Décidément, dans notre pays, le très large succès cinématographique et audiovisuel populaire n'a pas et n'a jamais eu, sauf à de très, très rares exceptions (La Grande maison, les Vacances de l'Inspecteur Tahar, Hassan Terro, Omar Gatlato,…) «bonne presse». Pour une fois que les productions audiovisuelles (Jornan El Gosto, Kahwet el Gosto, Nass Mlah City, Achour El Acher,Djemai Family, El Kahwa, Eddama, El Batha…) de fiction réussissent, enfin, leur coup - durant le Ramadhan, mois certes d'abstinence, mais et surtout de pardon- ce qui est dommage car la continuité est souhaitée, voilà que les voix des «censeurs» sociaux, comme d'habitude se sont mis de la partie en tentant de les «descendre en flammes» en exploitant des «détails» de peu d'importance , les montant en épingle et, pourquoi pas, pousser les Autorités administratives à les interdire ou à stopper leur diffusion sans penser aux millions de téléspectateurs lesquels à défaut d'oignons à bas prix ou à des prix raisonnables, n'ont plus que leurs yeux pour pleurer ou leur c?ur pour compatir aux heurs, malheurs et/ou bonheurs de leurs nouveaux héros virtuels.On a eu donc la série «Eddama» qui a été «accusée» de diffusion d'un tout petit morceau de mur «bab-el oudien» sur lequel était tagué, disent-ils, le sigle d'un mouvement séparatiste classé terroriste donc .interdit politiquement. Au départ, une lecture trop rapide par un nouveau jeune élu national très heureux d'avoir trouvé ,enfin, un sujet de débat. De plus, pour lui, la série «encourage à la prolifération des stupéfiants dans les écoles car on montre que c'est un moyen rapide et efficace pour gagner de l'argent». Et, «les productions audiovisuelles doivent avoir un rôle de sensibilisation de la société » (....). Elles doivent «traiter les maux sociaux avec responsabilité, en présentant des solutions et à travers une langue de dialogues bien choisie et qui respecte les références [culturelles et morales] des Algériens». Langue de bois, langue «calcifiée» quand tu nous tiens ! Tout de suite, il est suivi par l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, l'Arav, qui a demandé des «clarifications» à l'Eptv qui a «apporté des éclaircissements» (à noter la réaction rapide et bien torchée du réalisateur et de citoyens du quartier ciblé qui ont démonté l'argumentaire des «critiques»: Pour eux, Il s'agirait plutôt d'un ancien graffiti aléatoire de jeunes du quartier qui n'a rien à voir avec le mouvement séparatiste susnommé). Puis suivie par l'Organisation nationale des parents d'élèves qui a déposé un procès-verbal de «dénonciation» auprès de l'autorité de contrôle de l'audiovisuel (ARAV) contre la série, «pour qu'elle intervienne et mette fin à toute action qui nuit à l'éducation des jeunes, porte atteinte au système des valeurs nationales, et détruit les bonnes m?urs». Puis, évidemment, suivi par l'Association des Oulémas (note: celle créée bien après l'Indépendance !) qui, pour sa part, est allée encore plus loin dans sa condamnation, le mois de Ramadhan ne devant certainement être consacré qu'à la prière, à la méditation et au jeûne. Rien que ça !
On a déjà abordé le problème de la surenchère sociétale qui a permis à tout un chacun, par la grâce des réseaux sociaux, cet «outil du malin» si généreux et si accueillant (avec les hommes, même accompagnés de leurs chats) , de s'ériger en gardien de la morale publique, et de propager la «pensée magique». Voilà donc que ça verse dans la surenchère médiatico-socio-politique. Avec l'objectif de contrecarrer toute tentative d'avancée ou d'ouverture culturelle sur les demandes culturelles populaires, le mois sacré de Ramadan étant l'alibi idéal.
Des demandes populaires si longtemps ignorées ! Une ignorance coupable car c'est, assurément, en couvrant les défauts et les dérives de nos «sociétés» (eh, oui, il existe bien plusieurs sociétés chez nous, tout particulièrement dans les villes) , en ne les montrant pas (avec art et en profondeur et non avec, seulement , du discours politique ou religieux , certes entendu mais jamais écouté ) qu'on a laissé proliférer les maux sociaux les plus inavouables (drogues, prostitution, violences diverses, spéculation…) et qui, à force d'être toujours trop et toujours ignoré ou esquivé -par choix idéologique ou par pudeur- ont littéralement explosé.
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Posté Le : 13/05/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Belkacem Ahcene Djaballah
Source : www.lequotidien-oran.com