Algérie

Sur deux fronts (I)



Sur deux fronts (I)
En Egypte, le gouvernement d'Abdel Fattah Al-Sissi redoute d'être pris en tenaille par les djihadistes. A sa frontière ouest, les milices islamistes libyennes et Daech, qui contrôlent notamment le port de Derna, représentent une menace réelle aux portes de l'Egypte.En soutien à l'avancée significative sur le terrain des forces du général Khalifa Haftar, le nouveau chef d'état-major de l'armée libyenne, l'armée de l'air égyptienne a mis en place une no-fly zone, afin de faire cesser les livraisons d'armes en provenance du Soudan par voie aérienne. Le Caire souhaite aussi poursuivre les frappes aériennes en territoire libyen mais manque d'outils de renseignement pour identifier les cibles potentielles : une demande de renseignements de ciblage (targeting) a été adressée à la France à ce propos. Si cette demande ne soulève pas d'opposition de principe côté français, reste que l'essentiel des capteurs hexagonaux sont mobilisés sur d'autres fronts, notamment dans le sud du pays. Par ailleurs, si certains observateurs s'interrogent sur le niveau de soutien du Caire vis-à-vis du général Haftar, le général Sissi semble lui afficher un soutien sans faille. Haftar, un «homme à poigne» qui devrait jouer un rôle de poids dans un futur gouvernement libyen (ministre de la Défense et CEMA, selon certains), et qui reste celui qui paye le mieux ses hommes et peut donc compter sur une troupe conséquente et fidèle, renforce Sissi dans l'idée que la «reprise en main» par les militaires permet de faire reculer efficacement le terrorisme. A l'est, l'Egypte s'alarme de la situation sécuritaire dans le Sinaï, où plusieurs milliers de combattants islamistes sont actifs, et qui est devenu le point nodal d'un trafic qui va de la Libye voisine à la bande de Ghaza. Si les 1 200 km de frontière avec la Libye sont difficilement contrôlables par l'Egypte, la frontière avec Ghaza, et notamment les nombreux tunnels par lesquels transite tout et n'importe quoi, devrait être partiellement murée. Les travaux de construction d'un mur, souhaité par les Israéliens, ont commencé côté égyptien. Autre zone sensible à l'ouest pour Le Caire : le secteur du nouveau canal de Suez et sa zone franche économique, où vont s'installer, dans les prochaines années, de nombreuses industries étrangères. Leur sécurisation est, dès aujourd'hui, une priorité et nécessitera des savoir-faire et des technologies de pointe, dont ne dispose pas le pays (contrôle des conteneurs, etc.). Certains estiment que Le Caire pourrait se servir de l'octroi de ces marchés pour apaiser ses relations tendues avec Washington... Cela dit, côté libyen, en attendant le troisième tour du dialogue inter-libyen parrainé par l'envoyé des Nations unies, Bernardino Leon, à Skhirat, près de Rabat, un accord politique ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement d'union nationale paraît encore lointain. (A suivre)




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