Algérie

Système éducatif défaillant et problèmes d'accompagnement nourrissent la délinquance juvénile Nécessité absolue d'aller vers des actions permettant la construction d'une société civile



Système éducatif défaillant et problèmes d'accompagnement nourrissent la délinquance juvénile Nécessité absolue d'aller vers des actions permettant la construction d'une société civile
Défaillance totale des établissements de jeunesse, à travers plusieurs wilayas du pays, dans leur travail de soutien et d'assistance pour les jeunes en difficultés sociales. Ceux qui sont particulièrement perdus dans le monde de la toxicomanie, de la délinquance sous toutes ses formes, cherchant parfois une issue de sortie mais en vain. Aux établissements de jeunesse, les responsables évoquent le déficit financier, salaires dérisoires, manque de moyens, matériel et humain, pour intervenir efficacement sur le terrain. Manque aussi de coordination avec les autres organismes publics et privés qui doivent intervenir dans le domaine. Misère sociale aidant, le phénomène s'amplifie et se banalise dans l'indifférence des pouvoirs publics et des représentants de la société civile. Une indifférence qui choque.
Les plus avertis des citoyens, outre les spécialistes en psychologie, sociologie et autres activités en relation avec l'enfance et la famille, considèrent que ce n'est pas tout à fait de la faute de ces jeunes de se retrouver sur tel chemin. Beaucoup accusent les parents d'en être responsables pour ne pas dire carrément d'en être les principaux coupables avant d'être les victimes, après leurs enfants, de leurs propres actes, conscients ou inconscients. «Malheureusement, c'est toute la société qui a changé. Individualisme, égoïsme et perte des valeurs morales et sociales. Beaucoup de parents sont démissionnaires, absorbés par les problèmes de la vie. D'autres offrent à leurs enfants une éducation qui donne un résultat contraire de ce qu'ils souhaitent.
Ils ne savent pas aimer» constate un enseignant du secondaire. Ce dernier insiste sur les conditions de vie difficiles, le pouvoir d'achat qui ne cesse de baisser dans une société qui aspire à une vie bien meilleure. Une vie où l'on ne parle plus du prix du pain, de l'électricité, du transport'mais de libertés individuelles, du développement personnel, de l'instruction, de l'intelligence, de la création, de l'innovation. Autre fait à relever, «beaucoup de parents sont en train de reproduire des principes d'éducation qui ne collent pas avec la société d'aujourd'hui. Ils étaient bons à leur époque mais pas la nôtre. Les sociétés à travers le monde ont évolué, la nôtre aussi. Il faut respecter cela. Quelque part, nos enfants ont raison de réagir d'une certaine manière, refusant l'éducation presque imposée par leurs parents». Ce qui explique leur «rejet» de cette éducation mais aussi les nombreux désaccords et conflits, devenus récurrents, entre les deux parties. Des désaccords qui vont jusqu'à pousser l'enfant, l'adolescent, le jeune, homme ou femme, à quitter le domicile familial.
A ce propos, justement, l'enseignant attire l'attention sur un fait qu'il juge très important, les psychologues n'en disconviendront pas : «beaucoup de parents ne savent pas comment faire devant le passage difficile de leur progéniture de l'enfance à l'adolescence. Ils
agissent mal, aucune maîtrise de la situation. Et quand ils ratent ce passage, c'est tout le reste qui est raté. C'est pour cela que je dis qu'il faut se pencher sérieusement sur la question, faire une étude sérieuse et approfondie pour corriger les erreurs et apporter les meilleures solutions. Il ne va pas seulement de l'intérêt du jeune (homme ou femme) mais aussi de toute la société. Ce qui se passe aujourd'hui illustre parfaitement les nombreuses dérives tolérées par les parents et autres. Une passivité qui dénote une grande faiblesse et ignorance chez beaucoup». Abondant dans ce sens, une éducatrice ayant à son actif de nombreuses années de travail avec des enfants et des adolescents placés par des juges des mineurs dans des établissements spécialisés, appartenant au ministère de la Solidarité nationale et de la famille, affirme: «c'est malheureux de le dire mais c'est la réalité. Certains parents sont trop simples d'esprit. Ils ne savent rien de l'éducation de leurs enfants et autres. Ça m'attriste de dire cela mais c'est malheureusement le constat que nous faisons au quotidien. Ils ignorent tout». Et celle-ci de poursuivre: «ce qui m'attriste le plus, c'est de voir des mères afficher une grande indifférence envers leurs enfants. Un égoïsme qui s'apparente au rejet, à la haine' Comment voulez-vous que des enfants qui évoluent dans un milieu aussi défavorable et hostile se développent normalement'». Notre interlocutrice souligne la nécessite d'aller vers ce qui est appelé «La thérapie familiale». Ça existe ailleurs dans de nombreux pays à travers le monde mais pas encore en Algérie. Ça reste juste un concept. Une clinique psychiatrique à l'ouest d'Alger l'a introduit mais l'adhésion des familles tarde à venir. «Moi, je pense qu'il y a nécessité d'aller vers la thérapie familiale pour beaucoup de parents et d'enfants. C'est absolument nécessaire. Ceci, en plus de la médiation familiale qui est aussi un concept nouveau en Algérie mais qui doit se concrétiser rapidement pour le bien de tous». Moussa, un militant politique de longue date, a une autre vision des choses et explique la situation comme suit: «En plus du problème de manque de civisme dû à la médiocrité de notre système éducatif, ainsi qu'une certaine absence des parents qui affrontent les difficultés sociales, la concentration des services de sécurité sur l'oppression des libertés fondamentales et la normalisation de la société civile a fait que ces phénomènes s'accélèrent d'une cadence inquiétante et alarmante. Il est vital de prendre en charge ce problème de délinquance à la source ; c'est à dire au niveau de l'école en premier lieu». Et d'insister: «au lieu de sécuriser nos cités et de sensibiliser nos jeunes pour une meilleure prise de conscience sur l'importance du civisme dans le développement sain de notre pays, nos services de sécurité s'occupent beaucoup plus de la restriction des libertés citoyennes. Ils tuent dans l''uf toute tentative citoyenne qui aspire à l'encadrement de la société. La politique sécuritaire du régime vis à vis du mouvement associatif et politique accentue les phénomènes de délinquance juvénile, d'agressions et de vols. Il est primordial de laisser les citoyens s'organiser pour construire une société civilisée». Heureusement que sur le terrain, des actions du genre existent et se développent, donnant de très bons résultats au fil des jours, des mois et des années. Des actions initiées par de simples citoyens, encouragés par la liberté du ton sur les réseaux sociaux, principalement Facebook. Ce dernier qui permet un maximum de partage et d'échange autour de publications diverses dont des photos prises par des amateurs. Des photos qui parlent d'elles mêmes pour témoigner du désir profond du citoyen algérien de changer, d'évoluer et d'aller toujours de l'avant. Un désir profond de communiquer, de construire, de participer au travail social'tout simplement d'affirmer son existence par de très petites actions qui s'avèrent d'une grande efficacité dans le processus d'édification d'une société en paix avec elle-même.
K. M.


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