Le 25 janvier prochain, des négociations pour un accord de paix en Syrie s'ouvriront sous les auspices de l'Onu. L'Organisation de l'Etat islamique est exclue, annonce-t-on, de ces négociations. Des faits intervenus sur le terrain font penser qu'on ne nous dit pas toute la vérité.Nous y voilà : négocier la paix avec Daech ! Cela a commencé cette semaine par un accord entre militaires irakiens, organisations humanitaires et djihadistes de Daech pour l'évacuation des populations civiles prises en otage dans la guerre qu'ils se livrent dans la ville de Ramadi à quelques 100 kilomètre à l'Est de Bagdad vers des zones en Syrie, sous contrôle de Daech. Sauf que des terroristes djihadistes de Daech sont exfiltrés avec les civils. L'opération à peine entamée ce jeudi à l'occasion de la double fête chrétienne de Noël et musulmane du Mawlid Ennabaoui, qu'elle ne fût stoppée en raison du grand nombre de djihadistes qui se mêlaient aux civils embarqués dans des bus d'organisations humanitaires soutenus par l'Onu. L'étrange «accord» a suscité tant d'interrogations aux travers des chancelleries et états- major des pays de la coalition internationale engagée en Irak et en Syrie, que ses auteurs ont vite fait de le suspendre pour revoir les conditions qu'il contient, notamment celles permettant le départ sans risque des djihadiste de Daech. Les terroristes de l'Etat islamique ont donc profité de la motivation sincère et juste des auteurs de l'accord d'évacuer les civils pris dans les feux de cette guerre qui ne les concerne pas pour opérer un retrait tactique en territoire syrien sous leur contrôle. Ils usent d'un «bouclier humain» pour fuir le combat qu'ils commencent à perdre en territoire irakien. Au-delà de la raison humanitaire et combien légitime de sauver les civils de l'enfer de cette guerre, il y a le début d'un «acte politique» qui aura, sans aucun doute, des échos dans les futures négociations promises par l'Onu et annoncées pour le 25 janvier prochain. Signalons que le consensus du Conseil de sécurité qui a abouti à la résolution ouvrant des négociations entre toutes les parties en guerre en Syrie n'a pas listé, nommément, les parties en guerre en Syrie, hormis justement Daech qu'il a exclu des négociations. Première interrogation : que faire du Front Al-Nosra, des milices chiîtes du Hezbollah engagées en Syrie, des résidus d'El Qaïda qui n'ont pas rejoint Al-Nosra et bien d'autres factions terroristes «non identifiées» et agissant en électrons libres dans le bourbier syrien ' Par quel moyen diplomatique les négociateurs vont-ils briser les liens stratégiques qui lient Daech aux autres organisations combattantes et opposées au régime de Damas ' Faut-il être à ce point naïf pour croire que Daech n'a aucun lien tactique avec les autres organisations terroristes dans cette guerre à géométrie variable ' Deuxième interrogation : Peut-on aboutir à la paix en Syrie, surtout à une paix juste, sans en finir militairement et politiquement avec Daech ' Car, faut-il le rappeler, cette organisation barbare et terroriste qui impose sa logique de guerre en Syrie est aussi présente en Irak. De quelque bout que l'on prend la question de la paix en Syrie, mais aussi en Irak, Daech revient dans l'équation qu'auront à résoudre les négociateurs qui se retrouveront le 25 janvier prochain. Et nous revoilà dans la leçon Afghane : embourbée dans une guerre sans fin, la coalition internationale, y compris l'Otan, a fini par négocier avec des chefs talibans des trêves successives et un partage de fait du territoire afghan. Le scénario que tous les observateurs et analystes redoutaient se met implacablement en place : reconnaitre un «statut d'Etat».Ce dernier opposera, sur le terrain de la guerre et à sa façon, une sorte de véto contre la paix s'il n'aura pas sa part du «gâteau syrien», voire irakien. Il continuera à semer le feu, le sang et le chaos dans la région. En 1916, les accords «secrets» de Sykes-Picot entre la France et la Grande Bretagne ont pu aboutir à la paix en se partageant des zones d'influence en Syrie et en Irak tout en évacuant la question kurde qui, revient plus que jamais à l'actualité et dans cette nouvelle guerre. Assisterons-nous en 2016, à une simple révision des accord de 1916 qui se fera encore une fois sur le dos et au détriment des intérêts des populations locales en négociant, en secret, avec Daech ' Si telle sera l'issue du futur processus de paix en Syrie, l'Etat islamique aura remporté une large victoire et poussera son funeste projet au-delà des frontières syriennes.
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Posté Le : 28/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Bruxelles
Source : www.lequotidien-oran.com