Alors que l'actualité sanitaire est à la grève des blouses blanches et au
début des hostilités entre les importateurs de médicaments et le ministère de
la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, le ciel des malades
chroniques se voit couvrir de nuages avec la nouvelle nomenclature réduisant un
peu plus le champ des remboursements. Un aspect de la donne qui inquiète les
professionnels, dont le Docteur Lazouni, gérante d'une entreprise spécialisée
dans l'appareillage et la réhabilitation des malentendants. Selon elle, et
alors que l'Organisation mondiale de la santé, véritable baromètre planétaire
du secteur, a classé toute perte de l'audition dans la case des maladies
chroniques en faisant fi du degré de la perte, en Algérie, on continue encore à
ne s'intéresser aux personnes handicapées auditifs que lorsque la surdité est
permanente et définitive. «Ces personnes ne sont qualifiées d'handicapées que
quand la surdité est importante», ajoutera-t-elle. Cette différence notable
trouve sa finalité dans l'octroi d'une carte d'assuré sociale ou non. Toute personne
atteinte d'une maladie chronique est automatiquement prise en charge par la
sécurité sociale d'où cette «discrimination» envers les personnes
malentendantes. Pour Mme Lazouni, «un enfant atteint d'une surdité moyenne ou
un peu moins est forcément porteur d'une atteinte chronique, mais du fait de la
réglementation en vigueur, il n'a pas droit à une couverture sociale de facto».
Notre interlocutrice lie ce handicap au milieu social défavorisé dont est
souvent issu l'enfant malentendant.
«On peut les aider facilement à
s'intégrer et à réussir leur scolarité en les prenant en charge à travers la
sécurité sociale mais comme l'appareillage n'est pas à la portée de tout le
monde, ces enfants doivent être assurés malgré le degré de leur surdité»,
explique-t-elle. Elle va plus loin en assimilant ce désintérêt à une sorte de
non assistance à personne en danger puisque les personnes, et plus
particulièrement les enfants, atteints de surdité quel que soit son degré, est
constamment en danger puisqu'il est dépourvu de la fonction d'alerte. «En
classant la surdité, quelle qu'elle soit comme maladie chronique et en ouvrant
les portes de la sécurité sociale à ces gens, on peut en sauver des milliers».
A propos de la stéréophonie, le Dr Lazouni milite pour le remboursement des
deux appareils qui doivent être posés pour le patient malentendant alors que la
sécurité sociale ne rembourse actuellement que la pose d'une prothèse auditive.
«Quand on rétablit l'audition chez l'enfant qui a subi une perte d'audition
bilatérale, il faut impérativement l'appareiller des deux oreilles pour lui
donner toutes les chances de s'en sortir dans la vie pour éviter d'un côté que
la parole ne soit noyée dans le bruit surtout dans les classes surchargées et
que la fonction d'alerte soit opérationnelle au cas où l'oreille appareillée
soit atteinte d'une infection», dira-t-elle. Cette proposition aurait été
acceptée par la direction générale mais les caisses régionales n'auraient pas
encore suivies.
Notre interlocutrice remerciera
au passage le ministre de tutelle, Tayeb Louh, des efforts qu'il a consentis
envers les malades malentendants, en faisant pression sur les directeurs de
wilaya pour appliquer les décisions d'Alger concernant le remboursement des
prothèses auditives.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com