La prison pour femmes de Tifelfel (Batna), créée en 1955 par l'administration coloniale, est un «symbole méconnu de la résistance au féminin dans les Aurès», a affirmé une universitaire, lundi à Constantine.La prison de Tifelfel, «un lieu unique» que la France coloniale avait vainement tenté d'utiliser pour «mettre à genoux» les moudjahidine qui avaient pris les armes pour libérer leur pays, est méconnue car les archives sont restées silencieuses au sujet de ce lieu de sinistre mémoire, a précisé Khadidja Adel, de l'université Constantine 2, en ouverture d'un colloque international sur les femmes résistantes. Pour cette universitaire, les «seuls repères» permettant d'en savoir davantage sur ce pan de l'histoire de la résistance des femmes détenues dans cette prison restent «les quelques témoignages recueillis auprès de celles qui y ont vécu l'enfer». La conférencière a indiqué que la prison de Tifelfel, où d'atroces supplices étaient commis, a été ouverte dans un objectif bien précis, celui d'obliger les combattants dont les épouses étaient emprisonnées de déposer les armes. «En dépit du poids des traditions, du conservatisme et du sens de l'honneur dans une région comme les Aurès, les femmes ont résisté, combattu et ont défié, dignes et fières, la France coloniale», a souligné Khadidja Adel. Citant des noms d'anciennes détenues à Tifelfel, cette universitaire qui a consacré une étude à cette prison, a précisé qu'une «certaine Dahbia Ouabidallah, incarcérée, avait vu ses enfants se faire égorger dans cette prison, rien que pour faire monter la pression sur les moudjahidine». La conférencière, puisant dans ses notes, a aussi cité Djemaâ Slimane, Fatima Zeghdoud, M'barka Halma ou encore Chamkha Berrahmoune, pour évoquer leur martyre. De son côté, Yaser Hammoudeh, de l'université de Birzeït (Palestine), a indiqué à l'APS que les femmes, dans les camps de refugiés palestiniens d'Amman (Jordanie) sont «une véritable armée de l'ombre luttant pour préserver leur identité». Elle a détaillé que ces femmes, la majorité seules avec leurs enfants, «oeuvrent à dépasser leurs conditions de vie et leurs problèmes, et s'investissent fortement dans la résistance en s'acharnant à inculquer l'attachement à la patrie, à travers l'éducation d'une génération déterminée». Mme Hammoudeh a aussi évoqué le cas des réfugiés syriens, les femmes notamment, établis dans un camp sur la frontière syro-jordanienne, pour assurer que ces femmes qui ont subi «toutes formes de violences» vivent de «graves problèmes d'ordre psychologique». Dans un témoignage poignant, cette universitaire a souligné que beaucoup de femmes syriennes «résistent aussi pour préserver leurs enfants, leurs filles notamment, contre les abus». Organisé par le département Colloques de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», la rencontre de trois jours donnera lieu à de nombreuses communications consacrées, entre autres, à «l'histoire des femmes algériennes dans le mouvement national et durant la Révolution», «les autres voix de la résistance dans le monde», et aux «luttes des femmes pour l'accès à une citoyenneté pleine et entière». Il est également attendu un témoignage en direct (par visioconférence) de l'épouse de Marouane Barghouti, le leader palestinien incarcéré depuis 2002, sur le combat mené par la femme palestinienne.
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Posté Le : 23/02/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R C
Source : www.lnr-dz.com