Algérie

Surconsommation et altruisme



Le mois de Ramadhan débute aujourd'hui. Un mois très particulier où les habitudes des Algériens devraient changer durant une trentaine de jours. Un changement pas toujours dans le bon sens. Certes le mois sacré est toujours singulier de par son ambiance conviviale et ses soirées festives. Mais le mois de la spiritualité et de l'entraide est devenu depuis bien longtemps celui de la bombance et de la consommation effrénée. Boucheries, marchés et souks sont déjà pris d'assaut, comme pour signifier que le coup de starter pour la surconsommation infernale a été donné. Le mois de l'abstinence théorique est bien, sans risque de se tromper, la période de l'année où la consommation atteint des pics effroyables. Notamment pour un pays comme l'Algérie où de larges couches de la société vivent des difficultés à joindre les deux bouts. Mais ce mois de la «charité» fait fi des chiffres affichés, chaque fois alarmants, et réédite tous les ans le même inquiétant rituel. Les prix des légumes, des fruits et des viandes ont pris feu. Le contraire aurait étonné. Le Ramadhan est une période où une grande partie des commerçants sort les crocs. Et bien évidemment personne n'est responsable de ce brusque embrasement. Evoluant dans un environnement volatile, que l'Etat a malheureusement du mal à réguler, beaucoup de commerçants font leurs meilleurs chiffres d'affaires durant ce mois de la consommation à outrance. Il est vrai que cette situation est davantage encouragée par un consommateur-jeûneur qui perd la tête en rentrant dans une frénésie incompréhensible. Une course dans l'acte d'acheter, absolument hallucinante, notamment durant les premiers jours du mois sacré. À croire que les produits, étalés à l'envi devant les yeux scrutateurs des jeûneurs, devaient rentrer en rupture dans les heures qui suivent. Et qu'il faudrait prendre ses précautions avant que ça ne soit trop tard. Piété, solidarité, entraide, miséricorde, sont devenus des mots vains en ces temps d'égoïsme et d'individualisme. Même les actes de piété durant ce mois sacré sont plus de l'ordre du formalisme que l'expression de la foi. Pour se donner bonne conscience, le consommateur-jeûneur évitera bien de regarder une certaine catégorie de concitoyens. Ceux à petits revenus qui vont passer, comme de tradition, au moins une dizaine de jours de quasi-interdiction d'accès au marché. Et aussi ceux qui s'en remettront aux restaurants de la Rahma et aux couffins du Ramadhan. On est bien dans le mois de l'altruisme.M. B.


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