Algérie

Suspense



Suspense
Résumé de la 59e partie ? Williams pénètre dans la cabine de Chantal avec un bouquet de fleurs accompagné d'une lettre...De toute façon ce sera un moment merveilleux de notre existence. Au cas où vous éprouveriez quelques regrets en recevant cette lettre, n'hésitez pas à descendre et à me rejoindre au «Savoy Hôtel».Votre bateau ne repart que demain soir et une nuit de Singapour doit compter double ! Au cas, malheureusement plus probable, où je ne vous reverrais pas ce soir, dites-vous bien que je penserai à la dame en vert quand j'entendrai la sirène de départ de l'Empress of Australia. Peut-être reviendrez-vous un jour de votre lointaine croisière et ferez-vous de nouveau escale à Singapour ' Vous avez quelques chances de m'y rencontrer. J'ai l'impression très nette d'y être retenu par mon travail pour longtemps. Ce jour-là, vous seriez impardonnable si vous ne me faisiez pas une courte visite. Dans cet espoir un peu fou, je me permets d'inscrire de nouveau, au bas de ce mot hâtif, mon adresse et de vous baiser très respectueusement la main.Robert Nicot.»Chantal ne raisonnait plus ; un délire, une sorte de vertige l'entraînait à terre vers les sensations immédiates...Pendant le trajet en taxi du port à l'«Hôtel Savoy» elle était comme ivre, poursuivie par le parfum des kalkawas qui la conduisait directement à la couche de l'amant. Même si Robert ne devait être que l'amant d'un soir, elle saurait profiter de cette nuit. Elle oublierait tout : ses aventures banales et sa lèpre. Demain, quand le soleil inonderait de nouveau la presqu'île de Malacca, elle se réveillerait dans ses bras et, s'il le lui demandait, elle y resterait jusqu'à la mort. L'Empress of Australia pourrait bien lancer les appels de ses sirènes et poursuivre sa route vers Sydney : elle aurait déserté sa prison flottante pour le bonheur.L'«Hôtel Savoy» était confortable, aéré, construit sur le modèle de tous les grands hôtels anglais des pays chauds. Chantal ne vit rien, ni personne et lança le nom de Robert à un portier indigène qui lui répondit par un simple numéro d'appartement. Elle s'engouffra dans l'ascenseur et se retrouva dans un long couloir, tendu d'une natte grège, sur laquelle elle eut la sensation de voler plutôt que de courir. Elle frappa à la porte de l'appartement : celle-ci s'ouvrit tout de suite, comme si Robert avait reconnu son pas. Au pied du lit, sur une table basse, une gerbe de kalkawas, jetée là au hasard, répandait un parfum puissant et doux, remplissant les narines. Il avait eu raison de lui écrire que cette odeur magique était capable de les réunir une fois de plus. Au contact de ses lèvres, elle ne se soucia plus de ce qui pourrait arriver au réveil. Jamais, auparavant, elle n'avait été aussi heureuse. Jamais plus elle ne devait l'être autant. Par la baie, ouverte sur le parc de l'hôtel, pénétraient les mille bruits d'une nuit moite... (A suivre...)




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