«Je rends hommage à tous ceux qui n'ont pas fait la grève dans cette
période délicate et je lance un appel fraternel à tous. Quand il y a un problème,
nous le réglons ensemble», c'est en ces termes que le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, en visite jeudi à
Oran, s'est adressé aux chefs de service du CHUO, lors d'une rencontre tenue au
sein de cet établissement, pour leur exprimer sa position par rapport à la
grève déclenchée par les hospitalo-universitaires dernièrement au niveau
national. Tantôt réconciliateur, tantôt menaçant, le ministre a fait passer son
message en déclarant : «Je suis un confrère et un allié au secteur. Je suis
désolé pour les remous qu'a connus le secteur de la santé dernièrement et je
suis contre la grève». Des propos pour lesquels certains présents ont affiché
des grimaces et levé des voix de mécontentements. Mais pour le premier
responsable du secteur, la santé se porte bien. Les projets avancent, même si
des retards sont annoncés, ici et là, et des accords ont été conclus avec le
partenaire social sur tous les points de discorde qui opposaient les deux
parties. «Tout a été signé. Nos engagements ont été tenus. Il reste le problème
de la prime de performance. Nous le règlerons ensemble. Des négociations sont
en cours sur l'effet rétroactif de cette indemnité. Je vous promets que je me
battrai pour qu'il y ait l'effet rétroactif de cette prime. Pour moi, ce n'est
pas un problème». De belles paroles de la part du ministre, mais qui n'ont, cependant,
pas rassuré une partie de l'assistance. C'est lors des débats que certains
chefs de service ont développé le discours contraire, estimant que «la santé va
mal, mal, mal». Elle va mal et sur tous les plans, parce que tous les projets
dont a parlé le ministre et les engagements pris pour
améliorer la situation des hospitalo-universitaires ne sont pas palpables sur
le terrain. Selon leurs déclarations, «des travaux de réhabilitation sont, certes,
menés dans différents services, mais il s'agit de travaux qui ne durent pas. La
situation est catastrophique au niveau de ces établissements et c'est la vie
des malades qui est menacée». Un autre problème est relevé par ces praticiens, celui
des salaires qui sont inférieurs par rapport à ceux de leurs confrères dans les
autres wilayas. La différence a atteint les 10.000 DA, selon leurs déclarations.
M. Ould Abbès a instruit, sur
le moment, le secrétaire général des finances, présent à cette rencontre, de
prendre en charge ce problème immédiatement.
Abordant l'éternel problème des médicaments, le ministre a reconnu
clairement qu'effectivement, ce marché fait l'objet de tension, de rétention, de
fraude, de corruption et de surfacturation. M. Ould Abbès, qui a longtemps démenti l'existence de pénuries de
médicaments qui continuent de gangrener le marché, a annoncé qu'une enquête
menée a révélé une surfacturation de 153 millions de dollars. «C'est
hallucinant et ahurissant», a souligné le ministre. D'autres révélations plus
accablantes sur le médicament : le ministre a indiqué que «666 distributeurs de
médicaments sont agréés. La majorité de ces grossistes disparaissent deux ans
après pour échapper à la loi qui oblige ces opérateurs à passer à la production
du médicament après 24 mois d'exercice». Cette enquête a aussi mis à nu les
pratiques frauduleuses de certains laboratoires qui, dira le ministre, «facturent
la matière première importée de l'Inde et de la Chine à 20.000 euros le kilo,
alors qu'elle a été achetée à 300 euros». Les dossiers de surfacturation ont
été transmis aux ministères des Finances et du Commerce qui, souligne M. Ould Abbès, ont la prérogative de
saisir la justice. Des poursuites judiciaires contre les contrevenants est
probable, a indiqué le ministre.
Pour mettre fin à ces pratiques, M. Ould Abbès a annoncé qu'un conseil interministériel a été tenu
pour étudier le dossier du médicament. Il a été décidé la création de la Commission nationale de
médicament, composée des représentants du ministère de la Santé, de l'Intérieur, de la Défense nationale, tous
les représentants du corps médical, des agences de médicaments, les producteurs
et distributeurs ainsi que les représentants d'associations de malades. En cas
de manque de médicament, le problème est directement signalé à la commission
pour le régler. M. Ould Abbès
a aussi annoncé le déblocage du financement pour six mois de stocks de
médicaments ainsi que pour le plan ORSEC.
Sur le plan des recrutements, le ministre a indiqué que pour l'année 2012,
2.000 spécialistes, 2.000 généralistes, 100.000 paramédicaux et 1.000
administratifs seront recrutés dans le secteur, en plus de 129 nouvelles
structures à réaliser.
Pour la wilaya d'Oran, le ministre a proposé, après insistance du wali
d'Oran pour la création d'une cité de la santé, de mettre à la disposition du
secteur un terrain pour la création d'un complexe mère-enfant
qui sera géré par les Cubains qui se trouvent actuellement au niveau de 13
wilayas du pays. La semaine prochaine, le ministre se rendra une 2ème fois à
Oran pour l'inauguration d'une agence d'allogreffes à l'EHU
d'Oran.
Posté Le : 21/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com