Algérie

Sujets de bac... encore des choses à dire



C'est parce que plusieurs avis valent mieux qu'un, que l'homme a inventé les réunions, les travaux de groupe, les séminaires, etc... L'objectif de toutes ces différentes formes de rencontres est certes de propulser la décision collective, de visiter les différentes facettes des choses, mais cela sert aussi, sinon à éviter, du moins à réduire les risques d'erreurs auxquels l'homme est toujours exposé. Une question se pose alors: pourquoi à chaque examen de baccalauréat (et les autres aussi) existe-t-il des erreurs? Pourquoi nos enfants sont-ils très souvent confrontés à des énoncés où la confusion, l'erreur et le manque de clarté planent? N'est-ce pas que tous ces défauts qui ne devraient apparaître sous aucun prétexte dans des sujets de bac sont inadmissibles? Tout d'abord parce qu'un examen comme le bac mérite plus de considération et, ensuite, parce que des sujets préparés à l'avance pour la circonstance devraient être corrigés avant d'être retenus. En 2006, le sujet de maths des scientifiques comportait une erreur et, après des dribles, des mensonges, des contournements et des hésitations, l'erreur a bien été admise et la note complète de la question erronée a été accordée aux élèves. Ensuite, chaque année, les mêmes situations sont rapportées par la presse nationale et, cette année n'a pas fait exception. Dès la deuxième journée, les candidats au bac ont trouvé un air bizarre au sujet de maths. Les journaux ont rapporté avec fermeté que pour la filière «économie et gestion» il y a une erreur alors que, concernant le sujet de maths des «scientifiques», l'éventualité d'une erreur n'est pas écartée. Certes, on attend la réaction, tout à fait normale, du ministère de l'Education nationale, mais combien même il s'avèrerait qu'il y a seulement insuffisance de clarté dans une question donnée, n'est-il pas maladroit de laisser faire des sujets de bac qui prêtent à équivoque? Est-ce vrai finalement que les sujets se font en groupe ou bien est-ce que chaque enseignant propose son sujet? Il ne nous appartient pas de récuser la méthode de travail retenue et nous n'en avons point la prétention, seulement, et quelle que soit cette méthode, elle doit impérativement déboucher sur des sujets clean. Sans erreur, sans faute, et sans possibilité de compréhensions multiples par les élèves. Sinon, il ne peut plus s'agir de sujets d'examen national.

Un sujet d'examen renseigne forcément - et fortement - sur ceux qui le font, ceux qui l'autorisent et ceux qui le traitent. Autant dire qu'il donne une certaine idée de l'environnement de l'éducation et de la société elle-même.

Ceux qui élaborent des sujets d'examen sont des enseignants. Ils sont censés bien connaître le comportement des élèves, surtout lors d'examens aussi importants que le bac. Aussi, au ne doivent-ils pas d'abord définir clairement les caractéristiques d'un sujet d'examen avant de faire leurs propositions. Qu'est-ce qui doit présider au choix d'un sujet de bac?

 

LA DIFFICULTE DES SUJETS



Il est évident qu'un sujet d'examen ne doit pas être accessible pour tous les candidats. Aussi, doit-il être retenu sur la base de sa difficulté. Mais quel serait donc le degréde cette difficulté ? Est-ce que tous les niveaux de difficulté sont tolérablesou bien faut-il fixer un seuil ? Cela dépend du sens que l'on donne à l'examen en question et cela dépend aussi de la politique générale du pays en matière d'éducation. Plus un sujet est compliqué, moins nombreux seront ceux qui sauront bien le traiter. Et moins nombreux seront donc les admis. La réciproque est vraie. C'est-à-dire, un sujet facile donnera naturellement un taux de réussite élevé. On comprend qu'en fonction des choix stratégiques du pays en matière d'éducation nationale, le niveau de difficulté peut être bas ou élevé. Ceci bien sûr en tenant compte du fait que l'examen en question donne droit à une place pédagogique ou bien s'il sert uniquement à sanctionner des études données. Chez nous, et contrairement à ce qui se fait partout ailleurs, le bac continue malheureusement à donner droit à une inscription à l'université alors qu'il devrait y avoir des concours d'accès aux différentes filières. La question ne se posait pas jadis parce que le déficit de l'Algérie en cadres imposait une accessibilité de tous les bacheliers à l'université. Aujourd'hui, c'est le problème inverse qui se pose. Nous avons trop de cadres, trop de diplômés qui chôment, trop de mal formés... il est temps de repenser l'entrée à l'université.

En attendant, il est nécessaire de considérer la question du degré de difficulté des sujets car ce sera là un premier palier de la qualification des futurs cadres algériens car, disons-le franchement, il ne sert à rien d'avoir le nombre lorsque la qualité laisse à désirer. Nous n'avons que faire d'étudiants mal formés, d'enseignants incapables...



LA DESTINATION DES SUJETS



L'autre question qui devrait intéresser ceux qui élaborent les sujets du bac c'est de savoir à qui sont destinés ces sujets. Met-on en place des sujets qui seront accessibles seulement pour les élèves excellents? Même pour les bons élèves? Pour les élèves moyens aussi? Ou bien pour tout le monde? Il va de soi qu'en fonction du choix, on arrête le degré de difficulté mais faut-il rappeler qu'en fonction des destinataires, on arrête aussi la formulation des sujets. En effet, et parce qu'en fonction de leurs compétences et de leurs aptitudes personnelles, les élèves n'abordent pas les questions de la même manière, la formulation des sujets compte pour beaucoup dans la compréhension de l'élève et son traitement des questions. Il arrive parfois qu'on ait l'impression bizarre que certains sujets cherchent plutôt à poser des tuiles qu'à examiner les connaissances. Comme si quelque enseignant voudrait se prouver que ses connaissances sont plus grandes que celles de ses élèves. Drôle de raisonnement. Un examen comme le bac, cela sert à évaluer les connaissances. Ni plus ni moins. Ce à quoi cela donne droit, en fonction du résultat, c'est une autre paire de manche, mais sachons que, d'abord et avant tout, c'est de contrôle de connaissances qu'il s'agit. Et pour permettre à ce contrôle de bien se dérouler, il faut d'abord que les questions soient claires. Qu'il n'y ait pas d'erreurs ou de fautes. Sinon, c'est tout le processus qui sera biaisé. Qu'un sujet de maths pour des scientifiques soit insuffisamment clair lors d'un examen en classe, ce n'est pas une erreur, c'est une bêtise. Qu'il en soit ainsi lors d'un examen de bac, c'est de l'irresponsabilité.

En sachant lire un sujet de bac, on arrive à cerner certaines choses. De celui qui l'a élaboré au système scolaire. Plus clair et plus lisible que les lignes de la main, un sujet de bac nous dit si celui qui l'a mis en place est compétent ou pas. Il nous informe sur ses objectifs, sur ce qu'il cherche à travers son sujet, si c'est tester les connaissances ou autre chose. Il nous apprend aussi si la personne en question sait être claire dans ses propos ou pas. Il nous dit même combien cette personne est soignée, si elle a l'esprit clair ou si, au contraire, elle nage dans les confusions... de même, un sujet de bac, nous renseigne sur l'état du système scolaire. En parcourant un tel sujet, on sent la force ou la faiblesse de ce système. On se rend compte s'il existe des normes ou pas, si en haut lieu, on accorde ou pas de l'importance à cet examen, s'il existe ou non des procédures pour éviter les erreurs, les fautes, les bêtises et autres failles inadmissibles ou pas. On peut flairer le sérieux ou le manque de sérieux.

Il y a mieux. Lorsqu'on lit bien un sujet de bac, on peut aller jusqu'à dire exactement combien il y a de bureaux au ministère de l'Education nationale. On peut dénombrer ses effectifs. On peut calculer le nombre de nos lycées, le nombre de nos écoles primaires, celui de nos maternelles, des universités, des facultés, le nombre de nos routes, celui de nos dechras... et même, pour ceux qui le peuvent, le nombre de stations thermales, de souks et d'entreprises étrangères en Algérie. Tellement, parfois, certains sujets prêtent à confusion!




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