Algérie

Syndicats autonomes : Ces éternels exclus de la tripartite !



Pour ce 15e conclave du genre, le gouvernement continue d'exclure les syndicats autonomes, ne reconnaissant comme représentant des travailleurs qu'un seul interlocuteur, à  savoir la centrale syndicale. Pourtant, cette tripartite se déroule dans un contexte marqué par une volonté d'ouverture et de concertation affichée par les hautes autorités du pays dans le cadre des réformes annoncées par le chef de l'Etat. Force est néanmoins de constater que dans la pratique, on en n'est pas encore là.    
Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), relève dans une déclaration à  El Watan Economie «une situation paradoxale, voire contradictoire entre la présidence incarnée par le président de la République qui est décidée à  aller vers l'ouverture, d'un côté, et la démarche du gouvernement à  travers le premier ministère qui se fait à  l'opposé avec une démarche belliqueuse et totalitaire». à‡a dénote «un malaise», estime-t-il. Si le gouvernement peut faire valoir la non représentativité de certains syndicats autonomes ou leur caractère illégal du fait qu'ils ne disposent pas d'agrément, il semble que ces arguments ne convainquent plus personne. Mme Khedidja Belhadi, présidente fondatrice de l'Association des Algériennes managers et entrepreneurs (AME) nous déclare qu'en matière de représentativité «nous le sommes, autrement le gouvernement ne nous aurait jamais agréée». Elle ajoute qu'une association «si jeune, soit-elle, est représentative». Les raisons de l'exclusion sont à  rechercher ailleurs. Selon elle, si elle n'a pas été invitée à  cette tripartite «c'est par simple habitude pour ne pas dire que nous sommes sous-estimées et que les nouvelles générations montantes sont toujours gênantes pour ne pas contrarier des décisions déjà prises». Pour Sadek Dziri de l'Union nationale des travailleurs de l'éducation et de la formation (UNPEF), le problème de l'agrément ou de la représentativité n'existe pas pour ce syndicat qui est sur le terrain depuis 1990. Alors que le pays se veut sur une voie de réforme, il estime qu'«il ne peut pas y avoir de réformes économiques et sociales si on continue à  faire une tripartite dans laquelle on ne retrouve pas les représentants de tous les secteurs». Décisions à  huis clos D'aucuns s'interrogent alors sur la crédibilité d'une tripartite amputée de représentants majeurs des travailleurs, notamment dans la Fonction publique où l'ancrage de l'UGTA est faible.Mme Belhadi considère qu'«il y aura certainement de bonnes décisions, mais il y aura du colmatage pour du court terme, ce qui est anti-économique». Pour l'AME, renchérit-elle, «les grandes décisions ne se prennent pas à  huis clos et de manière ponctuelle, mais c'est un travail de longue haleine fait par un ensemble de personnes de différents horizons». Moins catégorique, M. Dziri estime que «si les problèmes posés aboutissent à  des résultats positifs pour les travailleurs, les gens seraient plus convaincus de l'utilité de cette tripartite». A ce titre, il cite l'exemple de l'article 87 bis dont «l'abrogation donnerait vraiment de la crédibilité» à  cette rencontre. En revanche, «si les questions les plus importantes restent posées, alors la tripartite ne nous représente pas et ses résultats ne nous concernent pas». Le docteur Merabet, quant à  lui, ne se fait aucune illusion, estimant que «les jeux sont fait d'avance». Il en veut pour preuve, le fait que la loi de finances est déjà décidée. «Lorsqu'on négocie, on est sensé avoir une marge de manœuvre, mais celle-ci est déjà balisée par les pouvoirs publics qui ont déjà concocté la loi de finances et lois complémentaires qui prévoient les charges et les dépenses au quotidien pour l'Etat», explique-t-il. Selon lui, «on n'est pas dans une démarche de concertation mutuelle et de négociations, mais dans une situation illogique».  Le mode de fonctionnement de la tripartite où l'on a du mal à  accepter la présence d'autres syndicats dont l'UGTA remet en cause le concept même du dialogue social. Elle est sensée àªtre un espace d'échange sociale et économique où on pose les gros problèmes qui font face à  tous les secteurs et si elle «est véritablement l'expression du dialogue social, alors le gouvernement doit consulter tous les syndicats», revendique M. Dziri.D'autres, à  l'image de Mme Belhadi, souhaitent la création d'une «plateforme permanente (sociaux économiques) où les représentants du gouvernement, de  chaque association et syndicats seraient présents et ou toutes les questions, quelles soient économiques ou sociales puissent àªtre étudiées».                   
 


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