Algérie

Syrie: Moscou et Pékin divisés, la Ligue arabe et l'UE maintiennent la pression


Les membres influents du Conseil de sécurité de l'ONU, et plus ardents défenseurs de la Syrie, la Russie et la Chine ont adopté lundi des positions pour le moins différentes, s'agissant de la situation conflictuelle qui prévaut dans le pays depuis mars dernier. Au lendemain de la décision de la Ligue arabe qui avait gelé la participation de Damas et demandé le rappel des ambassadeurs arabes, Moscou et Pékin agissent en fait comme deux puissantes soupapes pour desserrer l'étau qui se resserre de plus en plus sur le régime de Bachar al-Assad.
Lundi, Moscou a clairement dénoncé la décision arabe et pris fait et cause pour le régime en place, au moment où Pékin appelle à l'application du plan de paix arabe. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Moscou a condamné la décision de la Ligue arabe, la jugeant «incorrecte». «Nous considérons que la suspension de la Syrie en tant que membre de la Ligue arabe est incorrecte. Ceux qui ont pris cette décision ont perdu une véritable opportunité de rendre la situation plus transparente», a déclaré le ministre russe. «Il y a quelqu'un qui fait tout pour que les Syriens ne parviennent pas à un accord entre eux», a-t-il ajouté, sans apporter plus de précisions.
Par contre, la Chine se range du côté des pays arabes et appelle Damas à appliquer le plan de paix de la Ligue arabe, qui préconise notamment le retrait des villes des chars et de l'armée. «Une nouvelle fois, la Chine exhorte le gouvernement syrien et toutes les parties concernées à cesser la violence, à lancer un processus politique global et équilibré et à redoubler d'efforts pour appliquer l'initiative de la Ligue arabe», a précisé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Weimin. De plus en plus isolé sur la scène internationale après les violences contre les manifestants, le régime de Damas est en plein dans le collimateur de l'Union européenne, qui a pris de nouvelles sanctions. L'Union européenne a renforcé hier lundi ses sanctions contre la Syrie et a demandé à l'ONU d'aider les victimes civiles de la répression, accentuant ainsi la pression sur le régime de Bachar al-Assad, dans un ‘'remake'' de ce qui s'est passé en Libye. Les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ont justifié leur décision «au vu de la gravité de la situation en Syrie». Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a dénoncé l'entêtement sanguinaire du régime de Damas». L'UE a étendu ses sanctions contre le régime syrien à 18 personnes supplémentaires, essentiellement des militaires, visées désormais par des gels d'avoirs en Europe et des interdictions de voyager sur le continent. Elle a aussi décidé de geler des prêts européens dans le pays en raison de la poursuite de la répression. Cela concerne des crédits de la Banque européenne d'investissement (BEI) ainsi qu'une assistance technique prévue dans ce domaine.
Par ailleurs, le roi Abdallah II de Jordanie a appelé hier le président syrien Bachar al-Assad à «quitter le pouvoir». «Si j'étais à sa place, je quitterais le pouvoir (...). Je quitterais le pouvoir et je m'assurerais que mon successeur soit capable de changer le statu quo auquel nous assistons», a-t-il dit. Les déclarations du roi de Jordanie rejoignent en fait la position de nombreux pays arabes, qui voudraient voir Bachar al-Assad partir et ouvrir la voie à une nouvelle Syrie. Pour autant, le régime en place tente de faire face à l'accélération de son isolement, notamment sur la scène arabe. Selon des déclarations hier du chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, la Syrie se dirige vers la fin de la crise qui la secoue depuis la mi-mars. «La crise en Syrie ne s'amplifie pas, au contraire nous nous dirigeons vers la fin de la crise», a-t-il assuré au cours d'une conférence de presse.
PAS DE SCENARIO LIBYEN
«La crise arrive à sa fin. Le programme des réformes est devenu clair, mais nous sommes en retard en ce qui concerne le dialogue avec l'opposition et nous essayons d'y remédier», a poursuivi le ministre. Mais l'opposition syrienne, qui continue de réclamer le départ de M. Assad, a rejeté tout dialogue avec le pouvoir et devrait entamer mercredi au Caire des consultations avec la Ligue pour l'après-Bachar el-Assad, sinon comment sortir de la crise politique actuelle.
Par ailleurs, le ministre syrien, qui a également présenté les excuses de son pays après les attaques menées samedi soir par des manifestants pro-régime contre plusieurs représentations diplomatiques dans le pays, qualifie la suspension de la Syrie par la Ligue arabe de ‘'pas dangereux».
OBSERVATEURS ARABES EN SYRIE
La Syrie «paie le prix de ses positions fermes» mais elle «ne fléchira pas et sortira plus forte», a-t-il ajouté, assurant: «Les complots ourdis contre la Syrie échoueront». Il a enfin écarté tout scénario libyen pour le cas du régime en place en Syrie. «La Syrie n'est pas la Libye.
Le scénario libyen ne se répètera pas, ce qui se passe en Syrie est différent de ce qui s'était passé en Libye, et le peuple syrien ne doit pas s'inquiéter. Je suis sûr que la Russie veut jouer un rôle efficace dans le dialogue qui va se tenir (entre le pouvoir syrien et les opposants) et ceci est une chose positive», a-t-il affirmé. Cependant, la Ligue arabe compte poursuivre son travail en Syrie en y envoyant 500 membres d'organisations arabes des droits de l'Homme, de médias et des observateurs militaires.
Cette décision a été prise lors d'une réunion hier lundi des organismes de la Ligue arabe en charge des droits de l'Homme présidée par son secrétaire général, Nabil al-Arabi. Cette rencontre intervient deux jours avant une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, mercredi à Rabat, qui doit notamment fixer le calendrier et les conditions de l'envoi de cette délégation.
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