Algérie

sur un terrain miné Ouagadougou réunit demain les «frères ennemis» maliens



Qui veut saboter les discussions prévues demain entre le gouvernement malien, Ançar Eddine et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) sous l'égide du Burkina Faso '
La question mérite d'être posée, compte tenu des «mouvements de troupes observés ces derniers jours autour de la ligne de démarcation entre le Nord occupé par les groupes armés et le Centre où sont stationnés les soldats de l'armée malienne. Des informations font état d'usage d'armes «lourdes» lundi et mardi près de Mopti (Centre) par les éléments de l'armée face aux groupes armés qui contrôlent le nord du pays, pour les dissuader de franchir la ligne rouge et étendre ainsi leur territoire de chasse. Bien qu'il soit impossible de confirmer exactement ce qui s'y passe, «l'incident» paraît bizarre dès lors que les trois parties en conflit (Ançar Eddine, MNLA et le gouvernement de Bamako) ont donné leur accord pour se revoir demain au Burkina Faso. Qui a jeté l'étincelle '
S'agit-il d'un autre groupe terroriste opposé aux négociations ou d'un coup fourré de ceux qui avancent en reculant ' Ceci, d'autant plus qu'on a eu droit ces dernières semaines à des déclarations aussi diverses que contradictoires quant aux intentions des uns et des autres. Signe de cette méfiance, le groupe Ançar Eddine qui s'était résolu à mettre entre guillemets sa «charia», à prendre ses distances vis-à-vis d'AQMI et du Mujao, et dialoguer avec Bamako, a averti qu'il pourrait reprendre les armes. Son chef Iyad Ag Ghaly a «pondu» un communiqué diffusé le 3 janvier, dans lequel il a accusé le pouvoir malien de ne pas être prêt au dialogue et a retiré son offre de cessation des hostilités. Le fameux accord d'Alger a failli être remis en cause quelques jours seulement après sa signature.
Qui tire les ficelles '
Le chef d'Ançar Eddine n'a toutefois pas fermé la porte à de nouvelles discussions. Mais les dernières déclarations du président par intérim malien ont de quoi susciter l'inquiétude sur le double jeu de Bamako. Dans son message de v'ux à la nation, Dioncounda Traoré avait affirmé que le Mali se préparait à faire «la guerre contre les terroristes» sans attendre des mois, et que cette guerre «se fera plus tôt qu'on ne le pense avec l'armée malienne aux premiers rôles». Comprendre : il pourrait passer outre la résolution du Conseil de sécurité qui a retenu, certes, le principe d'une intervention militaire, mais qui l'a quasiment inscrite en aval d'un processus politique qui n'a pas encore commencé.
A rappeler que l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Romano Prodi, en visite à Bamako et à Alger, avait estimé qu'il ne pouvait y avoir d'intervention avant la fin 2013. Or, les déclarations du président malien sonnent comme une volonté de saboter cette feuille de route consensuelle au risque de provoquer le chaos. Pour quel objectif ' Un mystère dans les sables mouvants du Sahel. C'est dans ces circonstances troublantes que s'ouvriront demain à Ouagadougou les discussions entre les trois camps autour du président Compaoré dont le pays assure la médiation sur mandat de la Cédéao. Il faut rappeler que les trois «belligérants» s'y étaient déjà retrouvés une première fois, le 4 décembre dernier, pour des discussions directes. Il serait intéressant de savoir ce que diront les différents acteurs.
Le 20 décembre, l'ONU a approuvé ce déploiement, sans préciser de calendrier mais en indiquant qu'il se fera par étapes, en prônant en parallèle un dialogue politique avec certains des groupes armés ne remettant pas en cause l'intégrité territoriale du Mali et rejetant le terrorisme. Mais si certains pays «parrains» de loin affichent leur soutien publiquement à cette démarche, ils n'en tirent pas moins les ficelles en sous-main, histoire de recadrer l'approche selon une vision qui correspond parfaitement avec leurs intérêts vitaux dans la région. La cacophonie chez les responsables français, François Hollande en premier, est en la matière proverbiale'


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