Algérie

Sur une population carcérale estimée à 50.000 détenus



6.200 prisonniers se droguent dans les prisons Alors que 65% des prisonniers s’adonnent à la consommation de cachets psychotropes, parce que faciles à introduire en milieu carcéral, 12% de la population en prison prennent d’autres sortes de drogues. Les centres pénitentiaires sont devenus de véritables milieux de concentration des consommateurs de drogue et de psychotropes, comme il en ressort d’une étude menée récemment par l’administration pénitentiaire qui révèle que «12% de la population carcérale, évaluée à 50.000 détenus, se sont adonnés ou s’adonnent encore à la drogue», nombre qui augmente d’année en année. Cela fera dire au directeur général de l’administration pénitentiaire, dans son intervention à l’atelier international sur la prise en charge des toxicomanes en milieu carcéral, organisé hier à Alger en présence de plusieurs participants dont des étrangers et des membres de l’UNICEF, que «la situation incite à tirer la sonnette d’alarme, la proportion des prisonniers en relation avec la drogue ayant augmenté de 7,7% en 2006". Il s’agit-là, reconnaît-on, d’un véritable fléau qui menace la société et les prisons, «d’autant plus que la majorité des personnes concernées sont 59% de jeunes, âgés de moins de 30 ans». Pour le même responsable, «il est nécessaire de procéder à la mise en place d’une politique nationale de prise en charge de cette catégorie de citoyens qui sont dans un milieu fermé et sont, de ce fait, vulnérables.» «C’est le droit de tous les prisonniers d’être pris en charge médicalement», fera remarquer Mokhtar Felyoun. Il dira par la même occasion que, pour la prise en charge de ces «malades», «les prisons ne disposent hélas que de 230 spécialistes, exerçant dans 93 prisons parmi les 127 existantes». Les intervenant à cette journée ont appelé à l’adaptation de toutes les politiques de prise en charge à la réalité du terrain, c’est-à-dire à un milieu fermé, et que la répression n’est pas le seul moyen de le faire. Un intervenant belge a beaucoup insisté sur le rôle de la famille et du juge dans la bonne orientation du «drogué». Selon lui, il faut partir du fait que «la personne qui s’adonne à la drogue veut prouver sa force et exporter cette pratique à l’extérieur». Pour sa part, un médecin de l’administration pénitentiaire a révélé que «la difficulté dans la prise en charge des consommateurs de drogue réside dans la volonté de la personne de se faire soigner». Le directeur du centre national de lutte contre la drogue, Abdelmalek Sayeh, a, pour sa part, expliqué que la consommation de la drogue prend de sérieuses proportions, confortée par «une décennie d’insécurité, la position géographique de l’Algérie et la relation du commerce de drogue avec le crime organisé». Il révélera, par la même occasion, que «65% des prisonniers s’adonnent depuis la prison à la consommation de psychotropes et que 54% des consommateurs sont emprisonnés à cause de vols, poussés par la nécessité de trouver les moyens de payer leur consommation de drogue». Pour l’instant, l’idée qui se profile est de «construire des centres de désintoxication ou de prise en charge des consommateurs au sein même des prisons», pour suivre l’expérience de plusieurs pays, européens notamment. Par ailleurs, l’allocution du ministre de la justice (actuellement à l’étranger), lue par le DG de l’administration pénitentiaire, est des plus explicites. Revenant sur la gravité de ce fléau dans le monde, le Garde des sceaux, chiffres à l’appui, souligne qu’en 2004 le bureau des nations unies spécialisé dans la drogue et la criminalité a recensé environ 185 millions de toxicomanes sur l’ensemble de la population mondiale. Et que 200.000 individus sont morts en 2000 à cause de ce poison. Sur la situation en Algérie, M. Belaiz a imputé l’accroissement vertigineux de la toxicomanie notamment aux années du terrorisme. Par exemple, en 2004, le nombre d’affaires qu’a traitées la justice est de l’ordre de 8.771, affaires dans lesquelles on compte la complicité de plus de 12.500 prévenus, dont plus de la moitié sont âgés entre 18 et 35 ans. L’Algérie a-t-il souligné, qui a été tout le temps considérée comme étant la zone de transit pour l’Europe, a évolué dans ce domaine, en instituant, outre la création de l’Office national de lutte contre la drogue en 1997, la loi 18-04 relative à la prévention de la drogue et des psychotropes et leur commercialisation. A noter enfin qu’à travers l’organisation de ce séminaire à Alger, ainsi que celui devant se tenir à Tlemcen les 20 et 21 novembre prochains, les spécialistes lancent un signal de détresse en direction des pouvoirs publics… Tahar A.O. & A. Tilioua


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