Algérie

Syrie ... et la désolation continue



Syrie ... et la désolation continue
Quatre ans déjà, 210 000 morts et 10 millions de réfugiés. Le conflit syrien né d'une contestation démocratique contre le régime en place ne montre aucune perspective de sa fin. Bien au contraire, il a pris au fil des ans des proportions dramatiques.Le pays tout entier s'est écroulé, l'économie et les infrastructures ont été en bonne partie détruites, la faim est devenue le lot quotidien de nombreux Syriens, dont plus de 12 millions ont besoin d'une aide humanitaire. Le 15 mars 2011 débutait, en plein Printemps arabe, le mouvement de contestation pour des changements démocratiques.Quatre ans plus tard, cette aspiration au changement qui s'est muée en conflit opposant les rebelles à l'armée du régime s'est fortement complexifié, avec l'émergence, puis la montée en puissance des groupes terroristes, essentiellement de l'EI à partir de 2013. "Pendant les premières années de la révolution, on avait deux camps clairement identifiés", résume Karim Bitar, de l'Institut des relations internationales et stratégiques basé à Paris. "Aujourd'hui, c'est un peu la guerre de tous contre tous, et on ne voit pas dans ce contexte quelle peut être la solution politique." L'EI aura en fait constitué l'écran de fumée qui a relégué en seconde position les revendications démocratiques légitimes de l'opposition syrienne, eu égard aux exactions commises par l'internationale terroriste, qui a pris pied dans le pays par la grâce de l'Occident, des riverains et des pétrodollars. La communauté internationale a découvert avec horreur les exactions des terroristes qui se servent des réseaux sociaux pour revendiquer la décapitation d'otages, la crucifixion d'"infidèles" ou d'"espions", l'esclavage des femmes... Ce mouvement, auteur d'une fulgurante avancée, qui a proclamé un "califat" sur les territoires saisis en Syrie et en Irak, "est allé tellement loin dans l'horreur qu'il a réussi à persuader l'Occident que Daech incarnait l'ennemi absolu et que tout le reste était un moindre mal", analyse M. Bitar. Aussi, l'arrivée par milliers de combattants étrangers, y compris occidentaux, dans les rangs de l'EI a renforcé encore l'inquiétude en Occident, et souligné la nécessité de mettre en place une coalition internationale pour le combattre. Cette situation a bien évidemment profité à Bachar al-Assad, au point qu'il a réussi, en 2013, à éviter in extremis une intervention militaire étrangère, mais aussi de passer du stade d'ennemi à abattre à celui d'un partenaire non déclaré dans la lutte contre le terrorisme. Pis encore, ces derniers mois, les voix appelant au départ d'Al-Assad se sont faites moins fortes. Et l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, a été jusqu'à déclarer en février dernier qu'il faisait "partie de la solution". Dans une interview diffusée début mars par une chaîne portugaise, al-Assad a de nouveau dépeint le soulèvement de 2011 comme un complot occidental et répété qu'il n'était pas "un dictateur qui tue son peuple". "On en vient de nouveau à considérer, comme avant les révolutions arabes, que l'autoritarisme est un moindre mal et qu'il faut faire avec", souligne M. Bitar. à l'évidence, le chaos généralisé dans lequel se trouve la Syrie a poussé à de nombreuses interrogations légitimes, sur l'utilité d'une révolte qui a fait passer la Syrie d'un pays stable et prospère à celui de dévasté.Car, quatre ans |après, Al-Assad est toujours au pouvoir. L'Armée syrienne libre est désormais réduite à une alliance de petits groupes sans moyens, alors que les militants pour la démocratie ont perdu espoir. "De quelle révolution on parle maintenant '", lance Yazan Homsy, assiégé pendant près de deux ans dans sa ville de Homs. "Je suis absolument convaincu que la communauté internationale n'a pas de conscience morale."A. R.




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