Algérie

Suspendue mais pas annulée


La «suspension», la deuxième du genre, de cette folle mise à  l'encan, a été rendue publique vendredi soir par le commissaire-priseur Bertrand Cornette de Saint Cyr. «Devant l'émotion suscitée par cette vente, nous avons décidé de la suspendre afin que toutes les parties concernées puissent examiner dans le calme le contenu réel de cette collection», a déclaré, non sans cynisme,  vendredi soir à  l'AFP, Bertrand Cornette de Saint-Cyr. L'exposition publique des objets – plus de 800 répertoriés dans le catalogue de l'enchère – mis en vente par la fille de l'ancien bourreau, qui devait avoir lieu à  partir de samedi à  l'hôtel Salomon de Rothschild, dans le 8e arrondissement de Paris, est en conséquence annulée, a précisé le commissaire-priseur. Les enchères ne seront portées que plus haut. «Le ministre (de la Culture, Frédéric Mitterrand) m'a appelé pour me faire part de l'émotion grandissante que suscitait cette vente, notamment en Algérie. La vente est légale mais nous avons pris la décision de la suspendre», a renchéri le commissaire-priseur.  Mercredi, la maison de vente a retiré de son catalogue une réplique d'une guillotine haute de 4 mètres, mise à  prix à  6000 euros, selon Le Figaro. Vendredi, Frédéric Mitterrand, le ministre français de la Culture, a exprimé sa «vive préoccupation» au sujet de cette vente, et dit, dans un communiqué rendu public, «souhaiter fermement (son) annulation car la collection concernée, écrit-il, relève par sa nature plus de la morbidité et de la barbarie que de la culture (et) soulève par sa provenance de douloureux questionnements historiques». Plusieurs associations de défense des droits de l'homme se sont également opposées à  la vente, une initiative «très choquante et contraire à  toute morale», ont-elles estimé. Le sénateur Jean-Pierre Sueur (PS), président de la commission des lois, a interpellé le Premier ministre, François Fillon, lui faisant part dans sa lettre de son «indignation devant cette manifestation morbide qui commercialise la torture (et qui est) outrageante à  l'égard de la mémoire des àªtres humains qui ont été victimes de la torture». Pour sa part, le Conseil des ventes volontaires (CVV), autorité de régulation de la profession, se contente, dans un communiqué publié mercredi, de relever le caractère «étrange et inquiétant» de la collection de Fernand Meyssonier. Le CVV n'ira toutefois pas jusqu'à en remettre en cause la «légalité». «La nature des objets mis aux enchères a conduit le Conseil à  s'interroger, au-delà de toute considération éthique, sur la valorisation financière de ces objets, sur le cadre juridique entourant cette vente», lit-on dans le communiqué. Le CVV a demandé à  la maison de vente «d'informer les enchérisseurs potentiels sur les contraintes juridiques spécifiques qui pèsent sur la circulation des objets mis en vente» et de «veiller à  ce que l'exposition publique des objets, comme le déroulement de la vente elle-même, soient organisés dans des conditions propres à  respecter la sensibilité de chacun», et ce, conformément au «règlement européen (CE n°1236 8208 du 27 juin 2005) concernant le commerce de certains biens susceptibles d'être utilisés en vue d'infliger la peine capitale, la torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants qui interdit ou, selon le cas, soumet autorisation administrative l'importation et l'exportation hors du territoire de l'union communautaire de cette catégorie d'objets».  
En visite en Algérie mardi dernier, François Zimmeray, ambassadeur français pour les droits de l'homme, a qualifié cette vente d'«histoire de très mauvais goû». «Je n'ai pas envie qu'un sujet aussi grave et aussi essentiel que l'avenir de l'Algérie, qui passe par la liberté, soit pollué par ce genre de polémique. Je trouve cela un peu obscène. Il ne faut pas s'arrêter à  ces choses-là», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
 
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