Algérie

Suspense



Suspense
Résumé de la 98e partie? Marie-Ange sait tout faire se dit Chantal, de l'utilisation délicate de la seringue d'huile de chaulmoogra à la projection de films...Tous les films, envoyés gratuitement par les firmes à Makogaï n'étaient pas bons pour soutenir le moral des lépreux. De préférence les drames étaient éliminés ce qu'il fallait surtout était d'obtenir le rire bienfaisant.Chantal s'en alla avant la fin de la séance.Tout le long du chemin, elle fut mélancolique elle ne retournerait jamais à ces séances hebdomadaires qui apportaient plus de regrets que de plaisir. Le cinéma était une distraction inventée par les gens civilisés : pour elle, le sanctuaire de la civilisation ne se trouvait qu'à Paris, dans un quadrilatère limité par l'avenue des Champs-Elysées. le boulevard Haussmann, les grands boulevards jusqu'au carrefour Richelieu-Drouot et la rue de la Paix..., Un quadrilatère beaucoup moins vaste que l'île de Makogaï, mais dont le rayonnement sur le monde était universel.La nuit était limpide, parsemée d'étoiles, tiède ; toutes les senteurs de la terre profitaient de l'ombre pour s'exhaler vers le grand large. En arrivant au bas de son escalier, Chantal poussa un cri... Sous la véranda, près du hamac, une face grimaçante la regardait, une figure dont les boursouflures étaient mises en relief par une nuit claire. Le monstre vit qu'il était découvert et descendit précipitamment l'escalier, après être passé devant elle en cachant son visage avec un bras décharné. Il courut sur le chemin en boitillant, tel un Quasimodo. Chantal frisonnait encore d'avoir vu cette vision hoffmannesque quand elle pénétra dans sa demeure. Après avoir fait prudemment le tour de la véranda pour être certaine de ne pas rencontrer d'autres intrus, elle rentra à l'intérieur et barricada sa porte le mieux qu'elle put : protection illusoire dans ces maisons dont les cloisons étaient faites d'enchevêtrèment de paille de riz et de bambous.Que pouvait bien lui vouloir ce lépreux indigène ' Elle passa l'inspection détaillée de toutes ses robes, de son linge et regarda même la cachette où étaient enfouis ses bijoux. Depuis qu'elle avait assisté au jugement rendu par la Mère Marie-Jo-seph, elle n'avait plus qu'une confiance médiocre dans l'honnêteté des malades ; s'ils étaient capables de se voler entre eux, dans le même village, une modeste poule, ils trouveraient encore plus tentant de s'approvisionner aux dépens d'une femme qui était d'une autre race. Elle se souvint, par association d'idées, du vol des bas de soie de Lulu qui avait entraîné son renvoi de «Marcelle et Arnaud» et modifié le cours de son existence. Oui, ce jour-là, Lulu avait raison Chantal l'avait volée. Depuis, une justice implacable s'était chargée de la punir. Le seul fait d'être obligée de cacher ses bijoux pour ne pas les voir volés par un lépreux, dans une île perdue, était un des aspects du châtiment. (A suivre...)




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