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Sudoku et casse-tête chinois !



Sudoku et casse-tête chinois !
Auberge espagnole, poupées russes, sudoku et futoshiki japonais, rubik's cube hongrois ou casse-tête chinois, le logement en Algérie, notamment dans sa version sociale, est un peu de tout ça à la fois. C'est même le tonneau des Danaïdes. Avant tout un puits à souhaits pour des centaines de milliers d'Algériens dont les demandes de logement ont été exhaussées, il s'est révélé, à l'épreuve des faits, un puits sans fond. D'un côté, l'Etat qui a engagé des moyens colossaux et une course contre la montre pour résorber une demande en forte croissance et des déficits de logements accumulés. Des pouvoirs publics successifs qui ont toujours fait, peu ou prou, des efforts en faveur du logement, notamment en matière de loyers, de résorption de l'habitat précaire, de réhabilitation et de maintenance du cadre bâti et de promotion du logement social. Et d'autre part, un besoin social devenu, de fait, un droit inaliénable. Au c?ur de cette équation complexe, la distribution dont la mécanique de fonctionnement relève, à ce jour, de l'ordre du quantique ! Pour répondre à une demande exponentielle, l'Etat a donc engagé beaucoup d'argentet mis en place des dispositifs juridiques et des instruments de gestion dont la complexité n'est pas du genre à rendre les choses fluides et simples. Aadl, LPL, LPA, LSP, LPP, biens de l'Etat, logement rural, Opgi, Enpi, Eplf, CNL, Fonal, hier comme aujourd'hui, ces sigles renvoient à un inextricable maquis juridique, administratif et technique. Et, on l'a maintes fois constaté, on déplace les problèmes, on laisse aller parfois et quand on trouve finalement des solutions, elles s'avèrent, à l'expérience, des résolutions qui créent de nouveaux problèmes. Comme, par exemple, d'accorder le modeste montant de 700 000 dinars en guise d'aide à la construction individuelle, notamment en milieu rural, pour, au final, exclure de toute autre forme d'accès au logement un célibataire qui en aurait bénéficié pour aider sa propre famille élargie et mal logée. Depuis l'indépendance du pays, l'Etat n'a jamais trouvé la martingale d'une solution durable et satisfaisante. Durant trois décennies, s'agissant du logement social, on a édifié, à tours de bras, des logements locatifs sans penser à un moment ou à un autre, à la promotion de l'accès à la propriété. On a donc construit et distribué en fonction de la seule logique d'allocation et de redistribution. Avec, pour objectif politique suprême, l'achat, quel qu'en soit le prix, de la paix sociale. Pour autant, on n'a pas réglé le problème du logement, comme on n'a pas pu résorber les déficits, encore moins réussi à réguler un marché immobilier dont le jeu de l'offre et de la demande relève rarement de la rationalité économique. Pendant longtemps, l'Etat distribuait le logement social à différentes clientèles, avec pour philosophie de base un égalitarisme social de mauvais aloi, qui ne tient pas compte des inégalités sociales et des disparités de revenus. Dans le même sac du logement social, riches, classes moyennes, pauvres et plus démunis étaient au même étage du nivellement social. Tout le monde était logé à la même enseigne et le riche payait la même chose que le pauvre. Et ne parlons pas alors des critères d'attribution qui n'ont pas existé des années durant ou lorsqu'ils étaient de mise, étaient déterminés par le clientélisme et le népotisme. Depuis, précisément ces vingt dernières années, on a mis un peu d'ordre dans le souk du village en définissant des critères d'attribution. Il en va ainsi, par exemple, du logement locatif public (LPA), réalisé sur fonds budgétaires par des maîtres d'ouvrages délégués que sont les Opgi, les fameux offices de promotion et de gestion immobilière. Ces logements sont destinés, en principe, aux seules personnes dont le niveau de revenus les classe parmi les catégories sociales défavorisées et sans logement ou habitant dans des conditions précaires ou insalubres. Ça, c'est pour l'avers de la médaille qui a nécessairement son revers. Et son revers c'est longtemps durant, l'absence de critères clairs d'attribution et surtout d'un fichier national centralisé pour gérer la demande et juguler la fraude, sport national banalisé. C'est ainsi que le flou a favorisé la gestion népotique de la distribution, ce qui a transformé le logement, quelle que soit la forme d'accession, en nitroglycérine sociale. Et c'est alors que le pays fut secoué par des émeutes de logement cycliques, devenues un indicateur social de la malvie algérienne. Et on a bien vu à quel point les listes d'attribution provoquaient de la tension sociale, fonctionnant comme une source de discorde à l'échelon local ou régional, quand ce n'est pas la capitale qui était elle-même secouée par des scènes de protestation parfois violentes. Les listes étaient tellement contestées qu'il a fallu parfois faire appel à l'irrationnel religieux en mobilisant des imams appelés à invoquer Dieu pour réduire une contestation redoutée car source de conflits récurrents. L'expérience aidant, il y a eu ensuite du mieux puisqu'on a fini par définir ces dernières années des critères d'attribution et d'accès aux différentes formules de logement. Et, avec l'élaboration d'un fichier informatique on a pu réduire sensiblement le champ de la fraude et géré un peu mieux le mécontentement à travers la mise en place, aux niveaux national et local, de commissions de recours qui ont appris à travailler aussi vite que possible. Et, surtout, en traitant avec un peu plus de célérité les demandes au niveau des organismes concernés. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres car les déficits sont encore loin d'être résorbés et on ne distribue pas assez vite, c'est-à-dire que les délais ne sont pas encore assez écourtés. Plus de 230 000 logements sont encore à distribuer et l'Etat doit construire encore quelques 800 000 logements à l'horizon 2018. Fort heureusement, on est encore à l'ère de l'Etat-providence qui distribue gratuitement le logement ou à des conditions très avantageuses. Un Etat qui puise toujours dans la corne d'abondance de la rente pétrolière. Mais qu'en serait-il demain quand les puits de Hassi Messaoud et Hassi Rmel arriveraient à épuisement ' Là, on serait vraiment tous mal logés !N. K.


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