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Syrie
La France, un des pays les plus intransigeants face au régime de Damas, peine à faire entendre sa voix dans les grandes manœuvres diplomatiques qui s'esquissent autour de la Syrie. Elle n'était pas invitée à la rencontre organisée vendredi à Vienne par les Russes et les Américains. Elle a riposté en conviant ses alliés occidentaux et arabes hier mardi à Paris pour une réunion de coordination dont le format n'a été précisé qu'à la dernière minute.Finalement, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, recevra ses interlocuteurs pour un dîner de travail, un certain nombre de pays - dont les Etats-Unis - n'étant représentés que par un ministre adjoint. «Manifestement, le train (des négociations) est parti, on nous a oubliés et on essaie de rattraper ce retard», relève Denis Bauchard, ancien diplomate et spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Selon lui, l'initiative militaro-diplomatique russe en Syrie a «changé la donne». L'afflux massif de réfugiés en Europe crée aussi une situation d'urgence qui fait bouger les lignes. Les Américains, qui ne sont pas les plus menacés par la situation en Syrie mais craignent que Moscou ne retrouve trop d'influence au Moyen-Orient, sont «déjà dans le train», relève l'expert.L'Arabie saoudite, engagée militairement au Yémen, semble avoir assoupli sa position dans la crise syrienne et ne plus exiger le départ immédiat du président Bachar el-Assad, tout comme Ankara et Washington.L'Allemagne, qui accueille le gros des réfugiés syriens, tente aussi de jouer sa carte. Dans un tel contexte, la France, qui a la position la plus dure sur Assad, risque de se retrouver isolée, estime Denis Bauchard. «Pour essayer de raffermir un peu la position américaine, il vaut mieux qu'on soit à bord plutôt que (laisser) Kerry tout seul avec Lavrov», avance-t-il. L'ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, met aussi en garde contre des «positions figées» et juge que Paris gagnerait à se «réinsérer dans le mouvement» au moment où une nouvelle «dynamique» semble s'amorcer. «Il faut essayer de faire du judo avec la Russie plutôt que du frontal (..) parler avec elle de l'avenir de la Syrie même s'il y a un désaccord complet sur Assad et à mon avis plus les Occidentaux disent +Assad doit partir demain matin+, plus les Russes disent +non+», a-t-il analysé lundi sur la radio Europe 1.Comme dans le dossier nucléaire iranien, la France pourrait même faire de son intransigeance un atout en apportant sa caution à un accord acceptable pour tous, notamment les pays du Golfe inquiets de la montée en puissance de l'Iran, suggère l'ancien ministre.En intervenant pour sauver le régime de Damas, la Russie entend avant tout préserver ses intérêts dans la région. Mais elle n'est «pas mariée à Assad», estime aussi Hubert Védrine. Elle le «lâchera» si c'est dans son intérêt, renchérit Denis Bauchard.Ce que les Russes ne veulent pas en revanche, c'est une destitution brutale du président syrien. «Ils nous disent : Vous n'allez pas nous refaire le coup de la Libye . La mort de Khadafi a été un vrai choc pour Poutine», relève un diplomate européen de haut rang. Pour la diplomatie française, rien dans l'intervention russe en Syrie ne laisse aujourd'hui entrevoir une quelconque ouverture. «On constate tous que dans les contacts que nous avons avec la Russie, il n'y a pas de stratégie de sortie qui soit développée», relève-t-on au Quai d'Orsay. Sur la question de Bachar el-Assad, «il n'y a toujours pas de réponse claire» des Russes, pas plus que sur la place des Iraniens, très influents dans ce pays, souligne-t-on. Pour François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), l'intervention militaire russe a surtout pour but «de soutenir Bachar», le reste relevant de la «diversion» diplomatique. «Pour l'instant on joue à une partie de chaises musicales.Il y a la musique de la négociation sur la Syrie qui joue et au moment où la musique s'arrêtera, chacun devra trouver une place et s'asseoir mais personne ne sait aujourd'hui comment ça va se passer et quand la musique s'arrêtera», dit-il.




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