Algérie

Sur fond de menace des talibans



Sur fond de menace des talibans
Meetings de masse, conseils tribaux, tractations de couloir controversées, bakchichs, voire messages sur Twitter ou Facebook : les 41 candidats à l'élection présidentielle du 20 août prochain se révèlent prêts à tout pour prendre le pouvoir en Afghanistan. Atteindre les électeurs n'est pas chose facile dans un pays ravagé par plus de 30 ans de guerre, en partie ensanglanté par la rébellion, à 80% rural et aux deux tiers illettré. Certains candidats investissent le cyberespace, via Facebook ou Twitter, comme l'ancien ministre des Finances, Ashraf Ghani, qui s'est inspiré de la tactique du président américain, Barack Obama. Mais cette stratégie laisse sceptique dans un pays où 70% de la population ne sait pas lire, une majorité n'a pas l'électricité et moins de 2% auraient accès à l'internet. Les principaux candidats s'appuient donc beaucoup sur une campagne orale, par la télévision et la radio, de nombreuses chaînes et stations étant apparues ces huit dernières années.Le président sortant, Hamid Karzaï, est présenté en favori à cette élection, huit ans après avoir été porté au pouvoir par la coalition internationale menée par les Etats-Unis et cinq ans après son élection au premier tour en 2004. L'ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, s'est affirmé comme son principal challenger, sillonnant villes et villages avec acharnement. Plusieurs fois visé par des tentatives d'assassinat, M. Karzaï n'a pas fait de campagne traditionnelle de village en village, ne tenant que récemment deux grands meetings. Ses adversaires n'ont pas raté l'occasion pour clamer qu'il se défile parce que son bilan est indéfendable. Mais dans ce pays d'alliances tribales et de divisions ethniques, nombre d'experts jugent que ses astucieux accords avec des hommes forts locaux devraient lui apporter la victoire. M. Karzaï s'est assuré les soutiens du seigneur de guerre Abdul Rashid Dostam, leader de la minorité ouzbèke et de Mohammad Mohaqiq, son homologue hazara. Karzaï est un Pachtoune, l'ethnie dominante, mais son choix comme futur vice-président, s'il est réélu, du chef de guerre controversé Mohammad Qasim Fahim va aussi lui ramener des voix de l'importante communauté tadjike. « Il sait qu'au final, les votes individuels ne compteront pas, (les électeurs) feront ce que leur disent leurs leaders », explique l'analyste afghan Haroun Mir. De tels accords ont été fustigés par les organisations de défense des droits de l'homme, qui accusent nombre de ces chefs de guerre d'avoir du sang sur les mains après trois décennies de conflit. Même s'ils sont moins influents qu'autrefois, les chefs de tribu sont aussi courtisés par les présidentiables.La menace d'attaques sanglantes des rebelles talibans plane plus que jamais sur ces élections présidentielle et provinciales faisant craindre une abstention massive des électeurs et au final des scrutins peu crédibles. Huit ans après le début de l'intervention internationale qui les a chassés du pouvoir et malgré la présence de 100 000 soldats étrangers, les talibans gagnent du terrain dans le pays, a admis lundi le commandant des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal. Les violences y ont atteint ces derniers mois des records absolus depuis 2001, nourrissant de sérieux doutes sur la tenue du scrutin dans une partie des 7 000 bureaux de vote, notamment dans les bastions rebelles du sud et de l'est. Malgré les 300 000 policiers et soldats afghans et internationaux qui seront déployés, si les rebelles décident d'agir, « ils seront quasiment impossibles à stopper », car « un kamikaze peut toujours s'infiltrer », prévient l'analyste afghan Haroun Mir.Du côté du Pakistan, il semble préférer une réélection de Hamid Karzaï, garante d'une certaine stabilité, en espérant qu'elle permette un rapide retrait américain d'Afghanistan, même si le président afghan suscite une certaine méfiance à Islamabad, estiment les analystes. Les relations entre les deux voisins, qui partagent 2500 km d'une frontière instable, ont été aussi intenses que mouvementées ces dernières années. Les Afghans éliront également leurs représentants dans les 34 conseils provinciaux (un par province) du pays, lors d'un scrutin jugé crucial par la communauté internationale mais très menacé par les violences des rebelles. Le coût des élections est estimé à 223 millions de dollars, financés quasi-entièrement par les pays impliqués dans le conflit afghan, selon la commission électorale indépendante.


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