Algérie

Syrie: Annan rappelé pour faire appliquer le plan arabe


L'ex-SG de l'ONU Koffi Annan a été rappelé pour faire appliquer le pan de règlement arabe, alors que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont obtenu vendredi à Tunis de larges condamnations du régime syrien, accusé par la communauté internationale de refuser le changement et de pratiquer une répression systématique de l'opposition qui demande son départ et l'avènement de la démocratie dans le pays. La réunion des chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'UE et avec leurs homologues de la Ligue arabe, devait notamment discuter d'un vaste plan d'aide humanitaire aux Syriens, notamment ceux des villes bombardées par les forces de sécurité du régime, qui ont coûté la vie à deux journalistes français mercredi à Homs.

Sans la Russie et la Chine, alliées de Damas, les pays de la Ligue arabe, l'Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et différentes composantes de l'opposition syrienne ont discuté dans un hôtel de la banlieue nord de Tunis sur les moyens à mettre en Å“uvre pour aider la Syrie à amorcer une transition démocratique, loin de tout interventionnisme militaire et selon le plan de règlement du conflit proposé par la Ligue arabe. Il est vrai, par ailleurs, que cette réunion s'est tenue dans une atmosphère terrible après les bombardements de la ville de Homs, fief de l'opposition au régime. Ainsi, les participants à la réunion de Tunis devaient en urgence trouver les moyens de venir en aide au peuple syrien - plus de 7.600 morts en onze mois - coupé du monde. Quatre-vingt-six personnes, en majorité des civils, ont été tuées à travers le pays pour la seule journée de jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, et deux civils ont été tués vendredi matin par des bombardements à Homs où, selon des militants, le quartier de Baba Amr «est détruit sur la tête de ses habitants». Selon une première mouture de la déclaration finale de la réunion de Tunis divulguée par des sources de l'opposition syrienne, la conférence pourrait appeler les autorités de Damas à mettre en Å“uvre un cessez-le-feu immédiat et permettre l'accès des agences humanitaires aux populations en détresse. D'autres options telles que la création de zones sécurisées dans les régions frontalières de la Syrie, défendue par l'opposition, ou l'idée de «corridors humanitaires» soutenue par Paris, mais rejetées par Moscou, pourraient être évoquées. Jusqu'à présent, «les discussions les plus avancées portent sur une trêve quotidienne de quelques heures» proposée par le Comité international de la Croix-Rouge, selon un diplomate européen.

L'OPPOSITION DIVISEE

La conférence de Tunis condamnera de nouveau la répression et apportera son soutien au plan de la Ligue arabe qui prévoit les étapes d'une transition démocratique à Damas. Ce plan avait déjà été endossé par une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU le 16 février. La réunion devrait consacrer l'opposition syrienne, en appuyant particulièrement sa principale composante, le Conseil national syrien (CNS), qui a déjà reçu la caution des Etats-Unis. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a apporté jeudi un soutien au CNS, en jugeant qu'il était «crédible» et offrait une «alternative» au régime de Bachar al-Assad. Réaction immédiate du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), un groupe d'opposition basé en Syrie : boycott de la réunion de Tunis. «Nous avons remarqué une disposition dangereuse (...) qui vise à déterminer qui représente le peuple syrien», explique le CCCND dans un communiqué. C'est dire que l'opposition syrienne, à un moment crucial, paraît bien divisée et incapable de présenter un front uni, même avec ses soutiens occidentaux, eux-mêmes divisés sur les moyens à mettre en Å“uvre pour régler le dossier : intervention militaire, soutien logistique à l'armée de libération syrienne, non invitée à Tunis, ou poursuite des efforts sur le front diplomatique, en associant la Russie et la Chine ? Toutes les options restent ouvertes, même si, déjà, des experts militaires ont évacué toute idée d'ingérence militaire à la «libyenne». Par contre, la voie «Annan» pourrait faire avancer les choses dans le sens du plan de règlement arabe.

KOFFI ANNAN REPREND DU SERVICE

L'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a été nommé jeudi «émissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie», et sera assisté par un «adjoint choisi dans la région arabe», précise le communiqué commun de Ban Ki-moon et de Nabil al-Arabi, respectivement secrétaires généraux de l'ONU et de la Ligue arabe. La mission dévolue à M. Annan sera «d'offrir ses bons offices afin de mettre un terme à toutes violences et violations des droits de l'homme, et à promouvoir une solution pacifique à la crise syrienne», poursuit le texte. M. Annan a souhaité hier vendredi la «pleine coopération de tous les acteurs concernés». Un appel auquel Russie à répondu qu'elle «est prête à une coopération étroite avec lui pour chercher les voies vers un règlement acceptable pour tous». Mais, «in fine», la question d'une aide militaire à l'opposition, en dépit des mises en garde russes, n'a pas été totalement écartée des options d'aide à l'opposition, notamment par les Etats-Unis. En témoigne cette phrase sibylline d'Hilary Clinton : «Les forces de l'opposition vont accroître leurs capacités et trouver les moyens de se défendre ainsi que d'être plus offensives». Pour autant, les 140 ONG internationales et arabes ont signé à la veille de la conférence de Tunis un texte exhortant «le gouvernement syrien et les groupes armés à faciliter à une aide humanitaire impartiale».


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