Alors qu'en Syrie des voix commencent à demander la «militarisation» de la révolution face à un régime qui est prêt à tuer toute la population, s'il le faut, pour rester au pouvoir, l'opposition à l'étranger n'arrive toujours pas à accorder ses violons sur cette question qui tend à devenir lancinante en Occident.
Paris
de notre correspondant
Ceux qui sont pour l'intervention militaire étrangère justifient leur position par le caractère sauvage du régime en place qui n'offre aucune alternative de dialogue sérieux depuis mars 2011. C'est le cas de Bassam Bitar, ancien diplomate syrien en France et membre du parti Infitah (ouverture) dont le siège est à New York. «Je suis partisan d'une intervention aérienne rapide contre le palais présidentiel, le ministère de la Défense ainsi que l'ensemble des sièges de renseignements, de la police politique et militaire, a-t-il estimé. Le but étant, d'une part, de réduire à néant les capacités militaires de l'armée qui réprime sans état d'âme les manifestants et d'éviter, d'autre part, de créer des problèmes de sensibilités sur le sol entre d'éventuels soldats étrangers et ceux qui soutiennent le régime. En somme, il faut reproduire le scénario libyen.»
Pour Abdelbaki Hussini, opposant politique et écrivain vivant en Norvège, l'idée d'une intervention militaire est d'actualité. Pis, elle est même recommandée et revendiquée par les manifestants syriens : «Tout le monde a bien vu que les banderoles déployées lors des manifestations demandaient une intervention militaire étrangère. Nous devons demander à la France, à la Grande-Bretagne et aux USA de frapper certaines cibles du régime syrien sans même attendre qu'une résolution de ce type soit votée par le Conseil de sécurité.» Et d'ajouter : «Nous devons demander au Qatar et à l'Arabie Saoudite de préparer le terrain régional pour faciliter une intervention militaire turque et de s'engager à payer les coûts financiers de cette opération.»
Appel à la protection des populations civiles
Toutefois, ces avis, loin de susciter un dialogue sérieux et constructif, ont provoqué l'ire de nombreux représentants de partis, à l'image du parti Assyrien qui a menacé de quitter l'Alliance laïque si celle-ci venait à voter l'option militaire. «Les conséquences d'une intervention militaire contre la Syrie seront catastrophiques. Nous, nous avons des représentants à l'intérieur de la Syrie, et de ce fait, nous ne pouvons pas prendre la décision d'appeler ou pas à une intervention militaire», a soutenu Saïd Lahdou, membre du secrétariat général de l'appel de Damas à l'étranger et représentant du parti minoritaire assyrien. «Je vous prie d'entendre les voix qui nous viennent de l'intérieur et qui toutes disent, pas d'intervention militaire étrangère.»
Néanmoins, ce participant s'est dit favorable à un appel international pour la protection de la population civile syrienne. C'est également l'avis de Mahmud Moussalat, professeur des études du Moyen-Orient à l'université d'Oberlin aux USA. Pour ce Syrien qui a quitté son pays depuis deux décennies, les USA et l'Europe ne sont pas prêts à entrer dans une nouvelle bataille après celle de la Libye. «Oui, nous demandons la protection des civils. Mais qu'est-ce que cela veut dire ' Armer le peuple ' Décréter aux avions militaires syriens de survoler le territoire ' En réalité, cette question n'est pas arrivée à maturité. Le scénario libyen ne peut pas s'appliquer à la Syrie. Certes, l'intervention militaire est inévitable, mais pas maintenant.»
Par ailleurs, l'Alliance laïque a fustigé la position de la Russie et de la Chine vis-à-vis de ce qui se passe dans son pays. Elle a également critiqué la position de la Turquie, qualifiée d'obscure et de changeante au gré des intérêts économiques et politiques. Elle a appelé Ankara à améliorer les conditions d'accueil des réfugiés syriens sur son territoire ou alors à laisser un autre pays les accueillir. Depuis le début de la révolution syrienne en mars 2011, plusieurs réunions de l'opposition ont eu lieu dans différentes villes comme Istanbul, Antalya, Le Caire, Berlin et Paris. Mais aucun accord visant à unifier ses rangs n'a été trouvé pour des raisons idéologiques. Etant déjà important, le fossé qui sépare l'opposition islamiste des démocrates et laïcs risque encore de se creuser et de rendre l'alternative au régime d'Al Assad compliquée.
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Posté Le : 21/09/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yacine Farah
Source : www.elwatan.com