Une nouvelle explosion et un incendie à la centrale nucléaire de
Fukushima 1, hier, ont davantage aggravé la crise nucléaire au Japon. La
succession d'accidents depuis le séisme de vendredi et l'enchaînement des
avaries nourrissent de vives craintes d'une contamination radioactive au Japon,
ainsi que dans les pays voisins comme la Russie ou la Chine. Néanmoins les
autorités japonaises ont affirmé hier que la radioactivité n'atteignait un
niveau dangereux pour la santé que sur le site même de la centrale, autour des
quatre réacteurs endommagés. Cependant, et contredisant ces déclarations, le
ministre japonais des Affaires étrangères, Takeaki Matsumoto, a annoncé que le
niveau des radiations consécutif à l'incendie du réacteur 4 de la centrale
nucléaire de Fukushima 1 « pourrait être dommageable à la santé » des
populations. « Le réacteur numéro 4 a connu un incendie, il y a de la
radioactivité qui pourrait être dommageable à la santé des personnes », a
déclaré M. Matsumoto au cours d'une conférence de presse à l'issue d'une
réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 à Paris.
« En ce qui concerne le réacteur 3, nous sommes en train d'injecter de
l'eau pour le refroidissement et nous avons dit aux habitants dans un rayon de
20 km d'évacuer et ceux qui habitent dans un rayon de 30 km de rester chez eux
», a poursuivi le ministre. «Pour l'instant, nous avons demandé à l'AIEA de
nous envoyer une équipe technique », a-t-il également rappelé. L'AIEA a
confirmé que des substances radioactives avaient été libérées directement dans
l'atmosphère à la suite de l'incendie du réacteur 4. Selon l'AFP qui cite le
porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, seuls 50 des 800 employés de la
centrale ont été maintenus sur le site, situé à 250 km au nord-est de Tokyo.
Par précaution, le Premier ministre Naoto Kan a élargi la zone de sécurité
autour de la centrale en appelant les personnes habitant dans un rayon de 30
kilomètres à rester calfeutrées. Ces mesures s'ajoutent à l'évacuation,
ordonnée samedi, des plus de 200.000 personnes habitant à proximité de cette
centrale située dans le nord-est, sur la côte de l'océan Pacifique.
En revanche, les 35 millions d'habitants de l'agglomération de Tokyo, la
plus importante au monde, n'ont pas besoin de prendre des précautions
particulières, selon le gouvernement. La tension est cependant montée dans la
capitale lorsque le taux de radioactivité a légèrement dépassé la normale à la
mi-journée, avant de redescendre dans l'après-midi. Poussés par le vent, ces
rejets radioactifs sont consécutifs à l'explosion d'hydrogène qui s'est
produite à l'aube dans le bâtiment qui abrite le réacteur 2. Une autre
explosion a déclenché un incendie dans le réacteur 4, qui était à l'arrêt pour
maintenance lorsque le séisme s'est produit. Une hausse de la température a été
relevée dans les deux autres réacteurs, 5 et 6, hier après-midi. Le
gouvernement a affirmé exclure « la possibilité d'un Tchernobyl ». L'accident
de Fukushima pourrait être le deuxième le plus grave puisqu'il atteindrait un
niveau de gravité 6 sur l'échelle internationale des événements nucléaires et
radiologiques, qui en compte 7, selon le président de l'Autorité française de
sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste cité par l'AFP. Le chef de la
diplomatie française, Alain Juppé, a estimé que « la situation est extrêmement
grave (...) Le risque est extrêmement élevé ». Les ministres du G8 ont, à
l'issue d'une réunion à Paris, indiqué qu'ils sont prêts à fournir au Japon
toute l'assistance nécessaire pour faire face aux conséquences de cette
catastrophe. De nombreux pays étrangers ont déconseillé les voyages au Japon et
recommandé à leurs ressortissants expatriés à Tokyo de partir vers le sud de
l'archipel ou à l'étranger.
Pour le moment, les vents ont été
globalement plutôt favorables mais, en Chine comme en Californie, on scrute
avec anxiété les prévisions météorologiques pour tenter d'évaluer le risque de
se trouver sur la trajectoire des rejets radioactifs de la centrale japonaise
de Fukushima. Aux Etats-Unis, certains experts ont avancé que la radioactivité
pourrait atteindre le territoire américain, en faisant référence au jet-stream,
un courant d'air très rapide soufflant d'ouest en est. Une crainte balayée par
les autorités qui estiment qu'à ce stade, le pays ne risque pas grand-chose.
La situation au Japon a redonné de la voix aux antinucléaires, notamment
en Allemagne, où la chancelière Angela Merkel a annoncé la fermeture pour trois
mois des sept réacteurs les plus anciens. Compteurs Geiger, pastilles d'iode,
dans une Allemagne majoritairement hostile au nucléaire d'aucuns se préparent
au pire après les explosions dans la centrale nucléaire japonaise. Les pays de
l'Union européenne étaient réunis hier à Bruxelles pour débattre de
l'organisation éventuelle de tests de résistance de ses centrales nucléaires à
la suite des accidents au Japon, pour vérifier si elles sont en mesure de
résister à des catastrophes du même type. Des responsables gouvernementaux des
différents pays de l'UE, des autorités nationales européennes de sûreté
nucléaire et des représentants de l'industrie du secteur se sont réunis pour un
échange d'informations sur le sujet. L'Union européenne compte au total 153
réacteurs, dont 58 en France.
La panique qui a touché la Bourse de Tokyo hier, alors que la crise
nucléaire au Japon ne cesse de s'aggraver, a gagné les places européennes, puis
Wall Street, toutes en très forte chute. Au terme d'une des pires journées de
son histoire, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo s'est effondré de 10,55%, à
la clôture, la troisième plus importante chute depuis sa création il y a plus
d'un demi-siècle. L'impact ne s'est pas fait attendre en Europe, toutes les
Bourses européennes ayant démarré sur une sévère baisse, qui n'a eu de cesse de
s'accentuer par la suite.
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Posté Le : 16/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel B & Agences
Source : www.lequotidien-oran.com