Sursaut collectif

L'Afrique s'invite à Alger pour parler de son avenir économique. Les quelque 2.000 hommes d'affaires venus de tout le continent vont explorer ensemble les voies et moyens de tisser des partenariats gagnant-gagnant et d'enclencher le sursaut africain. Prenant la parole à l'ouverture du Forum africain d'investissements et d'affaires, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a plaidé pour un « bond qualitatif » du continent pour réaliser sa transformation structurelle, en s'appuyant sur ses propres compétences et son entrepreneuriat. La mission n'est certes pas de tout repos, mais l'Afrique doit prendre son destin en main et en finir avec les « clichés » et les « idées reçues ». Elle doit, surtout, inverser la tendance qui fait qu'actuellement, seuls 12% de ses échanges commerciaux se font en intra-muros. L'Afrique produit pour les autres et consomme ce qu'elle ne produit pas. C'est qui devrait changer, selon Abdelmalek Sellal, qui a tenu à rappeler les efforts consentis par le président de la République en faveur de l'émergence du continent sur la scène mondiale. Non, l'Afrique ne devrait pas être réduite à un simple gisement de matières premières, mais se lancer dans une économie productive et une croissance vigoureuse et pérenne, tout en poursuivant la lutte contre la pauvreté, la criminalité, l'émigration et le terrorisme. En effet, seul un développement socioéconomique soutenu est à même d'annihiler ces phénomènes qui empêchent le décollage de l'Afrique. A ce titre, le Forum d'Alger est une opportunité pour les hommes d'affaires africains pour créer des synergies et des interconnexions à même de porter le sursaut africain au sommet. Toutefois, il reste indispensable de s'attaquer aux sources de blocage, à commencer par la question des normes et règlements, mais aussi le développement des infrastructures de base qui demeure le talon d'Achille du continent. L'Algérie a pris conscience de ce déficit et consenti d'énormes efforts, à travers la route transsaharienne, mais aussi et surtout la réalisation du futur port de Cherchell, devant constituer un véritable hub. Le développement de l'Afrique sera à chercher ailleurs que dans l'exportation des matières premières. L'Algérie l'a bien compris et a entamé un vaste chantier de diversification de son économie. En réorientant sa politique vers son espace naturel, qu'est l'Afrique, l'Algérie entend jouer le rôle qui a toujours été le sien : contribuer efficacement au sursaut collectif du continent.