Algérie

Suppression des mentions «avertissement» et «blâme» : Une nouvelle polémique dans l'éducation nationale



Sur instruction du ministère de l'Education nationale, les conseils de classe sont interdits d'émettre des mentions négatives aux élèves n'ayant pas obtenu des moyennes satisfaisantes. Une instruction qui attise encore une fois les réactions et anime une polémique sur les réseaux sociaux.Datant de juillet dernier, la circulaire en question définit en détails le fonctionnement des conseils de classe dans les établissements du moyen et du secondaire. En plus de ces instructions techniques, le département de Nouria Benghebrit explique formellement que le conseil de classe accorde les mentions «excellent», «félicitations», «encouragements» et «tableau d'honneur» aux élèves brillants. Les autres élèves ne doivent en aucun cas avoir des mentions négatives telles que «avertissement» et «blâme». Il est mentionné dans cette circulaire que les enseignants doivent mettre des remarques qui incitent l'élève à fournir plus d'efforts et améliorer son niveau. Un point qui déplaît aux syndicalistes.
Pour Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), enlever ces mentions retire l'autorité à l'enseignant et donne plus de liberté à l'élève de travailler ou pas : «Je suis contre le terme ?blâme?, mais l'avertissement reste essentiel à mon avis. Avertir signifie signaler à l'élève et ses parents que la situation est dans le rouge. Le terme ne rétrograde pas l'enfant, mais attire son attention qu'il est en danger et l'incite à fournir plus d'efforts.» Une opinion partagée par Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest).
Selon ses propos, supprimer la mention blâme ou avertissement nécessite un palliatif : «L'avertissement ou le blâme s'adressent aux parents pour attirer leur attention sur les résultats de leur enfant. Si cela blesse l'enfant, on pourrait le remplacer par des catégories, A ou B. Toutefois, l'appréciation reste obligatoire et nécessaire. Là, il faudra également penser à venir en aide aux enfants qui ont de mauvais résultats.» Et d'ajouter que s'il y a lieu d'enlever ces mentions, il faudra le faire pour tous les élèves, y compris les plus brillants.
Pour les pédagogues, cette disposition est une bonne chose. Ahmed Tessa, pédagogue, explique que ces mentions ne font qu'accroître un sentiment de rejet de l'école chez l'enfant. Un espace source de pression pour lui et ses parents. Il considère que le système éducatif est «drogué» de notes chiffrées basées sur l'évaluation du travail de l'élève et non sur ses attentes : «En Algérie, même les compositions trimestrielles sont annoncées, commentées, dramatisées par certains médias au point d'aggraver la pression sur les parents et les enfants.» M. Tessa considère que l'élève n'a pas besoin d'être évalué de cette manière étant donné que le besoin de se développer est inné en lui. Il argumente ses propos par le modèle finlandais, où une grande révolution dans le système éducatif commence à donner ses fruits. Certes, l'Algérie n'est pas la Finlande, mais s'inspirer d'un modèle autre que celui de la France s'avère une bonne alternative.


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