Un fait banal, comme la « délocalisation » d'un projet de lycée ou d'une décharge communale, ravive, en quelques jours, ou en quelques heures, des tensions politiques larvées, contrebalançant le fond du problème, en transférant le débat sur le terrain mouvant de la politique. Dès qu'un conflit surgit, ou qu'une simple requête sociale s'exprime sous différentes formes, l'on cherche immédiatement l'instigateur partisan pour le clouer au pilori. Si l'on croyait que les partis politiques avaient la vocation de concevoir des projets de société à l'échelle de tout le pays, on était loin de se douter que les « disciplines partisanes » puissent être mises en branle à propos d'un micro problème soulevé dans un quartier ou un village. Cela fausse complètement les termes du débat et ruine gravement les chances de trouver une issue au différend. Cela était compréhensible aux premières années de l'ouverture démocratique, où l'on parlait de l'apprentissage laborieux de la démocratie. Vingt ans plus tard, le sens du combat politique, celui des idées, n'a guère été assimilé.On prend à partie le voisin, le quartier d'en face, ou le village limitrophe, en arborant une étiquette politique et en sonnant le rappel des troupes. L'examen objectif des situations cède le pas devant des bras de fer dont les retombées sont souvent catastrophiques pour l'ensemble de la collectivité. Des épisodes de ce genre de tensions, hautes en couleurs politiques, défrayent régulièrement la chronique locale. Des attitudes quasi schizophréniques sont observées, lorsqu'on ne sait plus s'il s'agit de régler un conflit ou d'organiser un pugilat. Des déclarations ont ainsi appelé au calme tout en tirant à boulets rouges sur la « partie » adverse. La presse, chargée de rendre compte avec objectivité des faits, ne sort pas indemne de l'exacerbation des tensions. Des protagonistes oublient trop souvent qu'ils se réclament de formations politiques ayant reconnu le principe de la liberté de la presse et de l'indépendance du journaliste.
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Posté Le : 06/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com