En finir avec la vie pour fuir une réalité trop dure à supporter, telle
est la situation qui a emporté, cette année, une quinzaine de jeunes à Oran. Y
a-t-il lieu de s'alarmer ?
La réponse est sans doute oui. Les tentatives de suicide, qui sont un
signe de détresse, sont encore plus nombreuses que les suicides qui aboutissent.
Durant la même période, quelque 300 tentatives de suicide ont été enregistrées
par les services hospitaliers à Oran, soit 3 à 4 cas par jour dont une grande
partie constituée de la gente féminine, soit 70%. L'acte de renoncement à la
vie est devenu une pratique non exceptionnelle dans notre pays. Des
spécialistes parlent même de statistiques en deçà de la réalité. Les femmes
sont plus enclines aux tentatives de suicide qu'au suicide, car il s'agit
d'appels au secours qu'elles lancent, plutôt qu'une réelle envie de mourir. Produits
chimiques, barbituriques, chutes volontaires, pendaison, asphyxie au gaz, ainsi
que l'emploi d'armes à feu et objets tranchants sont autant de moyens utilisés
pour mettre en application l'ultime acte de désespoir. De nombreux chiffres
sont avancés ici et là. Ils ne sont pas officiels et ne sont pas utilisables
pour un diagnostic sérieux de la situation. Le désintérêt des pouvoirs publics
pour le phénomène est manifeste. Malgré les nombreux articles de journaux
faisant état d'une augmentation du nombre de suicides et la multiplication de
séminaires et rencontres autour de ce phénomène, aucune enquête nationale n'a
été commandée en dehors de celles réalisées à Tizi Ouzou, Béjaïa et Oran. Selon un
psychiatre, «parce que la population algérienne est très jeune, plus de 70% des
sujets ont moins de 30 ans. Les maladies psychiques les plus graves surviennent
avant cet âge. Nous pensons notamment à la psychose schizophrénique, qui
apparaît entre 14 et 30 ans, et aux états dépressifs. Même si la grande
majorité des personnes souffrant de maladies mentales ne meurent pas par
suicide, il demeure que ce passage à l'acte est, dans la majorité des cas, en
relation avec une pathologie psychique ou des troubles de la personnalité». Quant
aux causes, elles sont familiales, professionnelles, dues à une situation socio-économique
ou à des troubles psychologiques.
D'autres sources affirment qu'en
Algérie, ce sont environ 10.000 personnes qui tentent de mettre fin à leurs
jours, chaque année, pour la plupart des adolescents, dont un millier
«réussissent» leur coup. Les spécialistes ont estimé que les principales causes
du suicide sont, dans la majorité des cas, impossibles à connaître du fait que
ce geste désespéré a toujours été considéré, par la société, comme étant «un
acte contraire à l'Islam et aux traditions».
D'autres spécialistes affirment
que «le suicide en tant que phénomène social se développe de façon notable dans
les périodes de paix, intervenant après une crise économique aiguë ou une
guerre prolongée. Aussi, il est normal que l'Algérie, qui vient de sortir d'une
longue décennie de terrorisme et de violence, accuse le coup en ce moment». «L'autre
facteur est lié aux transformations de la société algérienne et aux changements
des moeurs et habitudes de vie et de comportement». D'autre part et selon une
enquête réalisée par un groupe de recherche sur le suicide (GRASC), travaillant
au centre hospitalo-universitaire d'Oran, autour du thème : «Représentations
sociales du suicide à Oran», les raisons du suicide chez l'homme sont liées aux
difficultés matérielles et professionnelles, alors que chez la femme, on se
penche vers le côté relationnel et affectif. «C'est presque une caractéristique
de représentation sociale du suicide où l'homme semble préoccupé par les
problèmes matériels et la femme par les problèmes relationnels».
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Posté Le : 25/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : J Boukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com