'affronter, a choisi de composer. La "réconciliation nationale" aura constitué l'acte politique inaugural de cette stratégie consistant à s'apprivoiser le phénomène de violence. L'étape suivante aura consisté en la manipulation de "baltaguias" rémunérés pour brutaliser, aux côtés des services d'ordre, les citoyens qui manifestent. La régularité des "grâces" et la publicité qui leur est faite contribuant à la dédramatisation de l'expérience délinquante.Dans une communauté, l'ordre moral est malheureusement global. Il serait inutile de se lamenter sur la violence dans les stades si l'on se complaît dans cette stratégie consistant à se contenter de repousser les frontières de sa tolérance. Juste assez loin pour qu'elle ne perturbe pas le système de partage de la rente.M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)