Algérie

SYMBOLE D'UNE PANNE TOURISTIQUE



Les déboires de M. Benchabane et auxquels font face des milliers d'investisseurs comme lui ne cessent de freiner des initiatives et de bloquer des projets structurants dont a grandement besoin l'économie du pays.Son cas est emblématique de la panne chronique du tourisme algérien aggravée par la crise sanitaire. Propriétaire d'un complexe touristique implanté à Terga-plage à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, Aïn Témouchent, Mohand-Larbi Benchabane est au bord du désespoir.
La situation est intenable. Il appelle de ses v?ux pour que les pouvoirs publics "redonnent vie au tourisme". "Je n'aime pas parler spécialement de mon cas, c'est tout le secteur du tourisme qui souffre", lâche-t-il non sans dépit.
La reconduction du confinement sanitaire en pleine période estivale a donné le coup de grâce aux propriétaires des complexes touristiques et hôtels implantés sur la côte. "Le confinement a eu des répercussions désastreuses pour les nouveaux investisseurs qui ont contracté des crédits auprès des banques.
L'Algérie est l'unique pays au monde où les plages sont restées fermées, c'est inadmissible", constate M. Benchabane. "Il aurait fallu que les pouvoirs publics organisent et réglementent l'accès aux plages par l'implantation de solariums de 5 mètres d'intervalle, créer un service de protection et faire respecter la distanciation physique par les services de sécurité quitte à exiger des pass (carnets de vaccination contre la Covid-19).
Cela évitera aux baigneurs de s'aventurer sur les plages sauvages situées dans des zones rocheuses non gardées au risque de leur vie. Mais il fallait donner vie au tourisme", préconise-t-il. Une alternative qui aurait pu sauver un tant soit peu la saison estivale. Une autre année de perdue pour les investisseurs dans le domaine touristique dont certains ont contracté des crédits bancaires.
À ce propos justement, le propriétaire du complexe touristique M'hiddine expliquera que tant qu'on continuera à accorder des crédits à moyen terme, le secteur du tourisme ne décollera pas et ne sera jamais développé étant donné que les projets d'investissement ne seront amortis que dans 20 ans alors que sous d'autres cieux les crédits sont illimités dans le temps sachant qu'en règle universelle le risque zéro n'existe pas.
"Si l'Etat n'intercède pas pour nous accompagner et intervenir auprès des banques à l'effet d'effacer au moins les intérêts intercalaires, certains seront obligés de mettre la clé sous le paillasson", prévient-il. Ec?uré, le patron du complexe de Terga évoquera les causes qui continuent de retarder le développement du tourisme en Algérie. "Elles sont connues de tout le monde car c'est un secret de Polichinelle.
En premier lieu la lourdeur bureaucratique qui a la peau dure, suivie du problème lié au foncier hôtelier, car nous n'avons toujours pas le droit d'accès aux espaces attenants au complexe pour permettre d'implanter nos solariums au profit de nos clients", explique-t-il encore. Sur cette question, notre interlocuteur tentera de développer en indiquant que l'investissement dans le tourisme n'est pas protégé. Un risque à ne pas prendre.
"Nous ne pouvons pas développer le tourisme en faisant du populisme car il y a des plages pour faire du social et des plages de tourisme pour faire rentrer des devises." "Tant qu'il y a des squatteurs qui plantent à tout-va leurs tentes à quelques pas de la mer au détriment de nos clients, faisant fi des lois, le problème ne sera jamais réglé", regrette-t-il.
Le propriétaire du complexe touristique M'hiddine de Terga-plage espère que la loi 02-03 relative à l'octroi de la concession des plages aux établissements classés sera enfin appliquée. Pour lui, l'Etat doit sévir sur tous les plans aussi bien dans la lutte contre le baraquement, les décharges publiques et sur le plan du comportement des gens.
Défaut de promotion
Pour cet investisseur qui s'est lancé dans ce domaine, le développement du tourisme domestique doit avoir sa place. "Le client algérien doit trouver toutes les commodités qu'il trouve ailleurs chez nos voisins de l'Est. Il faut impérativement garantir le confort, la sécurité et la quiétude", recommande-t-il en assurant que "la concurrence s'installera d'elle-même lorsque l'offre sera supérieure à la demande".
Mais pour parvenir à fixer les trois millions d'Algériens qui jettent chaque année leur dévolu sur les pays voisins aux traditions touristiques avérées, il faudra lever tous les obstacles bureaucratiques et les contraintes notamment le problème lié à l'intersectorialité qui se pose avec acuité.
"Nous sommes en situation de crise. Il faut qu'on oublie le pétrole. Nous avons des richesses pour garantir l'avenir des futures générations et notre présence est un gage", a-t-il rassuré. Pour lui le confinement ne doit pas constituer un frein à l'activité. La fermeture des cafés, des restaurants et des piscines dans les établissements hôteliers n'a pas sa raison d'être. "Pourquoi ne pas laisser l'initiative aux hôteliers de gérer leurs propres structures en leur imposant des mesures draconiennes.
À titre d'exemple, au niveau des cafés et des restaurants on exigera deux places pour chaque table placée en diagonale afin d'éloigner les deux clients et ainsi éviter tout risque de contamination. Quant à la gestion des piscines il faudra tout simplement répartir une plage horaire par bloc ou par chambre en autorisant uniquement 25% de la capacité d'utilisation de la piscine avec un système de rotation et interdire d'utiliser la piscine dans un but lucratif", s'est-il défendu. Mais il n'y a pas que cela, selon lui, car il faudra en outre développer un tourisme de loisir, un tourisme médical, un tourisme sportif et un tourisme de mémoire.
Ainsi, au sujet du nouveau projet portant sur la réalisation d'un centre de rééducation fonctionnelle et de réadaptation des AVC, spécialisé dans les accidents de traumatologie, thalassothérapie et de sport dans le cadre du tourisme médical sachant qu'actuellement aucun centre de ce type n'existe au niveau national.
Mohand-Larbi Benchaâbane nous apprendra qu'aucune institution bancaire n'a voulu l'accompagner pour réaliser ce projet. "Pour assurer la pérennité de la structure j'ai créé une Sarl au nom de mes enfants avec le concours de la Finalep, Financière algéro-européenne de participations, une société mixte algéro-européenne actionnaire majoritaire qui est notre garant pour nous accompagner avec un crédit bancaire auprès de la BDL pour réaliser un tel projet", a-t-il précisé.
"Nous sommes capables de prendre en charge 25% des personnes qui sont envoyées à l'étranger et qui se font soigner en devises sonnantes et trébuchantes, d'assurer le tourisme sportif au profit des clubs qui ont des difficultés financières et qui partent chez les voisins ou outre Méditerranée pour la préparation de leurs équipes, de procéder à la création d'un centre sportif avec toutes les commodités dans les différentes disciplines. Pour cela nous demandons aux autorités de nous concéder des terrains pour des structures légères construites selon les normes écologiques", a-t-il ajouté.
Le tourisme réceptif haut de gamme n'est pas en reste puisqu'une étude a été élaborée pour la réalisation d'un village écologique avec une marina. Il en est de même pour le tourisme de mémoire (septembre-juin) au profit de tous ceux qui sont nés en Algérie et qui souhaitent revenir ou se recueillir à la mémoire de leurs proches. Des projets intégrés dans une vision globale ambitieuse.
Outre l'ancienne structure du complexe touristique, M. Benchaâbane vient de réaliser un gigantesque hôtel à huit niveaux en forme de car-ferry d'une architecture inédite unique en Afrique qui lui a coûté la bagatelle de trois milliards de dinars avec une capacité d'accueil de 800 lits composé d'un bloc hôtel de 34 chambres, 57 appartements de 102 m2 et 16 suites avec un espace d'une superficie de 4 000 m2 à deux niveaux réservé au centre de rééducation physique et réadaptation fonctionnelle et d'un centre de remise en forme (thalassothérapie) avec trois piscines extérieures pour enfants en bas âge, adolescents et adultes.
"On est la seule structure qui envisage de réaliser une station d'épuration et de traitement des eaux usées en attendant l'affectation du terrain alors que nous avons une concession des eaux marines pour le traitement avec l'eau de mer", se réjouit-il.
Mais pour cela, il doit attendre l'autorisation pour l'implantation du bassin de décantation sachant que le projet doit être opérationnel dès le 1er janvier 2022. "Alors que nous avons des autorisations de tous les ministères concernés y compris les banques, certains directeurs bloquent le projet pour des articles de loi ne s'appliquant pas à nous", se désole-t-il.
En somme, les déboires de M. Benchabane et auxquels font face des milliers d'investisseurs comme lui, ne cessent de freiner des initiatives et de bloquer des projets structurants dont a grandement besoin l'économie du pays.

Par : M. LARADJ


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