Algérie

Syriza... cerise sur le gâteau



Syriza... cerise sur le gâteau
A. SamilLes Dieux de l'Olympe ne se laissent pas provoquer impunément. Leur riposte de dimanche était à la mesure de la démesure du défi imposé à leurs ouailles athéniennes par l'Europe d'Angela Merkel et une finance internationale intraitable. Gare à ne pas oublier que la Grèce fut le berceau de la démocratie qui s'est imposée, plus ou moins, comme la moins mauvaise des formes de gouvernement politique. Mais il n'y a pas que Zeus, Poséidon et leurs compères à servir le plat froid de la vengeance. De sa tombe, John Maynard Keynes a dû jeter un ?il sur sa montre à gousset pour vérifier l'heure exacte de sa revanche.Les fondamentaux de l'économiste britannique, à cheval sur les 19e et 20e siècles, sont en train de se vérifier comme thérapie à administrer à une grave crise économique du 21e siècle.La victoire de Syriza, parti de gauche qualifié de «radicale» par l'establishment financier, n'est en rien un coup de tonnerre dans le ciel serein de l'Europe des banquiers et de l'austérité qui les enrichit. La panique s'est plus emparée de la chancelière allemande, inquiétée par un défaut de payement de la Grèce qui va renégocier une insoutenable dette dite souveraine (la belle plaisanterie), que des places financières qui, elles, ont anticipé un bouleversement prévisible. Alexis Tsipras, le trémulant quadragénaire qui a mené Syriza à la victoire, n'a pas laissé à l'Europe capitaliste le temps de se remettre de sa surprise qu'il lui en administre derechef une autre. Et de taille. Ayant raté la majorité absolue de 2 à 3 sièges seulement, il fera l'appoint avec un parti de la droite souverainiste, qui a fait campagne sur le rejet des conditions dictées par les créanciers de la Grèce pour leurs plans d' «aide». Le jeune et plus jeune Premier ministre de la Grèce, depuis 150 ans, administre ainsi une belle preuve de son pragmatisme politique : payer la dette, mais une dette renégociée, qui éloigne le spectre d'une mortelle austérité et redonne espoir au peuple grec. Tiraillée à l'intérieur d'un choix de solutions qui riment toutes avec une rigueur qui a provoqué une déflation risquant de plomber les faibles espoirs de reprise de la croissance, l'Europe, celle de la Zone euro en particulier, devra composer avec l'indocilité de son partenaire hellénique. Mieux, elle n'a pas vraiment d'autre alternative que de coopérer avec le premier gouvernement de gauche anticapitaliste arrivé au pouvoir dans son espace depuis la crise née en 2008. Ou c'est cela ou c'est le défaut de payement et ses conséquences sur l'avenir même de la Zone euro et de l'Union.A vrai dire, l'arrivée de Syriza aux commandes a été précédée d'un frémissement keynésien, surtout apparu chez le gouverneur de la Banque centrale européenne. Mario Draghi se montre de plus en plus ouvertement pour une politique interventionniste des Etats à travers des financements et préfinancements de l'économie. Mille milliards d'euros sont ainsi prévus par la BCE pour encourager les crédits bancaires et contribuer à sortir du cycle de la déflation. Le président de la Commission européenne, J-C Junker, s'attèle, de son côté, à la mise en place d'un plan de financement d'investissements de plusieurs centaines de milliards d'euros.La victoire de Syriza, de ce point de vue, peut être considérée comme annonciatrice d'un changement de cap de la politique monétaire de l'UE qui avait, jusqu'à présent, davantage profité aux banques privées renflouées avec des prêts à 1% d'intérêt, qu'aux économies et à la croissance de ses membres. Comme quoi, la première et fondamentale leçon à en tirer est cette inefficacité des plans d'austérité et de rigueur qui appauvrissent les citoyens européens sans relancer les machines économiques. D'autres pays pourraient suivre l'exemple de la Grèce, notamment l'Espagne et le Portugal qui connaîtront cette année des élections législatives. Avec le duo France-Italie, qui donne déjà du fil à retordre à l'Allemagne, l'intransigeance d'Angela Merkel pourrait alors ne plus impressionner grand monde. A. S.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)