Algérie

Sur les traces de Mohamed Fellag IDIR BENAIBOUCHE, ARTISTE MONOLOGUE



Sur les traces de Mohamed Fellag IDIR BENAIBOUCHE, ARTISTE MONOLOGUE
«Ils font pression sur moi. Mais ils oublient que je suis un homme libre et insoumis.»
Pur produit de l'Institut des sciences musicales et artistique l'Ismas de Bordj El Kiffan qu'il a quitté en 2010, Idir Benaïbouche, 26 ans, originaire d'Aït Yahia, dans la wilaya de Tizi Ouzou, se révèle comme une véritable relève de la trempe du célèbre humoriste Mohamed Fellag. «Ils font pression sur moi pour m'exprimer comme ils veulent eux-mêmes, mais, ils oublient que je suis un homme libre, conscient et digne de l'Algérie ancestrale, donc, je ne cède jamais aux idées reçues», a souligné Idir, l'après-midi du samedi dernier, quelque temps après avoir fait le plein à la salle El Mouggar Alger, et ce, malgré sa première prestation dans une salle aussi importante et grande. A la manière du défunt, l'inspecteur Tahar qui imitait les Jijéliens dans leur façon de parler, pour faire passer ses messages, Idir Benaïbouche, opte pour la manière des Tlemcéniens qui se distinguent de leur côté avec leur façon, leur parler quotidien pour dénoncer le néant et la lâcheté humaine qui a marqué le commun des Algériens depuis les années 1990. «Nous étions dans un état d'urgence et nous sommes passés à un état de sommeil de l'intelligence», dit-il avant d'ajouter avec un sens péjoratif et ironique surtout que l'Algérie «ne vit ni de crise politique, ni de crise économique, ni sociale, ni culturelle, ni religieuse, mais plutôt que nous sommes tous malades des hémorroïdes, et de l'état d'esprit que nous avons tous en essayant chacun de son côté de chercher à imposer ses idées et idéologies aux autres, au lieu de vivre dans le respect mutuel quelles que soient nos différences».
Fort de son style original et du dialecte algérien qu'il utilise de manière pure et simple, Idir refuse et rejette tout conformisme et soumission béate à commencer par un certain enfermement de la cellule familiale sur elle-même, au lieu de s'ouvrir sur le monde extérieur de manière a vivre pleinement la vie en tant que personne humaine, consciente et responsable. La pression et la peur engendrent l'hypocrisie et le rejet de l'autre en usant de mille façons pour résister à ce qui va à l'encontre du bon vouloir de la citoyenneté. «Tu veux faire la prière, personne ne t'empêche», dit-il, en ajoutant que «personne ne doit empêcher l'autre de prendre aussi sa bière dans la paix» sans pour autant gêner autrui ou être empêché de son côté. Tout projet de société se construit en commençant par le respect de la liberté d'autrui, tout en annonçant que même la danse fait partie aussi de la liberté. «Chacun danse sa danse comme il veut, tout en respectant celle des autres», ironisa-t-il. «Nous sommes des hommes dignes de notre pays», répète-t-il chaque fois pour replacer les choses dans leur juste valeur et contexte, pour dénoncer le bouleversement de l'échelle des valeurs. Durant plus d'une heure de spectacle, le public n'a cessé d'applaudir cet artiste anonyme qui a gagné le respect des centaines de familles qui sont venues nombreuses pour briser la monotonie de la routine quotidienne. Engagé dans les causes justes, très attaché aux valeurs de liberté et de liberté morale, c'est la musique du défunt Matoub Lounès qui a été mise en avant pour chanter un de ses tubes post-5 octobre 1988 à savoir Si ce sont les balles qui tuent, me revoilà, je ne suis pas mort...». Bravo Idir. Bonne continuation.


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