Excellence,
Permettez-nous de solliciter votre attention, en tant qu'ultime recours en votre qualité de garant des droits consacrés par la Constitution, en particulier le droit à la santé de nos concitoyens, gravement hypothéqué, ainsi que le droit au libre exercice du droit syndical, ouvertement bafoué.
Excellence, que notre syndicat s'en remette à vous par le biais d'une lettre ouverte témoigne de la faillite de tous les canaux de dialogue au niveau du ministère de la Santé, et les grèves répétées des praticiens spécialistes de la santé publique, loin de participer d'une tendance anarchisante, constituent un symptôme de profond marasme et de déliquescence du secteur de la santé.
Monsieur le Président,
En effet, et en dépit des moyens colossaux investis par l'Etat pour assurer une prise en charge sanitaire de notre population à la hauteur de ses aspirations, force est de constater que la gestion des ressources humaines par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s'est inscrite totalement à contre-sens de cet objectif, participant pour une part importante aux dysfonctionnements du système de santé avec leurs répercussions négatives sur la prise en charge du malade. Plus particulièrement, les praticiens spécialistes de la santé publique, l'un des corps les plus qualifiés et principal levier de performance du secteur, sont victimes contre toute logique, d'un processus de dévalorisation et de régression statutaire entamé depuis 1993, date de l'inexplicable abrogation de la progression de carrière, réduite alors à un grade unique. Depuis lors, l'essence de toute la revendication des spécialistes de santé publique à travers les demandes d'amendement du statut ne concerne pas des exigences inédites, mais ne vise qu'à renouer avec les dispositions originelles contenues dans les statuts de 1982 et 1991.
Monsieur le Président,
Le rétablissement de la carrière dans le statut d'octobre 2002, que vous avez signé, a été un début de réhabilitation. Mais au lieu de poursuivre dans cette voie en remédiant à ses insuffisances à la faveur du nouveau statut de novembre 2009, nous avons assisté à une nouvelle régression par rapport au statut de 2002, sous la forme d'une progression de carrière tronquée, vidée de sa substance. La grande désillusion qu'a constituée ce nouveau statut a eu comme conséquence une véritable saignée parmi les praticiens spécialistes de santé publique, ruinant tout espoir de voir se constituer des équipes soignantes stables et performantes à travers tout le territoire national. Un projet d'amendement de statut particulier, finalisé conjointement avec notre tutelle, en vue de réparer ces insuffisances est en souffrance au niveau des services de la Fonction publique depuis plus d'une année, sans qu'aucune suite n'y soit donnée. De même, le régime indemnitaire promulgué ne correspond pas à notre niveau universitaire, d'où notre demande qu'il soit révisé, demande restée sans réponse.
Monsieur le Président,
En raison de ce qui précède, la formation en masse de praticiens spécialistes, qui bénéficie de tout le soutien de l'Etat, n'a que peu amélioré la couverture sanitaire tant les déperditions sont massives par les départs vers le secteur privé et l'étranger, notamment en raison d'un statut nettement dévalorisé par rapport aux autres spécialistes du secteur public, à égale pratique médicale spécialisée. Plus grave, des dispositions discriminatoires injustes en matière d'imposition sur les revenus accentuent ces disparités. Vigoureusement dénoncées, elles perdurent encore avec l'assentiment des pouvoirs publics.
Monsieur le Président,
Le service civil, imposé aux seuls médecins spécialistes de la santé publique, sert de prétexte au ministère de la Santé pour afficher des chiffres de couverture sanitaire factices tant le dispositif souffre d'insuffisances et de dysfonctionnements. Par son caractère coercitif, il accentue la désaffection pour la carrière en santé publique et fragilise davantage notre secteur public de la santé. Malheureusement, nos propositions de mesures incitatives en lieu et place d'un service civil coercitif, formulées depuis plusieurs années, essuient un refus catégorique de notre tutelle.
Monsieur le Président,
Notre tutelle nous refuse le statut de partenaire social à part entière, remet en question notre droit à la négociation consacré dans nos lois et nous dénie le droit de recourir à la grève comme dernier recours devant son refus de respecter ses engagements. En effet, non seulement le ministère de la Santé a renié des engagements solennels contractés à plusieurs reprises avec notre syndicat, mais il a mis en branle une batterie de mesures répressives disproportionnées en violation de la loi syndicale et de vos instructions visant à l'instauration d'un dialogue social effectif. En plus d'être injuste, ce comportement du ministère de la Santé est une atteinte à la dignité des praticiens spécialistes qui ont maintenu le système de santé en activité lors des périodes les plus difficiles qu'a connues le pays.
Monsieur le Président,
C'est pleinement convaincus de votre volonté d'asseoir un système de santé performant et de la reconnaissance que vous témoignez à toutes les élites de ce pays que nous en appelons à votre intervention pour nous rétablir dans nos droits, afin de préserver notre système de santé et garantir le droit constitutionnel de l'accès aux soins spécialisés pour tous nos concitoyens, d'une part, et de garantir le libre exercice syndical, d'autre part. Avec l'expression de toute notre considération et de notre profond respect.
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Posté Le : 19/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : P SNPSSP président
Source : www.lesoirdalgerie.com