Sur les traces d'Ichenouiyène

Véritable clé de voûte de la culture locale, le Day-nan est devenu, au fil du temps, le vecteur par excellence d'une culture orale et un réceptacle vers lequel ont ruisselé et ruissèle encore les richesses de la mémoire collective d'Ichenouiyène. Du haut de ses 25 ans, Bilal Annou compte bien reprendre le flambeau et entretenir la flamme et l'âme artistiques léguées par ses aïeuls. « J'ai commencé à fredonner des airs de Day-nan avant que je ne fréquente l'école. Il faut dire qu'à cet âge-là, je baignais tous les jours dans cette musique. Je me souviens des chansons et complaintes que chantait ma mère alors qu'elle nous préparait à manger ou faisait le ménage. C'était impressionnant et je ne m'en lassais jamais. Je pouvais rester des heures entières à l'écouter » se souvient-il. « À l'origine, ce sont les femmes qui chantaient le Day-nan. Au fil du temps, les hommes ont fini par partager cette passion et prendre leur part dans ce patrimoine qui particularise la région de Chenoua. C'est ainsi que des vedettes ont émergé durant les dernières décennies du siècle passé et ont fait connaître à l'Algérie entière ce genre si cher pour la région » retrace Bouchlaghem, parolier et compositeur dans le genre Day-nan. A l'instar des autres graines de star, Bilal Attou affine son style et imprime peu à peu son cachet particulier à son répertoire avec sa voix portante et aiguë. « Au début, je m'amusais à chanter devant des copains. C'était mon premier public. Grâce à leurs encouragements, j'ai persévéré dans mon chemin et sur les traces de mes ainés dans la chanson » raconte Bilal. Après les amis, ce fut le tour des voisins du quartier puis de sa ville pour enfin conquérir le c?ur du Mont Chenoua. « Outre ma mère, je suis influencé dans mes chansons par les grandes figures de la chanson locale, à l'instar de Hamid Ichenouiyène, Amar Azghal et Braham Bouaoud. Pour moi, ce sont des icônes et un exemple à suivre » avoue-t-il. Modeste et réservé hors scène, il tient toujours à dire que son parcours artistique, il le doit à tous ceux qui l'ont encouragé et soutenu. « Jamais vous n'entendrez de sa bouche qu'il a forgé sa réputation uniquement à la force de sa voix ou de sa guitare. A chaque fois et lorsque l'occasion se présente, il remercie tous ceux qui l'ont aidé, de loin ou de près, pour tracer sa voie. Il a commencé humble et, tel que je le connais, il ne changera jamais » dit de lui un guitariste qui a l'habitude de l'accompagner sur scène. Bilal Annou compte dans son répertoire cinq nouvelles chansons qu'il souhaite produire. « M. Bouchlaghem m'a écrit les textes. Mon souhait est de produire mon premier album » soutient-il.