La journaliste française Edith Bouvier, blessée le 22 février dans un bombardement à Homs, en Syrie, a été rapatriée, avant-hier, en France avec le photographe William Daniels. L'avion qui les transportait, en provenance de Beyrouth, s'est posé peu après 18h00 sur la base aérienne de Villacoublay (Yvelines), près de Paris. Nicolas Sarkozy est monté à bord de l'appareil, à la suite des familles, pour les accueillir. Dans une brève allocution sur le tarmac de la base, le chef de l'Etat avait auparavant déclaré que les autorités syriennes auraient "à rendre des comptes devant les juridictions pénales internationales" pour "leurs crimes". "Les crimes qu'ils ont commis ne resteront pas impunis", a-t-il souligné, saluant "le courage de tous les démocrates syriens qui ont accompagné Edith Bouvier et William Daniels jusqu'à la frontière libanaise". La journaliste et le photographe, envoyés spéciaux pour Le Figaro, étaient parvenus au Liban jeudi soir. Nicolas Sarkozy a remercié les autorités libanaises pour leur aide et a salué "la disponibilité", dans cette opération, des autorités russes, qui bloquent avec la Chine l'adoption d'une résolution contre le régime de Bachar al Assad au Conseil de sécurité de l'Onu.Enquêtes pour meurtre et tentative de meurtre
La Française, qui a eu la jambe gauche fracturée lors du bombardement meurtrier du 22 février, avait été hospitalisée à Beyrouth avant son rapatriement. William Daniels, indemne, avait choisi de rester à ses côtés en Syrie, dans le quartier de Bab Amro.
Un photographe britannique, Paul Conroy, blessé lui aussi, était parvenu à gagner le Liban il y a quelques jours.
"C'est le médecin du centre de crise du Quai d'Orsay, en route vers Beyrouth, qui a eu le premier contact avec eux", a expliqué lors d'un point de presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Leur moral était bon mais ils étaient bien sûr fatigués après ce qu'ils ont vécu ces derniers jours et heures", a-t-il ajouté. Edith Bouvier, évacuée de l'avion sur un brancard par les pompiers de Paris, devait être transférée à l'hôpital militaire Percy de Clamart (Hauts-de-Seine). Deux autres journalistes (l'Américaine Marie Colvin, du "Sunday Times" de Londres, et le photographe français Rémi Ochlik) ont été tués lors du bombardement de Homs.
"Il semble que nous puissions récupérer la dépouille de Rémi Ochlik", a déclaré Nicolas Sarkozy. Une enquête préliminaire de police pour meurtre a été ouverte à Paris après la mort de Rémi Ochlik et pour tentative de meurtre s'agissant d'Edith Bouvier. L'enquête a été confiée à l'Office central de répression de la violence aux personnes (OCRVP). Une telle procédure est courante en cas de mort violente de Français à l'étranger mais, dans ce cas, elle est ouverte spontanément par le parquet puisque les familles n'ont pas encore porté plainte.
Enquête de la justice française sur le meurtre du photographe Ochlik
La justice française a ouvert une enquête, avant-hier, pour le meurtre du photographe français Rémi Ochlik et pour la tentative de meurtre de la journaliste Edith Bouvier lors du bombardement d'un quartier de Homs en Syrie le 22 février, a annoncé le Parquet de Paris.
L'un des premiers objectifs de cette enquête préliminaire est de recueillir des données permettant d'identifier formellement le corps de Rémi Ochlik afin de rapatrier en France sa dépouille, a-t-il précisé. La justice française peut se saisir de faits commis à l'étranger dès lors que les victimes sont françaises. Rémi Ochlik et la journaliste américaine Marie Colvin ont été tués le 22 février à Homs dans le bombardement d'un centre de presse mis en place par les militants dans le quartier rebelle de Baba Amr, pilonné par l'armée syrienne. Edith Bouvier, journaliste indépendante travaillant pour le quotidien français le Figaro, a été blessée dans ce même bombardement, en même temps que le photographe britannique Paul Conroy. Les autorités syriennes ont annoncé jeudi avoir retrouvé les corps de Rémi Ochlik et de Marie Colvin, dans le quartier de Baba Amr repris par l'armée régulière. Les rebelles avaient dû enterrer les corps dans un jardin publique de Homs faute de chambre froide pour les conserver. Le régime a annoncé qu'il demanderait des échantillons d'ADN à leur pays respectif pour les identifier, puis les corps seront remis à l'ambassade de Pologne, qui représente les intérêts des Etats-Unis, de la France et de l'Espagne, en présence du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant rouge arabe syrien (CRAS).
Le CICR a indiqué que les corps de Marie Colvin et Rémi Ochlik étaient en route vers Damas.
La France ferme son ambassade pour la première fois depuis 50 ans
La France a décidé de fermer son ambassade en Syrie pour dénoncer le scandale de la répression conduite par le régime de Bachar al-Assad contre sa population, a annoncé, avant-hier, le président Nicolas Sarkozy à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé et moi, nous avons décidé de fermer notre ambassade en Syrie, a déclaré M. Sarkozy devant la presse. Ce qui se passe, c'est un scandale, il y a plus de 8 000 morts, dont des centaines d'enfants, et la ville de Homs qui menace d'être rayée de la carte, c'est absolument inacceptable, a-t-il insisté. Le porte-parole du ministère syrien des affaires étrangères, Jihad Makdissi, a regretté la décision française. Il s'agit d'une décision malencontreuse et j'espère que la diplomatie française abandonnera son approche négative et choisira d'être partie prenante de la solution et non du problème, afin d'aider la Syrie à surmonter cette crise douloureuse, a-t-il déclaré. Razan Zeitouni, membre des Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la mobilisation anti-Assad sur le terrain, a elle aussi estimé qu'il n'était ni utile, ni justifié de fermer l'ambassade à Damas si cette mesure ne visait pas à faire chuter le régime à court terme. Au contraire, les conséquences de la fermeture sont néfastes, a-t-elle dit. Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, basé au Royaume-Uni, a en revanche appelé les autres pays européens à suivre l'exemple français pour que le régime sente qu'il est isolé. Nous demandons aussi la fermeture des ambassades syriennes en Europe car ce sont des centres d'espionnage sur les activités des militants, a-t-il ajouté. La veille, le Royaume-Uni avait retiré l'ensemble de son personnel diplomatique de Syrie et suspendu le fonctionnement de son ambassade pour des raisons de sécurité. C'est la première fois que la France ferme son ambassade en Syrie depuis 1956, quand les pays arabes avaient rompu leurs relations avec la France et le Royaume-Uni après l'expédition de Suez contre l'Egypte avec l'appui d'Israël. L'ambassade avait rouvert six ans plus tard. Oui, nous fermons notre ambassade de France à Damas. Nous sommes en train de nous préparer pour pouvoir fermer effectivement, a déclaré l'ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier, sans plus de précision.
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Posté Le : 04/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Nawal Z
Source : www.lemaghrebdz.com