Algérie

Surenchères et incertitudes



Surenchères et incertitudes
A un mois de la date limite de dépôt des candidatures à l'élection présidentielle du 17 avril auprès du Conseil constitutionnel, qui devra les valider dans les 10 jours qui suivent, les Algériens se perdent en conjectures. Tout concourt à donner l'image d'un grand souk. Un immense barnum où les «chauffeurs de bendir» ? ce tambourin bien de chez nous à la résonance particulière ? accompagnent les danseuses du ventre autour du thème du quatrième mandat pour le Président sortant, face aux plus sceptiques qui se murent, pour l'instant, dans un prudent silence ou préfèrent attendre pour riposter par la bande. Les plus zélés dans cette «zerda» font preuve d'audace, voire de culot, ne reculant pas devant la surenchère et les perfides attaques personnelles ou contre des clans, donnant ainsi l'image d'une véritable foire d'empoigne pour la prise du pouvoir. Tout cela concourt à charger l'atmosphère d'incertitude, de désintérêt à l'égard de ces luttes pour le pouvoir, voire de dégoût ressenti par la majorité des citoyens dont le quotidien n'a que très peu changé ces quinze dernières années.Dans ce carnaval qui ne dit pas son nom, les saltimbanques qui s'agitent veulent donner l'impression de prendre les Algériens pour des «gogos» prêts à tout «avaler» et à croire tout ce qu'on leur dit. Sinon, comment interpréter cette énième sortie du secrétaire général du FLN et ses attaques contre le DRS et son chef, qu'il accuse d'être responsables de tous les maux du maintien et de la perpétuation du «système», oubliant qu'il est lui-même un pur produit du système qui l'a propulsé jusqu'à devenir, sous le règne de Abdelaziz Bouteflika, le troisième personnage de l'Etat quand il présidait l'Assemblée populaire nationale ' Aujourd'hui, zélé serviteur du clan présidentiel dont il ne cache pas l'appartenance, il se met à «ruer dans les brancards» et se découvre une vocation «anti-système» de grand démocrate devant l'Eternel.Faut-il rappeler que les quinze dernières années se sont figées, depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika, dans un sidérant immobilisme où malheureusement la corruption, l'incompétence, l'esprit de clan et de revanche ont pris le pas sur tout le reste, au point d'être érigés en mode de gouvernance.Aujourd'hui, la majorité des Algériens aspirent au changement, à la fin du système actuel dont l'un des avatars est un semblant de monarchie tenue en main par un ersatz de «makhzen» où les thuriféraires du «monarque» et autres intrigants de sérail ont leur heure de gloire. Beaucoup pensent sans doute qu'un tel changement ne pourrait se faire dans l'immédiat. C'est dire, en d'autres termes, que le statu quo pourrait être conduit. Car tant que le «système» de cooptation et de désignation à toutes les fonctions de l'Etat, jusqu'à la magistrature suprême, demeure en vigueur sur des bases claniques, régionalistes et autres considérations, on ne peut espérer de réel changement. Sauf si ce statu quo était enfin mis à profit pour aboutir à un changement du système actuel par un autre, basé d'abord sur les compétences, l'engagement à servir la collectivité et les valeurs universelles, bref sur d'autres normes que celles qui ont cours actuellement.




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