Résumé de la 72e partie ? Chantal remarque que les lépreux les plus atteints sont jetés au fond de la cale du navire...Les autres passagers du «Saint-John», malgré leur propre maladie, trouvaient l'aspect de ces malades, dont les corps se décomposaient, épouvantable et l'odeur qu'ils dégageaient insupportable. De temps en temps, l'un des lépreux du pont se penchait au-dessus du trou béant et se retirait précipitamment avec dégoût. Chantal observait ce manège : les lépreux se détesteraient-ils entre eux ' Les degrés de la maladie marqueraient-ils la limite de leur camaraderie 'Confusément, sans qu'elle sût très bien pour quelle raison, la jeune femme sentait une immense ranc?ur planer sur le cargo. Elle avait déjà remarqué, dans la file des lépreux qui stationnaient sur le quai de Levuka, des lueurs fugitives d'animosité à l'égard des gens bien portants... Mais ce n'était rien à côté du courant de haine qui, sur le «Saint-John», montait de la cale au pont, allait de la proue à la poupe, enveloppait chaque malade en haillons. Que serait-ce quand ces misérables découvriraient sa présence parmi eux et quand ils sauraient qu'elle aussi était atteinte par le fléau 'Elle était glacée d'épouvante à l'idée que sa beauté exciterait la convoitise d'hommes sans bras ni jambes, ou la jalousie de femmes aux visages défigurés ; et elle se blottit dans un coin de la cabine pour que personne ne pût la remarquer à travers les vitres.Sa tête lourde comptait les battements des pistons, les scandait en répétant un mot qui revenait toujours le même, lancinant : «Makogaï, Makogaï...» Elle prit sa tête dans ses mains et hurla :? Robert ! Au secours !L'ingénieur était loin ; personne n'entendit son cri qui se perdit dans le bruit de la machine. Elle était seule, avec sa souffrance et son amour brisé, regardant autour d'elle, hagarde et affolée, comme si elle craignait qu'on ne l'eût entendue et que toute la horde des monstres ne se ruât dans la cabine pour la voir de plus près. Personne n'avait relevé la tête sur le pont ou dans la cale. Elle enfouit son mouchoir dans sa bouche et continua de hurler pour elle, ne s'arrêtant que lorsqu'elle fut sans souffle, exténuée.Alors, elle orienta son regard vers sa droite : les enfants lépreux étaient là, en train de jouer sur le pont, de courir comme ils le pouvaient, sans paraître se soucier le moins du monde de leur maladie et de l'horreur qui les entourait. Elle les contempla avec pitié et reconnaissance : eux seuls ne semblaient pas répandre la haine.Une étrange mélodie détourna son attention un chant, fait de syllabes incompréhensibles pour elle, provenait de l'arrière du «Saint-John», où les lépreux hindous s'étaient groupés et accroupis sur le pont en demi-cercle. (A suivre...)
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Posté Le : 17/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Guy des Cars
Source : www.infosoir.com