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Syrie
Le président sortant syrien Bachar Al Assad a été réélu pour un troisième mandat consécutif de sept ans avec un score de 88,7% des voix. Le président du Parlement a annoncé les résultats de cette élection, hier, alors que l'opposition continue de crier à la «farce».Sur les réseaux sociaux, beaucoup de citoyens syriens et d'acteurs de la société civile ont raillé la décision du président syrien Bachar Al Assad de tenir une élection présidentielle alors que le pays entre dans sa quatrième année de guerre civile sans qu'aucune issue ne semble se dessiner. Certains se demandaient si son score serait supérieur à celui de son homologue égyptien Abdelfattah Al Sissi et ceux-ci ont désormais leur réponse, le président Al Assad obtenant «seulement» 88,7% des voix exprimées.En effet, le président du Parlement syrien ? totalement acquis au régime de Damas ? Mohammad Al Lahham a annoncé hier en début de journée le résultat de l'élection présidentielle qui a eu lieu la veille et la victoire sans surprise aucune de Bachar Al Assad : «J'annonce ainsi Bachar Al Assad président de la République arabe syrienne pour avoir obtenu la majorité absolue.» Et de poursuivre : «Je suis fier du choix du peuple et de la justesse de sa décision.» Les deux autres candidats à cette élection présidentielle, Hassan Al Nouri et Maher Al Hajjar, relégués au rang de simple faire-valoir, ont respectivement réuni 4,3% et 3,2% des suffrages.Sur les 15,8 millions de Syriens en âge de voter, 11,6 millions se seraient rendus aux urnes selon une source officielle, pour un taux de participation qui atteint ainsi 73,42%. Des tirs de pistolet ont retenti à Damas à l'annonce des résultats pour célébrer la victoire du président-candidat dans les quartiers alaouites de la capitale, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état de trois morts à l'issue de cette manifestation de joie pour la première élection présidentielle de l'histoire moderne de la Syrie.LégitimitéEn effet, il s'agit de la première élection présidentielle plurielle puisqu'avant la modification constitutionnelle de 2012, seul un candidat, issu du parti Baâth avait le droit de se présenter. David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (PSE) et rattaché à l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS), voit en cette modification une tentative de «formalisation». Et d'ajouter : «La présence de deux candidats dits de l'opposition ne change rien. Il s'agissait de candidats figurants. Aucun d'eux ne critiquait d'ailleurs la gestion de la guerre menée par le régime. On demeure donc dans une logique référendo-plébiscitaire à défaut d'être exclusivement plébiscitaire.»Plus encore, la condition énoncée par la loi électorale stipulant qu'un candidat à la présidentielle doit avoir vécu les dix dernières années en Syrie en continue, excluait de facto l'opposition en exil. Aussi, le but premier de cette élection était-il d'acheter la légitimité nationale et internationale. Pour David Rigoulet-Roze, «le processus électoral était destiné à assurer une pérennité formelle du régime. Il se présente très largement comme la validation de la stratégie militaire du régime. Mais sa légitimité politique est largement hypothéquée puisque ce processus n'a concerné que 40% du territoire censé regroupé 60% de la population.» Aghiad, jeune Syrien âgé de 21 ans, déplore pour sa part «l'impossibilité de vérification du déroulement du scrutin et des listes électorales.» Quant à la communauté internationale, celle-ci ne reconnaît pas la légitimité de ces élections.Conséquences limitéesWilliam Hague, chef de la diplomatie britannique évoque une «insulte au peuple syrien» alors que son homologue américain, John Kerry, a parlé d'une «non-élection.» Il est bien difficile pour le régime de Damas de rester légitime alors que 200 000 personnes sont mortes depuis le début de la guerre civile, selon l'OSDH. Les seuls observateurs internationaux de ce scrutin étaient «iraniens et russes», selon Fahad Almasri, ancien membre de l'Armée syrienne libre (ASL) et désormais opposant indépendant, qui poursuit : «Ces élections ne changent rien à la guerre en Syrie, cela pourrait en réalité être pire, le peuple syrien ne supportera pas cette impunité plus longtemps.»Pour sa part, David Rigoulet-Roze ne voit pas en cette élection un facteur de changement de la situation qui prévaut dans le pays : «Ce résultat ne changera sur le fond pas grand-chose à la situation qui est conditionnée par le sort des armes sur le terrain. L'opposition est devenue plus réaliste, elle a compris que le renversement du régime n'est plus à l'ordre du jour.» Et pour cause, Aghiad confie que «pour beaucoup de mes compatriotes, Bachar est l'image du sauveur, du seul capable d'arrêter cette guerre. La vérité est que celle-ci continuera tant que les deux camps refuseront de se reconnaître l'un l'autre.» L'élection présidentielle n'a finalement été qu'une manière pour Bachar Al Assad «qu'on ne dise pas qu'il a prolongé lui-même son mandat» comme l'exprime Fahad Almasri, mais que le peuple l'a reconduit dans ses fonctions pour sept nouvelles années.




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