Ils ont commencé en 4-3-3 avec deux récupérateurs, avant de passer à un complexe
4-2-3-1, alors qu'il fallait changer de système et adapter un simple 3-5-2.
Mais avec le mauvais coaching de Rabah Saâdane, il a fallu tout remettre en
cause quand Ghezzal a commis sa stupide faute de la main, et a été expulsé. Il
a donc fallu de nouveau réorganiser l'équipe en 4-4-1 et réaménager le
dispositif. Mais dans toutes les phases du match, l'animation offensive n'a pas
été à la hauteur…Ces propos ont été entendus une multitude de fois depuis le
premier match de l'équipe nationale contre la Slovénie. Commentateurs,
entraîneurs transformés en consultants et spécialistes du football ont
abondamment utilisé ces formules, et ont fini par les banaliser. Ils ont ainsi
offert aux amateurs et à tous ceux qui veulent montrer qu'ils sont branchés les
mots nécessaires pour se montrer à la page. Ceci pouvait n'être qu'un effet de
mode, dû à la conjoncture.
Au déclenchement d'une guerre,
tout le monde se découvre stratège militaire, et à la veille des élections, la
même tendance se dessine avec l'apparition d'un nombre élevé d'analystes. On a
même vu se multiplier le nombre de spécialistes de la finance lors de la crise
des subprimes. Tout ceci reste toutefois bien innocent, à la limite du
folklorique. Jusqu'au moment où l'objectif change. On l'a vu avec deux équipes
dont les péripéties sont accessibles aux Algériens, les équipes de France et
d'Algérie. Au lendemain du match contre la Slovénie, et même avant, il est
apparu que le discours technique entourant l'équipe nationale s'est rapidement
transformé en un moyen de pression, avec de vrais lobbies défendant des options
ou des joueurs. Dès la publication de la liste des 30 puis des 23, on a
découvert des entraîneurs essayant de placer un joueur de leur équipe ou de
leur ville. Jusqu'au respectable Abdelhamid Kermali, qui a vertement reproché à
Saâdane de ne pas avoir sélectionné Ziaya…
En France, la non sélection des «
beurs », Benzema, Nasri et Ben Arfa, n'a pas suscité de protestation
particulière. Par contre, de puissants lobbies se sont manifestés pour demander
la peau de Govou et Anelka. Alors que l'entraîneur français Raymond Domenech ne
s'était pas encore prononcé, toute la presse française annonçait des
changements, et mettait en place une nouvelle équipe et un nouveau dispositif.
Ces manipulations mettent l'entraîneur dans une situation intenable. Soit il se
soumet aux lobbies, et cède sur ses propres choix. Soit il maintient ses choix,
et s'expose à un véritable lynchage en cas d'échec. C'est le sort qui semblait
attendre Saâdane et Domenech. L'entraîneur français a cependant réussi à
rétablir partiellement la situation, grâce essentiellement à l'intervention de
personnalités de poids du football français. Zinedine Zidane, qui s'exprime
rarement, est intervenu pour rappeler certains fondamentaux du football : c'est
l'entraîneur qui établit le système de jeu, choisit les joueurs chargés de
l'appliquer et apporte les correctifs en cas de nécessité, a-t-il dit. Il était
sur la même longueur d'onde que les principaux ténors du football français.
En Algérie, par contre, on
continue, à longueur d'interview, de titulariser Matmour, Guedioura ou Kadir, à
la place de tel ou tel joueur. Y compris de la part de personnes qui doivent
tout à Rabah Saâdane. Pendant ce temps, l'entraîneur de l'équipe nationale ne
trouve personne pour rappeler, de manière audible, que la composition de
l'équipe et sa manière de jouer relèvent de ses seules prérogatives. Les enjeux
ne sont pas liés au seul amour de l'équipe nationale. Celle-ci charrie argent,
honneurs et pouvoir. Il est donc normal qu'elle aiguise les appétits. Cela fait
partie du jeu, et Saâdane le sait. Mais ces appétits doivent tout de même être
balisés, et obéir à des règles du jeu connues de tous. A un peu de décence
aussi. Autrement, ce sera l'équipe nationale des copains et de ceux qui ont le
plus d'influence dans les médias. Et qui ne sont pas forcément les meilleurs.
Ceci incombe à ceux qui ont en charge le système sportif. Ils doivent fixer ces
règles, et notamment définir les modalités de désignation de l'entraîneur de
l'équipe nationale.
Cela permettra de calmer le jeu,
et partager clairement les rôles entre ceux qui définissent le système de jeu
de l'équipe et ceux qui établissent le fonctionnement du système sportif
lui-même. Un peu de sérénité autour d'une équipe en difficulté ne peut nuire à
personne.
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Posté Le : 17/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abed Charef
Source : www.lequotidien-oran.com