Sûrement qu'il ne faut pas aller chercher midi à quatorze heures dans l'épineux dossier du Sahara Occidental. La rigidité des positions des parties directement concernées par le dossier, en l'occurrence les Marocains et les Sahraouis, ne saurait se conformer à des règles dictées par l'ONU, car l'on sait que les arbitrages pour les grands problèmes de ce monde obéissent surtout aux grands enjeux des puissances et de leurs intérêts. D'abord, quelques premiers repères. Dans toute cette histoire, on oublie que le Polisario a eu d'abord à lutter contre le colonialisme espagnol, qui a eu, à un moment délicat de son histoire, à se débarrasser d'un devoir sans en imaginer les conséquences sur un peuple spolié de sa dignité. Après maintes péripéties depuis la fameuse « Marche verte », tout le monde est aujourd'hui convaincu que la monarchie alaouite joue sa survie dans cette affaire. Non pas qu'elle craigne, si elle se pliait aux différentes résolutions onusiennes, quelques excroissances venues de l'extérieur de ses frontières, ni même une prétendue volonté de leadership prêtée avec mauvaise foi aux Algériens, mais bien la montée de grandes turbulences au coeur même du trône. Aussi, sans doute faudrait-il rappeler que le défunt Hassan II n'a pu voir sa couronne épargnée que quand il a eu le mauvais génie d'organiser la superbe manigance de focaliser l'attention de son peuple et de son armée sur cette entorse au droit international. On oublie encore au passage que le Sahara Occidental avait été partagé avec la Mauritanie et que les Mauritaniens, après avoir goûté à l'amère saveur de l'expansion territoriale, avaient vite fait d'abandonner un territoire dont ils n'avaient que faire. Nul n'ignore non plus que les autorités algériennes aient été sollicitées par le défunt roi avec toute sa grande bénédiction pour disposer d'une partie du Sahara comme ils l'entendent. Le sacro-saint principe l'avait emporté et l'Algérie, un pays qui venait de conquérir depuis à peine un peu plus de dix ans son indépendance, n'allait pas bafouer un sacerdoce pour aller coloniser un autre. Ensuite, une autre vérité. Les dirigeants marocains ont raison d'affirmer que les Algériens sont partie prenante dans ce dossier. L'Algérie est, bien sûr, concernée. Mais elle l'est au même titre que le Lesotho, la Côte d'Ivoire ou le Mozambique au nom du simple mais combien fondamental principe de l'intangibilité des frontières héritées du colonialisme ! De plus, au-delà de cette loi africaine bien particulière et sacrée, s'il risquait d'être mal plié, le dossier sahraoui donnerait naissance à de nouveaux Palestiniens, car là aussi il s'agit d'abord d'un peuple. Enfin, une certitude. Dans ce fourmillement de la grande histoire et avec la nouvelle intransigeance formulée dimanche par le roi du Maroc, l'espoir d'un dénouement entretenu çà et là est mis à mal. Il ne s'agit assurément pas d'une manoeuvre de négociation mais bien d'une porte définitivement fermée. L'espoir d'une solution ainsi disparu, la détermination du peuple sahraoui une nouvelle fois affirmée et la tiédeur de l'ONU n'offrent plus que des perspectives désastreuses pour toute la région. Ces perspectives seront à l'opposé du seul et unique désir avoué des grandes puissances: la stabilité. La fin du statu quo ne militera plus pour leurs intérêts.
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Posté Le : 02/08/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : B Zoubir
Source : www.lequotidien-oran.com