Algérie

Suspense



Suspense
Résumé de la 178e partie ? Chantal regarda le vieux Farell s'éloigner, sur un brancard improvisé et reprit seule le chemin ravagé de sa demeure, restée miraculeusement intacte.De son hamac, d'où elle avait vu passer depuis des mois une bonne partie de la vie de Makogaï, Chantal regardait une fois encore le paysage. Elle voyait la boue du chemin qui s'était desséchée en quelques heures et ne formait plus qu'une croûte sillonnée de crevasses. Une odeur très particulière s'exhalait de la terre, rappelant ce parfum âcre et indéfinissable qu'elle avait connu en France après une ondée et qu'elle adorait. Les mouettes, qui s'étaient cachées dans une grotte pendant le cyclone, voltigeaient de nouveau au-dessus du rocher de Makodragna en poussant leurs cris perçants. Le soleil lui-même commençait à décliner et s'enfoncerait, dans quelques instants, derrière l'horizon bleu du Pacifique sous la forme habituelle de la boule de feu. Avec la venue rapide de la nuit tropicale, les dévastations s'estompaient.Soudain, elle se souvint de sa lettre qui était à bord du «Saint-John». Marie-Ange lui avait dit : «Je ne souhaite qu'une chose, c'est que la lettre que vous avez déjà écrite ne parvienne jamais à destination.» La lettre était au fond de l'océan, son contenu ne devait être lu par personne... Chantal comprit à cet instant l'étendue de son propre châtiment, qui était total et qui demandait de sa part le sacrifice suprême. Dès demain, pendant que Tulio chanterait la messe des morts, elle écrirait une nouvelle lettre qu'elle n'adresserait plus, cette fois, à la directrice de «Marcelle et Arnaud», mais à Mme Berthon. Elle lui dirait «Je ne suis pas partie avec un amant, comme tout le monde l'a cru. J'ai quitté mon fils parce que j'étais lépreuse... Promettez-moi de ne jamais le lui dire. Je sais qu'il porte maintenant le nom de son père : c'est juste. Je sais également que vous l'élèverez avec amour. Je ne puis espérer davantage puisque je ne guérirai jamais. Je vous demande simplement, le jour où vous apprendrez ma mort dans cette île lointaine, de faire réciter à Daniel une prière pour toutes les mamans qui disparaissent dans le monde sans avoir revu leurs enfants.»Sa lettre serait courte. Elle n'expliquerait pas à la femme de l'agent de change que Daniel était le fils d'un inconnu. Pourquoi remuer la boue du passé ' Ne vaut-il pas mieux la laisser se dessécher, comme celle de Makogaï, et disparaître en poussière 'La nuit était complètement tombée. La Croix du Sud avait reparu dans un firmament étoilé. Le Pacifique, rassasié, brassait ses rivières de diamant... Quatre autres Noëls se déroulèrent. Quatre messes de minuit furent dites par le Père Rivain, succédant au Père Anselme. Le bateau blanc du Gouverneur était entré quatre fois dans la rade : le «Saint-John» n'avait pas encore été remplacé. (A suivre...)




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