Algérie

Syrie. Référendum controversé sur la Constitution


Les violences ont fait au moins 30 morts, en majorité des civils, principalement à  Homs, bastion de la contestation que le régime essaie d'écraser sous les bombes, tandis que la Croix-Rouge internationale reprenait les négociations avec l'opposition et les autorités pour évacuer des blessés, dont deux journalistes occidentaux. Les bureaux de vote pour le référendum avaient ouvert à  7h (5h GMT) et fermé à  19h –dans certains cas à  22h (20h GMT)–, ont indiqué les médias officiels. Plus de 14 millions de Syriens doivent se prononcer sur le texte qui instaure le «pluralisme politique» et supprime l'article 8 sur la prééminence au parti Baath au pouvoir depuis un demi-siècle, mais maintient de larges prérogatives au chef de l'Etat. L'opposition et les militants pro-démocratie, qui exigent le départ du président Bachar Al Assad, ont appelé à  boycotter ce scrutin, qualifié de «plaisanterie» par Washington. «Il y a une grande affluence dans les bureaux de vote, à  l'exception de certaines régions», a déclaré le ministre syrien de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim Al Chaar, admettant ainsi qu'il était impossible de voter dans les régions rebelles. «Je vote parce que c'est l'aboutissement des réformes du président et si cela réussit, on aura une démocratie», a affirmé à  l'AFP Balsam Kahila, 32 ans, au ministère des Finances où elle travaille à  Damas. «Je vote malgré les gangs armés», a-t-elle dit, reprenant ainsi la version du régime qui refuse d'admettre l'ampleur de la contestation et se targue de l'appui de son peuple pour venir à  bout de la révolte assimilée à  du «terrorisme» mené par des «gangs armés à  la solde de l'étranger». Dans la nouvelle Constitution, le président choisit le Premier ministre, indépendamment de la majorité parlementaire, et peut dans certains cas rejeter des lois. L'article 88 prévoit deux septennats présidentiels, mais l'article 155 précise que cela s'appliquera à  partir de la prochaine présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à  M. Al Assad de rester au pouvoir encore 16 ans. Hadi Abdallah, militant à  Homs, a affirmé s'être rendu dans plusieurs quartiers en partie tenus par l'Armée syrienne libre (ASL, qui regroupe des déserteurs) et n'y avoir vu «personne dans les rues et pas un seul centre de vote». «Voilà la nouvelle Constitution. Celui qui demande la liberté est bombardé par les roquettes», lancent des militants à  Baba Amr dans une vidéo mise en ligne montrant les terribles destructions. Sur leur page facebook «Syrian Revolution 2011», les militants pro-démocratie ont dénoncé «un régime et une Constitution sans légitimité». «Pour une Syrie propre», ont-ils écrit au-dessus d'une photo montrant une main jetant à  la poubelle un portrait de M. Al Assad et un bulletin de vote pour la nouvelle Constitution. La crédibilité du régime est ternie, chaque annonce de réformes ayant été suivie d'une intensification de la répression qui a fait plus de 7600 morts en 11 mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Au moment où s'ouvraient les bureaux de vote, plusieurs obus tombaient sur Baba Amr, à  Homs, dévastée par plus de trois semaines de pilonnage, au lendemain d'une journée de violences ayant fait près de 100 morts en grande majorité des civils selon l'OSDH. «Il y a des explosions partout. Des snipers qui tirent sur tout ce qui bouge», a indiqué un militant à  Baba Amr, Abou Bakr, joint sur Skype par l'AFP. «Les maisons sont détruites (...) Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, pas de communications, pas d'air frais.» C'est dans ce quartier que sont bloqués la journaliste française Edith Bouvier et le photographe britannique Paul Conroy, blessés dans un bombardement mercredi qui a tué la reporter américaine Marie Colvin et le photographe français Rémi Ochlik. La France «met tout en œuvre» pour parvenir à  rapatrier Edith Bouvier, a assuré hier le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.  Les négociations sur l'évacuation des blessés et le transfert des dépouilles «ont repris ce matin avec la ferme volonté d'aboutir», selon un diplomate occidental en poste à  Damas. Samedi, près de douze heures de discussions n'avaient pas abouti. Les violences, dans lesquelles 14 soldats ont péri dans des affrontements avec les militaires dissidents, ont touché plusieurs villes, dont Deraa (sud), Deir Ezzor (est), Idleb (nord-ouest) et Hama (centre). Le régime reste sourd aux pressions et sanctions occidentales et arabes, mettant à  profit les divisions internationales après le refus de Moscou et Pékin de toute ingérence en Syrie. Hier, des milliers de personnes ont manifesté à  Casablanca pour réclamer la fin du régime d'Al Assad à  l'initiative d'Al Adl Wal Ihsan, mouvement islamiste radical, le plus important du Maroc et des centaines d'autres ont défilé à  Madrid.
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