Algérie

Surtout pas de femmes, thé ou vin, c'est kif-kif



Sur la page Facebook de l'ami et confrère Aïssa Arab : « Comme pour l'affaire de Boulimat, les voisins s'en tiennent à un seul et unique argument : nos femmes, nos s?urs et nos filles, en sortant sur le balcon, ont une vue directe sur la terrasse de ce... salon de thé... » Ce à quoi, un autre confrère, Amar Ouali en l'occurrence, avait répliqué en ajoutant de l'audace à la pertinence : « Il se passe quoi sur cette terrasse, on y tourne des films pornographiques » ' On aurait pu commencer par là mais ce n'est pas grave de prendre quelques libertés sur la rigidité professionnelle de temps en temps. Allez, disons surtout pendant le Ramadhan, histoire de faire comme tout le monde. On aurait donc pu mais surtout dû donner l'info en premier. Mais voyons d'abord ce qui s'est passé à Boulimat. Il y a quelques semaines, une descente de police dans un bar clandestin de la localité qui employait aussi des prostituées. Ça aurait pu être une chose « normale » si les choses se passaient... normalement. Mais on sait comment se déroulent ce genre d'« opérations », en raison des femmes et surtout en raison des « riverains », toujours disponibles et souvent à l'initiative pour les fonctions de pasdarans de la vertu. Et c'est quoi le rapport avec ce qui vient de se passer au c?ur de Béjaïa ' Ça aurait pu être « aucun ». Ici, il n'y a ni alcool ni filles de joie, il n'y a même pas de « clandestinité ». Mais ça peut aussi faire une vraie analogie : c'est une femme qui veut ouvrir et gérer un salon de thé, il y a certainement des femmes seules et des couples qui vont fréquenter l'établissement et par-dessus tout, l'établissement ose une terrasse dans la proximité d'une mosquée ce qui est insupportable pour la vue très sensible d'un voisinage habitué au vide sidéral sur la... contre-plongée de leurs balcons ! Parce que ce genre de riverains, de voisins, de citoyens et parfois d'associations ont tous les droits quand il s'agit de cas similaires. Ce sont des situations où la loi devient une vue de l'esprit. Il suffit qu'ils montrent leur courroux et tout le monde se couche ! Les policiers qui oublient le droit positif pour agir comme des imams, des élus qui s'appuient sur l'avis de l'imam pour interdire une activité commerciale et au final un directeur du culte plus lucide, plus ouvert que les « citoyens » et leur « association » de quartier. Dans cette histoire comme dans les autres qui y ressemblent, peuvent se multiplier les antagonismes, les confusions, les centres d'intérêts et les centres de pouvoir. Mais tout ce beau monde, comme par le passé, va finir par se mettre d'accord sur l'essentiel : réduire chaque jour un peu plus les espaces de libre de détente et de liberté, surtout quand ils réunissent les femmes et les hommes. Que le vin ou le thé en soit le prétexte, il n'y a déjà plus différence. Surtout qu'en face, il n'y a quasiment plus aucune résistance.S. L.


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