Commentaires « Sur L'Agérie » est une recension des textes de Tocqueville, et portent sur les moyens d'organiser et de rationaliser la colonisation. Les écrits qui y sont réunis (« Lettres sur l'Algérie (1837) », « Notes du voyage en Algérie de 1841 », « Travail sur l'Algérie (1841) », « Rapports sur l'Algérie (1847) » sont, en quelque sorte, illustrés et parachevés par les : «Souvenirs et récits de la vie coloniale en Algérie » d'Auguste BUSSIERE, qui avait accompagné Tocqueville lors de son second voyage, en 1846). Une brillante introduction de Seloua Luste Boulbina les accompagne et nous prépare (le lecteur en aura besoin) au choc de la (re)découverte du brillant penseur politique, académicien et homme politique que fut Tocqueville.
Car on lira avec profit ces textes, dont le style ne laisse pas de séduire par ses tournures à l'élégance un peu surannée, émaillées d'aphorismes savoureux (... le marabout était descendu de son coursier pour monter un âne.). On y (re)découvrira ainsi que le penseur politique, aux analyses subtiles et à l'intuition politique avérée (Il avait annoncé la révolution de 1848 quand d'autres ne l'avaient pas seulement entrevue), l'aristocrate libéral pour qui l'égalité (des droits et des conditions de vie) entre les êtres humains est un dessein de Dieu, que le théoricien de la Démocratie et des périls qui la menace (ses écrits à ce sujet sont d'une troublante actualité) était aussi un partisan, acharné et cynique, de la colonisation. Un élitiste cocardier imbu de la supériorité de la « race » civilisée et de l'insignifiance des « ... petites peuplades à peu près barbares. » (Lettre sur l'Algérie, p. 54). Ces textes, écrits au 19ème siècle, sont bien sûr propices aux anachronismes pour le lecteur d'aujourd'hui. Et l'on prendra soin de s'en prémunir (le terme de « race » n'avait évidemment pas le même sens que celui qu'il a pris tout au long du 20ème siècle.).
Mais comment ne pas se remémorer, à la lecture de certains passages, que durant son ministère (aux Affaires Etrangères de Juin 1849 à Octobre de la même année) son chef de cabinet était Joseph Arthur de Gobineau, le « père » du racisme à la française, et l'auteur du répugnant «De l'inégalité des races humaines» ? « …je n'ai qu'une passion, écrit Tocqueville à un ami anglais, l'amour de la liberté et de la dignité humaine » (p. 8). Cette belle profession de foi ne doit pas être prise au pied de la lettre, car sa portée n'atteint pas ceux qui « …sont aussi éloignés de se plier uniformément aux lois d'un seul gouvernement pris dans leur sein que d'adopter le nôtre ». (p. 51). Et s'ils leur prenaient de combattre leur inclination naturelle pour le chaos, il conviendrait d'empêcher qu'ils : «…reconnaissent jamais le même chef». Car alors ils pourraient : «…se ranger tous en même temps contre nous.» (p. 54).
C'est donc un Tocqueville bien éloigné de ses fulgurantes intuitions sociologiques et politiques, et bien plus proche de ses pulsions entrevues dans « De la Démocratie en Amérique » qui le poussaient à affirmer : « Le plus redoutable de tous les maux qui menacent l'avenir des Etats-Unis naît de la présence des Noirs sur leur sol ».
Les textes sont présentés par ordre chronologique, et restituent ainsi la maturation de la pensée de Tocqueville sur la colonisation de l'Algérie. Dès 1829, Tocqueville plaidait pour la guerre et la colonisation.. Il s'agissait alors d'adosser la puissance de la France à un empire colonial, de même que l'Angleterre, dont, sur ce point, il s'inspirera ouvertement. Cette conception, classique, de la colonisation matrice et miroir de la grandeur en même temps que source d'extorsion de plus value absolue, évoluera vers ce que S.L. Boulbina appelle le « colonisme ». Il s'agit dès lors de faire de l'Algérie : « ... non pas seulement l'élément d'un empire, mais une partie intégrante de la France elle-même » (S.L. Boulbina p. 20). Cette conception « coloniste » est la clé de décryptage des positions radicales de Tocqueville sur l'expropriation des terres, dont la forme communautaire archaïque alimentait, fédérait et radicalisait la résistance des populations autochtones. Cette vision « coloniste » qui commandera la mise en œuvre d'une terreur de masse, provoquant le massacre de 500.000 à 1 million de personnes (à rapprocher d'une population totale estimée alors à 3 millions d'âmes), la destruction des structures sociales et in fine ce que Rosa Luxembourg qualifiera de « vivisection ». Pour Tocqueville, «... ce sont là, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ».
Des dommages collatéraux en quelque sorte.
محتاج رسالة ناجستسر السياسسة التعليمية الفرنسية عبد القادر جلوش
tharwat sedhom - master - cairo, Egypte
01/02/2015 - 238995
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Posté Le : 04/11/2007
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Mouanis Bekari
Source : dzlit.free.fr