Algérie

Sur un air de printemps Fronton



Sur un air de printemps Fronton
Entendons-nous, l'art contemporain est quelque chose de réellement formidable. Il a initié de nouvelles voies d'expression en s'ouvrant aux changements du monde et à l'évolution des techniques, tout cela en défendant la liberté de création des artistes et en rejetant les carcans du classicisme. Mais s'il est une chose détestable chez certains tenants de cet art, c'est bien de vouloir créer de nouveaux carcans, notamment en voulant mordicus scotcher la création à l'actualité médiatique. C'est ce que l'on constate chez de nombreuses institutions et manifestations culturelles, galeries et centres d'art en Europe et dans d'autres parties du monde à l'égard de l'expression artistique du monde arabe.
Entendons-nous encore, les événements qui, depuis la fin 2010, ont animé celui-ci portaient indubitablement en eux un besoin vital et légitime de changement et d'ouverture, une soif de justice, un désir de liberté. Mais la réalité est plus complexe et tortueuse que les fantasmes de ceux qui s'enthousiasment de loin sur un clavier et ont fait la fortune de cette grande formule mythologique des «Printemps arabes» qui, pour l'instant, semblent plus tournés vers la glaciation antédiluvienne que la germination ensoleillée de belles idées.
Depuis, dans le monde de l'art, c'est à qui aura, le premier, son ou ses artistes arabes branchés sur la mouvance. Les expositions sur ce thème se sont multipliées avec une désolante banalité et une remarquable faiblesse artistique, à quelques rares exceptions. Les résidences de création permettant à des artistes de préparer des projets se sont trouvées quasiment réservées à cette thématique. Sans compter les aides, concours, bourses et autres mécanismes de soutien aux artistes. Si l'on n'est pas labellisé «Printemps arabes», on peut peindre comme Picasso, Chagall ou Klee, les chances sont faibles d'envisager une quelconque activité ou promotion.
Cette façon indirecte d'imposer un sujet et une démarche va à l'encontre de tout ce que l'art contemporain représente encore. Elle s'accompagne, de plus, d'un jeunisme à la limite de la sénilité. S'il faut promouvoir les jeunes talents, comment négliger la jeunesse d''uvres produites par de plus anciens artistes arabes (pas forcément vieux d'ailleurs) qui n'ont cessé de lutter pour le printemps de leurs sociétés et de leurs pays ' Elle se traduit parfois aussi par une sorte de prime à l'opportunisme, négligeant le caractère essentiel de la sincérité artistique. Elle consacre enfin le primat de l'actualité sur toutes les valeurs éthiques et esthétiques de l'art.
Entendons-nous enfin, il existe des artistes, jeunes ou moins jeunes, qui, dans la continuité de leur démarche, ont produit sur ces événements. Nous ne parlons pas de ceux-là, cela s'entend, n'est-ce pas ' Mais, bientôt, je vais proposer à une grande biennale d'art en Europe les reportages de mes collègues d'El Watan sur la Tunisie ou l'Egypte. Quelque chose me dit que ça sera «tendance»'


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