Algérie

Suspense



Suspense
Résumé de la 73e partie ? Chantal est soudain attirée par une étrange mélodie de lépreux hindous accroupis sur le pont du navire...Ils psalmodiaient leur complainte en s'accompagnant d'instruments à son fixe que Chantal n'avait encore jamais vus, ni entendus. Que pouvaient bien dire les paroles de ce chant de désespérance ' L'avant du cargo était accaparé par les lépreux chinois, qui ne chantaient pas, ne prononçaient pas un mot. Une femme, parmi eux, était monstrueuse : elle berçait un nouveau-né dans deux bras réduits à l'état de moignons, des bras où il n'y avait plus de mains pour caresser la tête de l'enfant.Chantal ferma les yeux pendant de longues minutes pour ne plus voir toute cette tristesse. Elle savait qu'il n'y avait pas un coin du «Saint-John» où elle pût poser son regard sans rencontrer des faces grimaçantes et boursouflées. Les lépreux pullulaient sur le cargo comme une vermine ; ils s'accrochaient à tout, même aux mâts que quelques-uns d'entre eux tenaient enlacés pour pouvoir se maintenir debout, Chantal songeait à l'étrange destinée de tous ces êtres, parmi lesquels certains avaient peut-être été beaux, venus de tous les points du monde pour échouer dans un îlot du Pacifique. Ses yeux étaient toujours fermés lorsqu'un sifflement enroué de la vieille sirène du «Saint-John» les lui fit ouvrir. Devant elle s'étalait la baie de Dallice qui lui parut une baie de paradis, avec sa végétation luxuriante de palmiers, de bambous, de cocotiers, de plantations d'ignames, de bananiers, d'ananas.Sur une plage des centaines de lépreux faisaient de grands gestes et poussaient en ch?ur un cri guttural «Selo / selo /» Le débarquement de la cargaison du «Saint-John» était un événement attendu. Peut-être les habitants de l'île maudite allaient-ils retrouver, dans cette nouvelle fournée, des compatriotes qui leur apporteraient des nouvelles fraîches et vivantes de leur pays ' Ils savaient aussi que le «Saint-John» transportait le courrier et des colis qui leur étaient destinés. Ce soir, ce serait fête dans l'île dans chaque village, les lépreux danseraient autour d'immenses brasiers en poussant leur cri de joie : «Selo / Selo /»Après avoir lancé un dernier appel de sirène, le «Saint-John» avait accosté à la jetée en bois. Le bruit de l'antique machine s'était enfin arrêtéChantal n'en pouvait plus de l'entendre. Cette machine lui avait trop martelé le c?ur.La police de l'île monta à bord elle se composait de deux gendarmes, qui, eux, au moins, n'étaient pas lépreux ! Ils vérifièrent avec soin les papiers de chaque voyageur avant de l'autoriser à prendre pied sur l'étroit débarcadère. Chantal préféra laisser passer tout le monde avant elle et attendre : elle quitterait le «Saint-John» la dernière... Elle put ainsi regarder l'étrange procession de miséreux qui s'avançait maintenant vers l'autre extrémité du débarcadère où l'attendait un petit groupe d'Européens en blanc : des médecins sans doute et des religieuses qui portaient les mêmes cornettes que celles déjà entrevues au couvent de la rue du Bac. (A suivre...)




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