Algérie

Surexploitation du téléphérique, arrêts répétés et usagers désenchanté



Surexploitation du téléphérique, arrêts répétés et usagers désenchanté
A. LemiliAvant qu'il ne soit mis en exploitation, le téléphérique de Constantine avait nourri tous les espoirs. Ils se confirmeront aux premiers mois mais les arrêts répétés (2009-2010-2011-2012-2013...2014) moins d'une année après sa mise en fonction en 2008, allaient vite installer le désenchantement. Du coup, les usagers allaient, en ce qui les concerne, revenir à leurs anciennes,mauvaises forcément, mais inévitables habitudes et pour cause l'absence de moyens de transport de substitution, en subissant et en acceptant toutes lesbrimades possibles de la faune des transporteurs toutes natures confondues. Il faut évidemment préciser que compte tenu des capacités sur lesquelles les pouvoirs publics locaux, dont plus particulièrement la direction des transports, avaient énormément glosé, le téléphérique était condamné à devenir le moyen de transport qui règlerait de manière définitive les contraintes vécues par les populations des hauteurs de la ville, à savoir haï Emir Abdelkader où a été implanté le terminus dit lieu de garage. A un degré moindre les habitants de la méga-cité Ziadia et la Baum allaient, à leur tour, gagner sur un raccourci de leur déplacement d'une part et surtout la disponibilité d'un moyen de transport dont la régularité ne pouvait être mise en défaut que par celle d'un métronome. Autrement dit, en tournant sans désemparer, les satellites ou cabines assuraient en une huitaine de minutes la traversée à vol d'oiseau d'une distance au sol qui, pratiquement, est incomparable compte tenu de sa nature : descente ou pente, c'est selon, lacets, bouchons et insécurité en raison des moyens empruntés dont notamment les «Tata», ces bus d'origine indienne dont l'âge dépassait la trentaine d'années.Des bus qui alimentaient la rubrique des «faits divers» des journaux parles accidents répétés et parfois aux conséquences dramatiques. Selon un bilan fourni au milieu de l'année 2012, le téléphérique aurait permis le transport de12 000 000 d'usagers. Ce qui ne peut qu'être vrai compte tenu de son utilisation à une cadence infernale, mais toutefois un usage pompeusement vanté par les pouvoirs publics locaux sinon par l'Entreprise de transport de Constantine (ETC), société prestataire. Les 33 cabines devaient transporter en théorie (et en pratique également compte tenu de la demande) 15 personnes pour une rotation qui de bout en bout n'excédait donc pas la huitaine de minutes. D'où ces chiffres officiels avancés en août 2012 : 500 personnes transportées à l'heure, 10 000 passagers par jour et une pointe calculée à 16 000 exceptionnellement. Incontestablement, le téléphérique a révolutionné le quotidien de galérien de milliers de Constantinois, jusque-là otages d'aigrefins du transport entre bus collectifs et clandestins, et les fait se retrouver face à un moyen de déplacement propre, confortable, pas onéreux avec en prime un moment de villégiature qui permet à celui qui l'emprunte une vision exceptionnelle des gorges du Rhumel. Cet appendice touristique du téléphérique a d'ailleurs fait en sorte que nombreux sont les visiteurs en provenance d'autres wilayas et régions du pays à l'emprunter rien que pour le fun. C'est sans doute le revers de la médaille. Le téléphérique a été victime de son succès, ce succès claironné par la direction de l'ETC, dont les responsables ont semblé oublier toutefois que les arrêts successifs tout au long de ces cinq dernières années, officiellement mis sur le compte de la maintenance, l'amputation de la moitié des cabines du parcours est à mettre sur une exploitation irrationnelle d'un équipement qui était censé être à usage touristique avec un programme bien déterminé et non pas de transport public effréné. C'est du moins ce que nous avons su de manière indirecte via un échange de propos entre le directeur par intérim de l'ETC et un cadre de l'union de wilaya de l'Ugta. Un entretien où le responsable de l'entreprise de transport affirmait en substance qu'il «était normal que les pannes se répètent, est-il besoin de rappeler que le téléphérique était destiné à un usage touristique et non pas commercial» (sic). Soulignons quand même l'avantage du téléphérique qui, lorsqu'il est exploité, permet de régler de manière incontestable les difficultés de transport des milliers d'habitants des cités évoquées en début d'article mais aussi deux ou trois milliers d'agents du centre hospitalo-universitaire qui disposent d'un arrêt in-situ. A contrario, ses arrêts impromptus, constituent de sérieux contrecoups pour ces usagers qui du jour au lendemain se retrouvent pieds et poings liés entre les mains des flibustiers du transport que sont les transporteurs collectifs, les clandestins et les professionnels des taxis. En outre, l'usage du téléphérique était censé régler de manière appréciable la fluidité du trafic automobile tout au long desparcours desservant le Chuc, la cité Emir Abdelkader, Ziadia, la Baum etinversement. Cela n'a été en fait le cas qu'au cours des premiers mois de mise en exploitation et encore parce que cette exploitation a été entamée au mois de juin 2008, autrement dit à la fin de l'année scolaire, universitaire, l'avènement des grandes vacances, les congés, etc...Une sorte de miracle trompeur en somme. L'installation aura coûté la bagatelle de près de deux milliards de dinars mais c'est surtout sur le SAV ou service après-vente que Garaventa, la société suisse de réalisation, s'était investie. Les arrêts à répétition ont donné raison à ses responsables. Sur le plan technique la distance parcourue s'étale sur 1,5 km, il existe trois stations et la vitesse sur le parcours est de 14 km/h en moyenne.Le téléphérique tourne sur une moyenne de 13 heures par jour. Enfin, nombreuses sont les rumeurs qui l'entourent, comme celle consistant à soutenir que l'un des plus importants socles de soutien des équipements ne serait pas consolidé et est menacé de rupture possible. Une rumeur qui a été officiellement démentie mais qui revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique. Un peu comme le peu de résistance à la charge des câbles, également démentie, mais sans que ne soit apporté un quelconque argumentaire quant à la réduction de moitié des cabines et par voie de conséquence la réduction de moitié du nombre de personnestransportées.A. L.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)