Algérie

Surveillance du scrutin : 42 000 agents des forces de sécurité mobilisés



«Nous nous sommes mis à  la disposition de l'ISIE (commission électorale) dont le président, Kamel Jendoubi, a été le chef d'orchestre de cette opération», résume à  l'AFP le chargé de communication du ministère de la Défense, Haïkel Bouzouita. Fait sans précédent dans l'histoire tunisienne, tout le processus électoral a été pris en charge par une institution indépendante de l'Exécutif après des décennies de fraudes orchestrées par le ministère de l'Intérieur. Demain, 22 000 militaires et 20 000 policiers et gendarmes assureront la surveillance du scrutin et le maintien de l'ordre dans un contexte à  risque, compte tenu de l'enjeu. Des patrouilles mixtes sécuriseront le périmètre des quelque 7 000 bureaux de vote installés sur le territoire, et des hommes seront placés en réserve pour intervenir en cas de troubles. Les contrôles sur les routes ont été renforcés, notamment à  l'intérieur du pays, ont constaté des journalistes de l'AFP. «Les élections se dérouleront dans les meilleures conditions sécuritaires, il ne faut pas croire les rumeurs prétendant le contraire», a affirmé cette semaine le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hichem Meddeb.
Après la chute de Ben Ali le 14 janvier, la période de transition a été émaillée de poussées de violence et nombre de partis ont mis en garde contre des tentatives de faire dérailler le scrutin. «On se prépare à  tout, il est toujours envisageable que des esprits surchauffés tentent de perturber les opérations ici ou là, mais nous sommes prêts. L'important est que les électeurs se sentent en sécurité», affirme Haïkel Bouzouita. Les potentiels «foyers de troubles», autrement dit les régions où se sont déjà déroulées des violences – Kasserine, Sidi Bouzid (centre-ouest), Menzel Bourguiba (nord), zone frontalière avec la Libye (sud) – seront sous haute surveillance, selon une source gouvernementale. Les militaires assureront également le transport des urnes vers les centres de regroupement (un dans chacune des 27 circonscriptions du pays). Quelque 2500 véhicules, 14 hélicoptères et un bateau (pour les à®les de Djerba et des Kerkennah, au sud) ont été prévus, a précisé le porte-parole du ministère de la Défense, le colonel-major Mokhtar Ben Nasr. «C'est une première, un phénomène tout nouveau. On a vraiment envie que ça se passe bien», insiste Haïkel Bouzouita, qui, en tant que civil, se prépare à  aller voter «les larmes aux yeux», alors que les corps constitués – militaires, policiers et magistrats – n'ont pas le droit de participer au scrutin. «La pression sur les épaules des forces de sécurité est très importante», souligne une source diplomatique. «Les militaires sont à  flux tendus, très fatigués et n'ont qu'une hâte : retourner dans leurs casernes», estime cette source. L'armée tunisienne (environ 36 000 hommes), qui n'avait qu'un rôle secondaire sous Ben Ali, a été très sollicitée depuis neuf mois, notamment à  la frontière avec la Libye en guerre. Son chef, le général Rachid Ammar, a publiquement affirmé en janvier que «l'armée se porterait garante des acquis de la Révolution». Les policiers, eux, sont dans une position inconfortable. Au contraire des militaires, loués par la population pour s'être tenus à  l'écart de la répression, cette force de quelque 63 000 hommes a été l'instrument n°1 du régime Ben Ali et reste très déconsidérée. «Ce n'est pas forcément simple pour l'armée et la police de travailler ensemble, ce qu'ils devront faire dimanche», souligne la source.


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