Publié le 21.01.2024 dans le Quotidien l’Expression
En pleine mutation économique et industrielle, nous ne pouvons nous permettre le luxe de faire des ratages.
De plus en plus de start-up sont portées sur des financements offshore
De plus en plus de start-up algériennes arrivent à lever des fonds importants, à l'extérieur du pays et à réussir des challenges immenses. Profitant d'un écosystème international favorable, les start-up algériennes excellent à l'étranger. Récemment, une polémique avait pris acte au sein des milieux professionnels et des experts économistes et financiers autour d'un nouveau classement mondial sur les start-up, lésant l'Algérie eu égard aux efforts et aux dispositifs mis en place dans ce domaine. Bien que les avis restent partagés, il n'en demeure pas moins qu'une certitude reste ancrée dans les esprits et les avis. Nous n'avons pas assez travaillé, ni étudié de près l'écosystème national, par rapport aux financements des start-up. Tout récemment, le gouvernement avait opté pour la solution du «Crowdfunding» ou le financement participatif, à travers la légalisation de ce type de financement pour permettre la mise en relation entre investisseurs et start-up. Mais, pour le moment, le dispositif ne semble pas susciter d'enthousiasme outre mesure. Pourtant, elles sont de plus en plus de start-up qui sont portées sur des financements offshore et elles le réussissent instantanément. En plus de la prestigieuse entreprise algérienne Yassir, il existe un nombre intéressant de jeunes start-up algériennes, qui arrivent à séduire et à convaincre les investisseurs étrangers, en vue d'effectuer des levées de fonds importantes. Pour rappel, Yassir avait bénéficié d'une levée de fonds de 150 millions de dollars en 2022 et une cotation en Bourse aux États-Unis. Depuis, la jeune start-up continue de se développer et de s'éclater en filiales spécialisées dans différentes domaines, en dehors du VTC. Mais Yassir n'est pas un cas d'école en la matière. D'autres start-up algériennes à 100%, ont pu développer un potentiel ici en Algérie, pour aller se développer davantage ailleurs. Il s'agit de l'illustre Temtem One, qui a réussi à connaître une évolution fulgurante, allant jusqu'à formuler une levée de fonds de 4 millions de dollars en 2019. Datategy, une jeune start-up spécialisée dans les solutions IA, a également effectué une levée de fonds de près de 3,5 millions de dollars. Idem pour Data impact qui a mobilisé 8 millions de dollars, dans une opération de levée de fonds assez particulière. Fondée en 2020, Goubba une belle start-up algérienne, a levé un fonds de plus d'un million de dollars. Namla en France et Bridgr au Canada ont réussi, respectivement, à mobiliser 1,2 million d'euros et 1,6 million de dollars. Quant à Lablabee, une jeune start-up de l'ouest du pays, a réussi une levée de fonds de pas moins de 1,4 million d'euros. Fentech, «une start-up 100% dz» appartenant aux frères Djerrab à l'est du pays, a également réussi un tour de table, en raflant une levée de fonds de 1,2 million d'euros. Ces jeunes start-up ne sont pas les seules à exceller dans ce domaine. En fait, il y a deux éléments importants dans ce cadre qu'il faudra longtemps méditer par les responsables du secteur, à savoir l'émergence depuis plusieurs années, de jeunes entreprises spécialisées dans l'intelligence artificielle, les Datas sciences et autres solutions dans les nouvelles technologies. Ensuite, ces succès technologiques et professionnels de ces génies algériens, ont abouti à d'autres réussites, notamment les appels de fonds qui interviennent, à points nommés, pour appuyer les perspectives de développement et d'évolution dans le marché mondial. Selon des spécialistes en économie des start-up, l'Algérie devra encore fournir davantage d'efforts et de solutions, en vue d'améliorer l'écosystème actuel des start-up. Ça, au final, comment expliquer que le financement des start-up pose toujours problème en Algérie? En dehors du fonds des start-up (ASF), destiné à financer les projets formulés, il n'existe aucun autre cadre susceptible de favoriser des financements substantiels ou des partenariats significatifs. Pour le moment, l'écosystème actuel en Algérie ne permet pas une éclosion de jeunes start-up ou même un développement du potentiel existant. Au lendemain de la création de ce ministère dédié aux start-up en Algérie, d'aucuns avaient misé sur des financements publics, rejetant même l'idée de voir émerger des formules engageant l'investissement privé national ou même étranger. Que de temps perdu depuis, car aujourd'hui, le privé national n'arrive pas à concevoir ces opportunités d'investissements, qui font le bonheur des consortiums étrangers, friands de ces types de start-up. Comment aboutir à impliquer davantage les investisseurs privés dans ces opportunités d'affaires? Et comment combler ce manque ou ce défaut de visibilité chez les jeunes start-up auprès des hommes d'affaires algériens, qui n'arrivent pas à franchir le pas du financement de ces projets porteurs? Pourtant, tout est à faire en Algérie. L'industrie 5.0 est aux portes, alors que l'industrie algérienne n'a pas encore franchi le seuil de l'industrie 3.0, de l'avis même des patrons de la confédération des industriels algériens (Cipa). Un déséquilibre flagrant que les responsables du secteur se doivent de traiter plus rapidement, car les compétences ont tendance à prendre des ailes, au moment où l'Algérie en a grandement besoin. En pleine révolution industrielle, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de rater cette conjoncture, surtout en matière d'économie du savoir et des nouvelles technologies, qui doivent accompagner cette étape cruciale dans l'histoire de l'Algérie. L'université pourrait être une partie de la solution, en attendant de trouver la formule idoine.
Mohamed OUANEZAR
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 21/01/2024
Posté par : rachids