Algérie

Suspense



Suspense
Résumé de la 45e partie - Chantal fuit la 1re classe pour se retrouver chez les émigrants. Perdue dans cette masse misérable, Robert n'aurait jamais l'idée de venir la chercher dans un lieu pareil...Au centre de la pièce, où l'atmosphère surchauffée était brassée sans cesse par le tourbillon des ventilateurs et où la lumière du jour ne pénétrait qu'avec parcimonie par des hublots placés trop haut pour que les passagers pussent même apercevoir la mer, des couples s'étaient enlacés pour danser au son d'un accordéon.Le bal des émigrants venait de commencer : il durerait toute la nuit. Il n'y avait aucune raison pour que, seules, les classes de luxe eussent le droit de s'amuser ou de tuer le temps. Une odeur indéfinissable, faite d'un mélange de vernis, de ripolin et de la mauvaise graisse dont les Italiennes enduisaient leurs longs cheveux plats, lui montait à la tête. Le spectacle de cette humanité triste et vagabonde, cahotée sur les mers, à la recherche d'un bonheur refusé dans le pays d'origine, la bouleversait. Mais au moins, ces gens étaient bien portants : même les plus malades n'avaient pas la lèpre. Elle était la seule lépreuse de l'Empress of Australia, elle en était sûre, et, cependant... ces figures ravagées qui l'entouraient, ces traits tirés, ces yeux cernés de vice et de fatigue...L'accordéon ne s'arrêtait jamais, les couples valsaient ; les hublots ne laissaient plus passer aucune clarté, la nuit brûlante de la mer Rouge s'était abattue, pesante, sur le navire ; l'atmosphère était devenue irrespirable ; elle ne resterait pas une seconde de plus au milieu de cette cohue bariolée parlant toutes les langues ; elle s'arracha, par un effort surhumain, à la banquette où elle avait pensé vivre jusqu'à Singapour et elle s'enfuit à nouveau. Elle courait au hasard dans le dédale des couloirs et des escaliers ; il lui fallait humer de nouveau l'air du large. Elle le retrouva enfin sur le pont des premières qu'elle avait rejoint par miracle. Elle le longea rapidement, frôla les rocking-chairs où somnolaient des femmes en décolleté et brasillaient des cigarettes au-dessus de plastrons blancs, happa au passage des bouffées d'airs à la mode déversés par le jazz dans le salon et répandus sur l'immensité des flots par les baies grandes ouvertes.Enfin, elle retrouva le couloir de sa cabine où elle pénétra en se glissant comme une ombre. Son lit s'offrait de nouveau, la couverture était faite.Un dîner apporté par Williams l'attendait sur un plateau un air moins empesté pénétrait par le hublot : elle retrouvait «son» luxe, celui après lequel elle avait couru pendant sa jeunesse et dont elle n'arriverait jamais à se passer...Quand Williams pénétra dans la cabine, après avoir frappé avec toute la discrétion désirable, elle somnolait encore sa tête était lourde. Chantal avait la fièvre et sentait une forte douleur au bras droit, ayant l'impression bizarre qu'une corde passait derrière son coude et la serrait violemment. (A suivre...)




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